email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2016 Hors Compétition

Des nouvelles de la planète Mars : une faille dans le système

par 

- BERLIN 2016 : Dominik Moll recycle avec intelligence et drôlerie son penchant pour les atmosphères anxiogènes dans une comédie décalée brillamment interprétée

Des nouvelles de la planète Mars : une faille dans le système
François Damiens dans Des nouvelles de la planète Mars

Très à l'aise dans les univers inquiétants, Dominik Moll est également un cinéaste aimant explorer de nouveaux terrains de jeux. Après le thriller psychologique plus ou moins irrationnel (Harry, un ami qui vous veut du bien et Lemming [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
) et le film d'époque ténébreux (Le Moine [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
), le voilà s'attaquant à une comédie avec Des nouvelles de la planète Mars [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, dévoilé en sélection officielle hors compétition au 66e Festival de Berlin. Et cette incursion dans un genre assez inattendu de la part d'un réalisateur qu'on pensait plutôt amateur de frissons de peur que d'éclats de rire, se révèle une réussite. Car sans sacrifier l'intelligence du contenu et un regard acéré sur l'état du monde occidental (le déficit en relations humaines, la solitude des "petits soldats" de l'entreprise, les angoisses environnementales, les difficultés de l'éducation des enfants, l'environnement médiatique anxiogène, etc.), Dominik Moll développe une intrigue très ludique (sur un scénario co-écrit avec Gilles Marchand) et subtilement divertissante autour du sujet classique d'un homme "sérieux" qu'une personnalité chaotique va entrainer dans une succession d'événements à effet cumulatif qui finiront par le transformer en profondeur.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

"Je me sens juste un peu dépassé" confesse Philippe Mars (François Damiens), un banal informaticien quadragénaire, plein de bonnes intentions et père divorcé de deux adolescents que leur mère journaliste lui laisse pour aller couvrir le marathon d'un sommet de crise à  Bruxelles. Au travail, Philippe est contraint de cohabiter dans un vaste open space désert avec Jérôme (Vincent Macaigne), un collègue à l'évidence perturbé qui finit par "péter les plombs" et le blesser par accident (un hachoir vole et lui tranche un bout d'oreille !). Et à la maison, la situation n'est guère plus facile avec ses enfants, Grégoire qui fait une fixation sur l'alimentation végétarienne ("tant qu'on mangera des animaux, il y aura des guerres") et reçoit des SMS hyper scabreux d'une très jeune fille de son école, et Sarah qui est obsédée par le travail scolaire, l'avenir, l'argent et qui envoie son père bienveillant dans les cordes : "tu vis avec des idées du XXe siècle", "tu es un loser", "sur quelle planète tu vis ?".

La faille s'agrandit quand Philippe accepte par bonté d'héberger pour une nuit l'émouvant Jérôme qui s'est échappé de l'hôpital psychiatrique. Débarquent successivement des grenouilles sauvées de la dissection par Grégoire, une femme complètement déjantée (Veerle Baetens) qui ne supporte pas le contact physique et dont Jérôme est tombé amoureux au HP, un chien indésirable, des militants de la cause animale fournissant des explosifs... Le tout sans oublier un vieux voisin gaulliste, les fantômes des parents de Philippe qui lui donnent des conseils de bonheur, et les rêves de cosmonaute en apesanteur que fait le protagoniste... Bref, l'agitation s'empare de la planète de la famille Mars sur une planète Terre qui ne va pas très bien.

Jouant avec gourmandise des variations comiques autour du thème des problèmes de communication (à l'image de la scène symbolique où le père essaye désespérément d'intéresser ses enfants à un film des Marx Brothers), Dominik Moll met en scène une comédie qui respecte le cahier des charges du genre, mais qui fait aussi (avec légèreté et de manière sous-jacente) le portrait de la confrontation karmique d'un homme avec son existence trop raisonnable dans une société crépusculaire un peu détraquée où la notion de progrès pose question. Un tableau semblable à la fine distorsion d'un cauchemar (une sensation amplifiée par le côté très nocturne du film sculpté par le directeur de photographie Jean-François Hensgens) et qui offre des rôles en or à ses excellents interprètes principaux.

Produit par Diaphana (qui le distribuera en France le 9 mars), Des nouvelles de la planète Mars a été coproduit par France 3 Cinéma et par les Belges d'Artémis. Les ventes sont assurées par Memento Films International.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy