email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

ASTRA 2018

Critique : Ink of Yam

par 

- Le réalisateur allemand Tom Fröhlich aborde la situation compliquée de Jérusalem sous un angle nouveau et pertinent

Critique : Ink of Yam

Le réalisateur allemand Tom Fröhlich adopte dans son premier long-métrage documentaire, Ink of Yam [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, gagnant du Prix du meilleur documentaire réalisé en école de cinéma (lire l'article) de la 25e édition du Festival Astra (15-21 octobre, Sibiu), une position catégorique : "le gouvernement, ce n'est pas les gens". Le documentaire, tourné dans une boutique de tatouage à Jérusalem, suit les interactions entre les deux tatoueurs qui travaillent là et leurs clients, qui sont de différentes religions et de différents milieux, ce qui forme un tableau significatif, peut-être même plus pertinent et intéressant que n'importe quelle couverture par les médias de la situation politique et de la situation de Jérusalem en Israël.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

"Boum, silence, sirène, cris" : quatre mots qui décrivent la réalité difficile de Jérusalem, une ville avec une histoire compliquée dont les habitants, qu'ils soient musulmans, juifs ou chrétiens, sont tous les victimes d'un conflit qui n'en finit pas, nourri par les autorités israéliennes. Dans ces quatre mots, le tatoueur Daniel Bulitchev, né à Leningrad mais à présent installé à Jérusalem, distille à la fois la peur et l'insatisfaction qu'il ressent par rapport à la réalité dangereuse de cette ville. Sa voix est accompagnée par celle de Poko Haim, son collègue plus taciturne, et celles de plusieurs clients, donc chacun a quelque chose à dire sur ce que la ville, sa religion et le conflit signifient pour lui.

En choisissant un studio de tatouage comme décor, Fröhlich parvient seulement à recevoir des témoignages personnels (et très probablement sincères) de la part des individus que sa caméra observe, mais aussi à parler d'une certaine philosophie du changement, de l'idée de devenir quelque chose d'autre. C'est un angle intéressant sur l'idée de contrôler sa vie (quand une bombe peut y mettre fin à n'importe quel moment, est-ce qu'un tatouage peut vraiment donner l'impression de contrôler la situation ou d'être en sécurité ?), mais aussi sur la douleur et les contradictions que représente le fait d'être un habitant de Jérusalem.

Territoire, contrôle, histoire, souffrance, danger, stabilité et appartenance sont des thèmes qui reviennent dans les conversations qui se tiennent ici, en hébreu, en arabe et en anglais. Pour un public qui ne connaît Jérusalem et Israël qu'à travers ce qu'en disent les médias, qui se concentrent sur les déclarations belliqueuses des décideurs locaux, le film va au-delà du rideau de fumée et nous montre le citoyen lambda dans un panorama très différent d'espoir et de peur. Les différences entre ce que pensent les Israéliens et ce que fait leur gouvernement peuvent aisément être extrapolées à d'autres positions extrêmes adoptées par différents leaders mondiaux. Est-ce que leurs peuples partagent leurs positions ? Probablement pas.

La conversation avec un ancien adepte des jeux de hasard qui se fait tatouer un Joket à l'intérieur du bras peut sembler trop longue, mais elle contient une solution sur la manière de mettre fin à une situation indéniablement destructrice. L'homme n'est peut-être pas conscient des similarités entre son addiction et l'obstination d'Israël à s'investir dans le conflit en cours, mais le réalisateur a choisi sa confession justement pour sa philosophie, qui consiste à mettre fin à une réalité qui lui faisait mal. Des plans magnifiques sur Jérusalem, ses rues et ses vastes paysages dépouillés portent la suggestion évidente que ce que les clients disent dans ce studio de tatouage est sans doute partagé par beaucoup de leurs concitoyens.

Ink of Yam a été produit par l'Université de Darmstadt.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy