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DOK LEIPZIG 2018

Critique : Meeting Gorbachev

par 

- Ce portrait de Gorbachev par Werner Herzog qui suscitait tant d’impatience n’est pas son meilleur travail, mais il y a plusieurs causes à cela, notamment la dégradation mentale de son sujet

Critique : Meeting Gorbachev

Meeting Gorbachev [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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, le nouveau film de Werner Herzog et son collaborateur de longue date André Singer, a fait son avant-première européenne en ouverture de DOK Leipzig, et il est également au programme du Festival international du documentaire de Jihlava.

Herzog commence le film dans le style dramatique qu'on lui connaît, en disant à Gorbatchev qui est assis face à lui : "Je suis allemand, or le premier Allemand que vous avez rencontré voulait probablement vous tuer". Il se réfère au fait que Mikhail Sergeïevich était adolescent pendant la Seconde Guerre mondiale, mais Gorbatchev lui raconte en réponse l'histoire d'une gentille famille allemande qui habitait dans son village natal.

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Dès ce moment, on comprend que le sujet du film n'est pas dans une condition mentale formidable, à 87 ans. Au fil du documentaire, son regard pétille par moments, mais on perçoit facilement qu'il n'est plus la personne qui a fait s'écrouler le Rideau de fer, avec Kohl et Bush et qui, avec Reagan, a lancé le processus de désarmement nucléaire qui a permis de mettre fin à la Guerre froide. 

Cela dit, dans sa manière d'éluder les questions les plus délicates auxquelles se risque Herzog, on retrouve le maître de la diplomatie qu'il était auparavant. Parfois, il refuse de participer complètement à la démarche du réalisateur, qui semble presque l'idolâtrer comme figure politique. Qu'on ne s'y trompe pas cependant : Herzog n'est pas Oliver Stone, pas plus que Gorbatchev n'est Poutine. Le maestro allemand du documentaire a des atouts dans son jeu et son sujet, malgré sa sénilité avancée, est aussi dur à cerner que quand il était dans la force de l'âge.

Après avoir décrit l'enfance de Gorbatchev et son ascension rapide au sein du Parti communiste, le cinéaste joue sur le terrain qu'il connaît, abordant la politique avec un mélange de pathos et d'humour noir qui est probablement le meilleur aspect du film. Quand Brejnev meurt en 1982, il est remplacé par le mentor de Gorbatchev, Iouri Andropov, mais après un an seulement, Konstantin Tchernenko lui succède, bien qu'il soit malade et en phase terminale. Herzog survole les trois Secrétaires généraux à travers un montage rapide d'images de leurs grandioses enterrements, tous identiques, avec au centre le cercueil noir et rouge traversant la Place Rouge comme une pièce-montée morbide suivie par un peloton de soldats s'efforçant de marcher lentement au rythme de la Marche funèbre de Chopin, le tout entouré d'un foule de citoyens et des gros bonnets du parti.

Ceux qui décrivent le mieux l'héritage de Gorbatchev sont ses contemporains : l'intelligent premier ministre hongrois Miklós Németh, l'habile Lech Wałęsa et Horst Teltschik, le conseiller de Kohl en matière de sûreté nationale, un homme d'une sagacité et d'une précision incroyables qui est sans doute celui qui exprime les idées les plus honnêtes et finement observées. 

Herzog n'arrivant jamais vraiment à faire exprimer des émotions à son sujet, il a emprunté au documentaire Gorbachev: After Empire de Vitaly Mansky (2001), où le grand homme d'État verse une larme en évoquant la mort de sa chère femme Raisa.

Puisque le sujet n'est plus en mesure de faire honneur à son propre personnage, pourquoi lui consacrer un film ? La réponse est simple : l'antenne allemande MDR a commandé à Singer Meeting Gorbachev, et le producteur a senti le besoin de faire appel, pour se confronter au géant de la politique mondiale, à son équivalent dans le domaine du documentaire. Hélas, l'un comme l'autre déçoivent les attentes. 

Meeting Gorbachev est une coproduction entre l'Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis guidée par Spring FilmsWerner Herzog Filmproduktion et MDR. Les ventes internationales du film sont assurées par la société new-yorkaise A&E Networks.

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(Traduit de l'anglais)

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