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CANNES 2019

Le cinéma français veut faire payer les plateformes

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- CANNES 2019 : Le CNC et la SACD ont organisé un colloque sur l'impact de l'arrivée des plateformes dans le cinéma français. Du beau monde à la table, mais pas les principaux visés, Netflix et Amazon

Le cinéma français veut faire payer les plateformes
(© CNC/Eric Bonté)

Depuis cinq ans, c'est un nouveau rituel cannois : un débat sur la menace que font peser les plateformes sur le cinéma français. La plage du CNC au 72e Festival de Cannes a accueilli dimanche 19 mai un colloque avec la SACD sur cet impact.

Ni Netflix ni Amazon n'ont, cette année encore, daigné s'y rendre. C'est donc entre Français qu'a été évoquée la déflagration que provoque ces nouveaux arrivants sur le système de soutien. Comme toujours, la première réponse est la taxation. Le matin même, Franck Riester, ministre de la culture, annonçait sur la Croisette que la prochaine loi de finances appliquerait à tous les diffuseurs opérant en France une taxation à hauteur de 5,5% de leur chiffre d'affaires (au lieu de 2% aujourd'hui pour les plateformes), assurant ainsi un rééquilibrage des règles entre "historiques" et nouveaux entrants, même basés à l'étranger. Tous ont salué cette initiative citée par Pascal Rogard, délégué général de la SACD qui animait le débat. La députée Emilie Cariou, vice-présidente de la Commission des finances de l'Assemblée nationale précisait que "le manque à gagner de tous les acteurs internationaux (dont les opérateurs audiovisuels) présents sur le marché européen correspond à 1000 milliards d'euros d'impôts à récupérer. Les taxes seront au même niveau tout comme les plateformes sont au même niveau en ce qui concerne les usages des téléspectateurs." Comme l'illustrent les chiffres cités par Olivier Henrard, directeur général du CNC, la progression est rapide : "En 2018 le marché de la VàD à l'achat et par abonnement a progressé de 40% et représente plus de 600 millions d'euros. Pourtant les investissements des plateformes dans la création française restent faibles : 35 millions d'euros en 2018 à comparer au milliard d'euros des autres diffuseurs historiques français... Sans compter que les films français représentent seulement 22% de l'offre et 13% de la consommation des plateformes américaines."

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Autre réponse française, un fonds public d'investissement en capital destiné aux industries culturelles et créatives doté de 225 millions d'euros a été annoncé par le Ministre de la Culture. Selon Dominique Boutonnat, auteur d'un rapport récent sur le développement du financement privé pour le cinéma, une centaine de millions d'euros pourraient être réservés à ce secteur : "C'est un acte politique de mieux structurer les actifs de nos producteurs indépendants. Nous devons nous focaliser sur la bataille des contenus et des œuvres." Pour Maxime Saada, président de Canal+, il y a deux solutions : "la contrainte via la fiscalité et le CNC, mais aussi une chronologie des médias favorable quand les plateformes participeront à la création à hauteur de Ciné+, soit un euro par mois et par abonné."

En tant que seul réalisateur présent (et ancien président d'Unifrance), Jean-Paul Salomé a conclu en précisant que les plateformes avaient tout de même un avantage pour le cinéma français : "leur pénétration à l'international, dans certains pays où les salles de cinéma sont rares, ou pour les territoires non vendus. Récemment Le Chant du loup [+lire aussi :
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d’Antonin Baudry a été acheté par Netflix sur un certain nombre de territoires. Des films peuvent donc à la fois garder leur valeur en salle et gagner de l'argent grâce à Netflix." L'achat par Amazon des Misérables [+lire aussi :
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de Ladj Ly (pour les Etats-Unis exclusivement) pour la coquette somme d'1,5 millions d'euros en est une jolie preuve.

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