email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

TORONTO 2017 Wavelengths

Le Fort des fous : une histoire de la violence

par 

- TORONTO 2017: La réalisatrice algérienne Narimane Mari a présenté un film en forme d’essai sociopolitique qui évoque la propagation de la violence, du colonialisme des pays européens à la crise économique actuelle

Le Fort des fous : une histoire de la violence

“La paix est un concept réservé à ceux qui se sentent en sécurité,” affirme un des personnages du nouvel opus, très engagé et polémique, de la réalisatrice algérienne Narimane Mari. Comme lors de l’avant-première mondiale du film, début août, à Locarno, cette déclaration (qui n’est qu’une des nombreuses formules rhétoriques belliqueuses qui s’affichent à l’écran pendant le film) a réussi à secouer la conscience pacifiste du public qui était dans la salle pour son avant-première nord-américaine, au Festival de Toronto. Malgré son ton va-t-en-guerre, Le Fort des fous [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
n’a pas pour intention de soumettre le spectateur à un électrochoc émotionnel, mais nous invite plutôt à méditer sur les cycles de violence qui se répètent continuellement, jusqu’à ce jour.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Pour Narimane Mari, la mémoire est un acte de création auquel tout un chacun participe. Faire appel à la mémoire, ce n’est pas seulement se rappeler les faits, mais donner une nouvelle forme aux événements du passé. Ainsi, dans la première partie du film, la réalisatrice propose une réappropriation contemporaine d’une période bien particulière dans cette histoire de la violence : la colonisation française en Afrique du nord. À en croire Mari, se réapproprier l’histoire peut être utile pour raviver les souvenirs. Dans le premier tiers du film, tourné dans le style onirique et antiréaliste qui caractérisait déjà son premier film, Loubia Hamra [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, on découvre un groupe d’adolescents algériens qui se glissent dans la peau de cadets patriotes français – des images que Mari ennoblit et ternit en même temps, selon l’humeur. Le réalisateur alterne des tableaux vivants solennels, où les soldats ressemblent aux personnages d’une peinture de Delacroix, avec des scènes plus comiques où ils semblent danser ou prendre des selfies dans la résidence algérienne jadis occupée par Charles de Gaulle.

Le second et le dernier tiers du Fort des fous nous ramènent au présent – plus précisément à une Grèce divisée qui n’a toujours pas réussi à sortir de la crise économique en 2017. Dans le second chapitre de cette satire sociopolitique, on rencontre les gardiens nomades d’une société utopique, installés sur l’île paradisiaque de Kythira. Ce groupe de visionnaires, cependant, n’existe pas en dehors de l’œuvre de Mari. C’est un autre jeu de miroirs évoquant une réappropriation de la mémoire (et même, en l’occurrence, de l’actualité) qui nous empêche de faire la distinction entre la fiction et la réalité documentaire. En définitive, la scène la plus ouvertement militaire est réservée pour l’épilogue du film, où un antihéros, un activiste grec, nous incite à une levée d’armes pour vaincre la crise économique.

Le Fort des fous a été produit par Allers Retours (Algérie), Centrale électrique (France), Blonde Audiovisual Productions (Grèce), Joon film (Allemagne) et Xenia Film (France).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit par Florian Etcheverry)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy