email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

GIJÓN 2018

Critique : Cantares de una revolución

par 

- Le réalisateur asturien Ramón Lluís Bande rend hommage à la révolte prolétaire de 1934 à travers les chansons populaires qui lui ont été dédiées, principalement interprétées par Nacho Vegas

Critique : Cantares de una revolución
Nacho Vegas dans Cantares de una revolución

Les autochtones assistant au 56e Festival internacional du cinéma de Gijón ont pu applaudir hier, en avant-première mondiale, dans le majestueux théâtre Jovellanos de la belle ville asturienne, Cantares de una revolución [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le nouveau film du toujours politique et revendicatif Ramón Lluís Bande (El nome de los árboles [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
). Lors de la présentation du film, le réalisateur l'a qualifié de musical, car il s'articule autour de l'héritage sonore populaire né des révoltes ouvrières survenues dans les Asturies en 1934 pour défendre les valeurs républicaines face au fascisme naissant. Cet héritage est ici réinterprété par un chœur et par le musicien Nacho Vegas.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Si, dans la majorité des films musicaux, les chansons sont accompagnées de chorégraphies qui rendent le spectacle plus dynamique, dans Canciones de una revolución, il n'y a presque aucun mouvement : la caméra saisit les interventions des chanteurs et orateurs en plan fixe, face à eux, parfois de derrière ou de biais, de manière à se mettre totalement au service de la musique et des paroles (la majorité étant en castillan, quoiqu'on trouve ici quelques chansons en dialecte asturien) et des harangues politiques. Ce n'est pas pour autant un film typique en son genre, mais une oeuvre qui défend, à travers les airs et les textes, les valeurs démocratiques de l'idéologie socialiste face aux avancées menaçantes de l'extrême-droite, celles qu'on constate aussi actuellement, comme à l'époque de la guerre civile espagnole, au siècle passé.

Le film est constitué de plusieurs segments séparés par des cartons où apparaissent sur fond rouge des mots inscrits en noir, citations des grands protagonistes du mouvement révolutionnaire, comme Belarmino Tomás et Aída de la Fuente. Bande a placé les interprètes actuels des chansons et les vétérans du militantisme syndical régional qui interviennent ici dans les lieux de la révolte, et de la répression qui a suivi, comme l'Université ou la prison modèle d'Oviedo. Quelques photographies d'époque (en noir et blanc, forcément) sont intercalées en silence entre les interventions musicales de Vegas et du chœur, pour illustrer le récit mais aussi transporter le spectateur dans ce moment historique dont parle le film. Le son, enregistré en prise directe, permet de retrouver l'âme de ces endroits qui ont été le théâtre de cette lutte menée par des mineurs, des jeunes et des montagnards.

Au-delà de cela, Cantares... s'érige en instrument de mémoire historique nécessaire – quoique sa rigidité formelle et son approche narrative risquée pourraient sembler monotone pour le public en quête d'un spectacle cinématographique dépassant la collection d'images, de musiques et de textes. À travers ces derniers, le film tente de raconter la vérité et d'invalider ainsi les mensonges officiels qui ont été imposés par le pouvoir en place à bien des moments de l'Histoire, non seulement en Espagne mais dans de nombreux autres pays.

Cantares de una revolución est produit et distribué par De la Piedra Producciones. Après son passage à Gijón, il va rallier la 8e édition du Festival Márgenes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy