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STOCKHOLM 2018

Critique : X&Y

par 

- Le deuxième film de la Suédoise Anna Odell propose une virée stimulante quelque part entre le sublime et le ridicule

Critique : X&Y

“Je veux enquêter sur l'identité et sur ce que cela signifie d'être humain. En tant qu'artiste, avec Mikael Persbrandt, l'acteur, je vais vivre dans un studio sur plusieurs lapses de temps. […] Mikael et moi allons choisir des acteurs, des alter ego, qui vont interpréter différentes facettes de nous. […] Mikael et moi allons voir un psychologue pour analyser le déroulement de l'expérience. Ce travail est censé aboutir sur un long-métrage. […] Ce qui est formidable, c'est que personne en dehors des gens participant au projet ne saura ce qui est réalité et ce qui fiction".

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Quand Anna Odell présente son deuxième long-métrage, X&Y [+lire aussi :
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, qui a fait son avant-première en compétition au Festival de Stockholm, elle définit aussi, assez parfaitement, à quelle catégorie de réalisateurs elle appartient : elle est avant tout une diplômée d'école d'art qui utilise parfois le médium cinéma comme forme d'expression. Ceux qui s'attendaient à autre chose (de plus proche du cinéma "conventionnel") vont devoir y repenser à deux fois.

En tant que réalisatrice, Odell a de bons instincts : son premier film, The Reunion [+lire aussi :
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, était un intrigant récit autobiographique sur l'éducation tourmentée d'une petite fille qu'on malmène à l'école et qui devient, une fois grande, diplômée d'école d'art. Le film a fonctionné, y compris auprès des spectateurs "conventionnels", qui s'en sont remis à l'artiste et se sont laissé guider à travers son projet artistique – qui était une exploration des structures du pouvoir. Peut-être était-ce l'universalité du thème abordé qui leur a plu, mais il est certain que la présence d'Odell en personne dans le film a joué – elle est même devenue une sorte de star. Elle est ce genre de personne rare appartenant au monde de l'art qui enjambe les frontières entre les domaines, et rien que pour cela, il faut la chérir.

Le charisme d'Odell saute également aux yeux dans X&Y, où elle s'est entourée d'une troupe nordique d'exception composée de Jens Albinus (Les Idiots, Le Direktør [+lire aussi :
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), Trine Dyrholm (La Communauté [+lire aussi :
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), Sofie Gråbøl (The Killing), Thure Lindhardt (The Bridge), Shanti Roney (Together [+lire aussi :
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) et Vera Vitali (Involuntary [+lire aussi :
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, Blind [+lire aussi :
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) jouent tous les alter ego, et Per Ragnar (Morse [+lire aussi :
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) et Ville Virtanen (Beyond [+lire aussi :
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) les psychologues. Et bien sûr, on a Mikael Persbrandt, le bel homme du film noir suédois, dans le rôle du téméraire partenaire de combat d'Odell. Le jeu peut commencer.

Ces jeux sont sexuels. "Je veux faire une scène où il me pénètre, et une où je le pénètre" (avec un gode-ceinture), dit Odell à ses producteurs sidérés. Quand l'acteur reconnaît qu'il se vit comme un coyote, elle coud une drôle de combinaison body avec de la fourrure sur le dos et une tête de loup en guise de de capuche. Vêtue de cet habit, elle décide de le séduire. Le projet se met vite à incorporer une grossesse de "bébé artistique" – ce qui renvoie à une conception du projet par deux personnalités artistiques. La troupe et les techniciens attendent impatiemment un scénario. Odell continue de repousser les délais.

Dans X&Y, elle ne prend pas le spectateur par la main : on est seul, et probablement aussi frustré que Trine Dyrholm quand elle aboie : "Y a-t-il des adultes dans cette production ?". Si on vainc la frustration, on peut aussi apprécier cette virée qui se situe quelque part entre le sublime et le ridicule. C'est le cas de la réalisatrice. "C'est un vrai film d'art", professe-t-elle, ce qui exaspère encore davantage Dyrholm.

X&Y est une coproduction entre la Suède et le Danemark qui a réuni les efforts de B-Reel Films, Fasad ABFilm i VästSveriges Television AB - SVT et Nimbus Film. Les ventes internationales du film sont assurées par l'agence danoise New Europe Film Sales.

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(Traduit de l'anglais)

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