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FILMS France

Le prix du succès: Liberté fratricide

par 

- Un jeune artiste, nouveau riche des classes populaires, tente d'échapper à l'emprise de ses proches. Un film réussi signé Teddy Lussi-Modeste

Le prix du succès: Liberté fratricide
Tahar Rahim et Roschdy Zem dans Le prix du succès

"La famille, ça inhibe et un jour ou l'autre, ça crée des problèmes." Vieux comme le monde, le sujet des liens du sang et des filets affectifs entravant l'envol individuel a inspiré au cinéaste français Teddy Lussi-Modeste un second long métrage dont l'ingrédient de base s'inscrit dans la lignée du prometteur Jimmy Rivière [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Teddy Lussi-Modeste
fiche film
]
 qui l'avait révélé en 2011. Mais avec Le prix du succès [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Teddy Lussi-Modeste
fiche film
]
, lancé aujourd'hui dans les salles françaises par Ad Vitam et qui fera sa première internationale à Toronto en Special Presentation, le réalisateur franchit avec facilité le cap d'un film plus populaire, porté par d'excellents interprètes à la notoriété déjà bien établie (Tahar RahimRoschdy Zem et Maïwenn), sans pour autant renoncer à l'intelligence du propos. Dosant habilement la comédie et le drame, le film recycle avec une modernité séduisante la thématique universelle des turbulences de l'émancipation de la cellule familiale, tout particulièrement à travers la rupture fratricide, en l'inscrivant dans le contexte très contemporain de l'impact de la richesse tombée du ciel sur une famille prolétaire, par la grâce du talent artistique de l'un de ses membres.

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Cette "poule aux oeufs d'or" qui offre une maison à ses parents, signe des chèques améliorant leur quotidien et celui de ses soeurs, et roule en Ferrari, c'est Brahim (Tahar Rahim, dans un rôle parfait pour lui), une jeune star du stand-up arrivé à un tournant dans sa carrière car il doit maintenant confirmer le succès de son premier spectacle. Surtout, son ascension s'est effectuée en duo avec son frère aîné Mourad (un fantastique Roschdy Zem). Omniprésent ("je suis son frère, son agent, son producteur, son avocat, son chauffeur"), ce dernier n'hésite pas à sortir la matraque avec les fans importuns et à faire le coup de poing avec les détracteurs, et à envahir la vie privée de son petit frère en organisant (sans le prévenir) de grosses fêtes chez lui. Et il opère aussi des investissements et des choix de carrière douteux pour Brahim.

Approché par un agent artistique beaucoup plus professionnel (Grégoire Colin), Brahim hésite néanmoins à rompre le cordon ombilical avec ce frère qu'il aime. Mais son idylle avec sa metteur en scène Linda (une sobre Maïwenn), que sa famille accepte à minima ("on a fait des efforts, c'est pas une femme pour toi") va l'aider à sauter le pas. Un changement très mal vécu ("t'as trahi ta famille pour du fric", "n'oublie pas que si tu as réussi, c'est grâce à moi") par le sanguin Mourad qui réagit avec violence. Une guerre froide fratricide commence alors...

S'appuyant sur un très bon scénario écrit par le réalisateur et Rebecca Zlotowski, Le prix du succès se déploie dans la simplicité et l'efficacité, à un rythme rapide et en jouant des ellipses avec agilité. L'interprétation très solide et la crédibilité de l'univers de ses "nouveaux riches" issus des profondeurs de la banlieue (à noter la présence au casting du rappeur Sultan) permettent au film de tenir parfaitement sa ligne entre réalisme et distanciation, à l'image de son personnage principal qui baigne naturellement dans son milieu d'origine tout en l'observant à la dérobée, et qui cherche à façonner du rire avec de plus sombres réalités, à la frontières entre deux mondes. où parfois, "les ennemis, ce sont ceux qu'on aime le plus". 

Produit par Kazak ProductionsLe prix du succès est vendu à l'international par Indie Sales.

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