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BLACK NIGHTS 2017 Compétition Premiers films

Critique : The Marriage

par 

- La Kosovare Blerta Zeqiri dévoile enfin son premier long-métrage, une histoire d’amour d’excellent facture avec un angle LGBT marqué

Critique : The Marriage
Alban Ukaj et Genc Salihu dans The Marriage

Blerta Zeqiri est probablement un des noms du cinéma kosovar les plus connus pour ses courts-métrages, notamment The Return (2012), qui lui a valu des prix à Sundance et Sarajevo. Son nouveau film, The Marriage [+lire aussi :
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, vient de faire son avant-première mondiale dans le cadre de la compétition Premiers Films du Festival Black Nights de Tallinn, et il s’avère que c’est un des premiers longs européens les plus impressionnants de l’année. 

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Dès le début du film, Zeqiri nous montre que la société dans laquelle se situe son récit est pleine de contradictions. Un couple de trentenaires, Bekim (Alban Ukaj) et Anita (Adriana Matoshi), préparent leur mariage. Dans le même temps, ils doivent aussi choisir une cuisine et attendent de savoir si ce qui reste de famille à Anita après la guerre va quitter la Serbie pour revenir au Kosovo. 

Bekim est propriétaire d’un bar. Un soir, alors qu’il y est, avec Anita, il reçoit la visite surprise de son vieil ami Nol (Genc Salihu) de retour de France, où il étudie la musique et cherche à se bâtir une carrière dans la musique. Peu après qu’Anita ait tenté de consoler Nol d’avoir été abandonné par “l’amour de sa vie”, Bekim et elle se lancent dans une dispute grave et irrationnelle dont les raisons sont difficiles à expliquer. 

Après s’être rabibochés, par le truchement d’un procédé narratif amusant, le couple va dîner dans la famille de Bekim. La soirée se passe à merveille, mais soudain, Bekim reçoit un appel l’informant qu’il doit aller chercher Nol au commissariat. Il vient d’être passé à tabac par des extrémistes religieux, et la scène confirme immédiatement la vraie nature de la relation entre les deux hommes. En sortant du commissariat, Bekim amène Nol chez lui, et Zeqiri nous livre une des scènes de sexe gay (et en général) les plus passionnées et mémorables qu’ait proposées dernièrement le cinéma d’auteur, sans pour autant dévoiler quoi que ce soit d’impudique. 

La réalisatrice conclut son film sur le mariage, et ce qui va s’y passer n’est pas du tout ce à quoi on s’attend généralement quand un film se termine sur un mariage, bien au contraire, et il convient de féliciter Zeqiri de sa témérité et sa capacité à raconter ce qui est globalement une histoire d’amour universelle dans ce contexte très particulier.

Par ailleurs, elle dépeint trois héros qui sont vraiment des êtres de chair et de sang, dans une situation absolument réaliste. Manifestement, la réalisatrice savait très précisément ce qu’elle voulait et comment elle voulait l’obtenir : elle le fait en usant de flashbacks vraiment bien placés et sans prétentions grâce auxquels on comprend mieux les personnages et leurs relations, d’un épisode où apparaît l’auto-homophobie de Bekim, d’une caméra à l’épaule qui reste près des héros et d’une palette de couleurs vive, parvenant ainsi à nous plonger au coeur de cette histoire très authentique. 

Les acteurs, de leur côté, ne se contentent pas d’être excellents : ils sont inspirés. Ukaj est un des comédiens de théâtre les plus appréciés de sa génération (on l’a vu aussi dans Le Silence de Lorna [+lire aussi :
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des frères Dardenne. Matoshi, déjà couronnée par plusieurs prix, était cette année à Karlovy Vary dans Unwanted [+lire aussi :
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. Salihu, qui est un musicien connu au Kosovo et en Albanie et n’avait jamais fait de cinéma avant, fait preuve avec sa performance d’un talent qui pourrait bien l’emmener dans des directions artistiques nouvelles. 

The Marriage a été coproduit par bézé (Kosovo) et Bunker Film (Albanie). Les ventes internationales du film sont assurées par Wide Management.

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(Traduit de l'anglais)

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