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ZURICH 2018

Critique : The Keeper

par 

- Le réalisateur allemand Marcus H Rosenmüller dépeint les malheurs et tribulations du célèbre gardien de but de Manchester Bert Trautmann

Critique : The Keeper
David Kross et Harry Melling dans The Keeper

Dans la grande saga de la plus ancienne compétition du football mondial, l'histoire du gardien de but Bert Trautmann est légendaire. À une époque où les remplaçants n'étaient pas autorisés à entrer sur le terrain (ce qui n'est curieusement pas expliqué dans le film aux non-spécialistes du ballon rond), durant la finale de la Coupe d'Angleterre 1956, au stade de Wembley, le gardien de but de Manchester City Bert Trautmann a continué à jouer jusqu'au coup de sifflet final bien qu'il se soit brisé le cou. De tels événements génèrent des films entiers sur ce genre de gestes, et tel est le cas de The Keeper [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Marcus H. Rosenmüller
fiche film
]
(Trautmann), dévoilé en séance de gala au Festival de Zurich

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Mais ce que ce drame mis en scène par le cinéaste allemand Marcus H. Rosenmüller (Grave Decisions [+lire aussi :
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) nous révèle surtout, c'est que jouer cette finale avec le cou brisé n'est pas le détail le plus héroïque de la vie extraordinaire de Trautmann (interprété par David Kross). En effet, prisonnier de guerre nazi lors du conflit mondial, il subit ensuite des années d'attaques xénophobes car il fut le premier footballeur allemand à jouer dans des équipes britanniques. Après la Seconde Guerre mondiale, il dut convaincre ses coéquipiers, ses fans et la communauté juive de Manchester de son droit de jouer au football et du fait que ses activités en tant que soldat ne pouvaient pas à elles seules le définir en tant qu'individu. Le film passe néanmoins rapidement sur ces éléments, car l'intention du réalisateur est de travailler sur un récit romantique galvanisant et non sur un film footballistique. 

Marcus H. Rosenmüller évite ainsi au maximum les scènes de football et il est donc presque impossible pour les acteurs de restituer la tension et la virtuosité de ce sport magnifique. Dans une séquence très bien montée qui retrace rapidement la carrière de joueur du héros, des images d'archives sont méticuleusement fusionnées avec des reconstitutions et dans la dernière ligne droite du récit, le réalisateur fait un très bon usage d'une coupe vers une scène d'hôpital pour expliquer le cou cassé. De manière générale la qualité du montage du film est à souligner avec des éléments de réalisme magique et des sauts dans le temps. En revanche sont beaucoup moins convaincantes certaines scènes complètement inventées comme celle où l'on vient chercher Trautmann au camp de prisonniers de guerre afin qu'il joue pour St Helens ou encore celle où il tombe amoureux de Margaret (Freya Mavor), la fille d'un entraîneur passionné de football (incarné avec humour par John Henshaw). L'histoire d'amour est empesée par trop de guimauve et le mariage traité avec une surcharge romantique, même quand un deuil tragique frappe le couple. A noter qu'il n'y a d'ailleurs aucune mention de la rupture du mariage dans le générique de fin qui précise les dates de décès des personnages.

Cet évitement de la tristesse vient du fait que l'histoire vise un large public et un ton aussi léger que possible, ce qui fait un peu penser à l'atmosphère de la scène de football dans Kes de Ken Loach. Le film est clairement destiné aux familles et ne veut pas se limiter aux aficionados du sport. Et cela fonctionne bien comme divertissement détendant car la vie de Trautmann est tellement extraordinaire qu'elle ne manque pas de produire de l'effet en dépit la mièvrerie du ton. Le film revient aussi avec insistance, à travers des flashbacks, sur un incident survenu pendant la guerre, qui pourrait aujourd'hui être considéré comme un déclencheur de stress post-traumatique, et qui a hanté Trautmann toute sa vie. Dans l'ensemble, The Keeper est un film agréable, comme regarder un match de football de division inférieure: on s'amuse bien parce qu'il y a beaucoup d'actions de but, mais le jeu n'est pas d'une qualité exceptionnelle.

The Keeper est une coproduction entre l'Allemagne et le Royaume-Uni qui a réuni Lieblingsfilm, Zephyr Films, Trautmann Ltd et British Film Company en coproduction avec Square One Entertainment, ARRI Media et ARD/Degeto. Les ventes internationales du film sont gérées par Beta Cinema.

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(Traduit de l'anglais)

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