email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2015 Semaine de la critique

The Day the Sun Fell donne la parole à l'horreur

par 

- LOCARNO 2015 : Ce film d’Aya Domenig a fait son avant-première mondiale à la Semaine de la critique du Festival de Locarno

The Day the Sun Fell donne la parole à l'horreur

The Day the Sun Fell [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Aya Domenig
fiche film
]
, un premier long-métrage documentaire impressionnant par la réalisatrice nippo-helvétique Aya Domenig, a enthousiasmé le public de la Semaine de la critique du Festival du Film de Locarno.

The Day the Sun Fell retrace la vie de feu le grand-père de la réalisatrice, qui a travaillé de nombreuses années comme médecin à l’hôpital d’Hiroshima. En 1945, le jour tragique de l’explosion de la bombe atomique, son grand-père était là. Il a ainsi été témoin des atrocités les plus inconcevables. Faute de pouvoir demander directement à son grand-père de raconter ce qu’il a vécu mais toujours tenu sous silence, Aya Domenig a tenté de reconstruire son histoire à travers les témoignages de personnes encore en vie qui ont accepté de s'exprimer à coeur ouvert, et de se libérer du poids des souvenirs longtemps tus. 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

La réalisatrice a ainsi rencontré un vieux médecin et une infirmière de la Croix-Rouge qui étaient eux aussi en service au moment du drame et ne se sont jamais remis de cette douleur tellement grande qu'ils l'ont enfermée dans le silence, comme la plupart des gens qui ont vécu l'immense tragédie, qui leur a brisé sinon la santé, au moins le coeur. Certains sont partis, emportant avec eux un lourd secret qui a marqué toute leur vie. D'autres ont décidé de se libérer enfin de ce poids, car pour éviter que l’horreur se reproduise, il faut avoir le courage de la regarder en face, de pénétrer dans ses abîmes et de les montrer à tous ceux qui ne peuvent que l’imaginer. 

À travers les témoignages étonnamment directs et riches des protagonistes du film, Aya Domenig parvient explorer cette part d’ombre avec laquelle son grand-père a toujours vécu, d'abord comme père exemplaire et affectueux soucieux d'user de son silence comme d'un bouclier derrière lequel protéger sa famille, puis avec ses petits-enfants. Si, dans un premier temps, c’est l’ombre du grand-père qui est le moteur du film, la catastrophe nucléaire survenue à Fukushima le 11 mars 2011 fait passer d'un coup The Day the Sun Fell de l’intime à l’universel. Sans jamais être envahissante, la voix de la réalisatrice et ses longs plans contemplatifs donnent le temps à la vérité de s’exprimer, sans brusquerie. Au-delà des mots, il y a les gestes, le regard des personnes interrogées, leurs corps fatigués mais encore prêts à se battre, téméraires presque. Ces corps à eux seuls en disent long sur tout ce qui s’est produit, et sur la force de tout un peuple, au-delà de l’horreur, car la bombe n’a pas seulement lacéré la chair, mais aussi et surtout l'âme de ceux qui ont survécu, et qui ont dû trouver une raison d'aller malgré tout de l'avant. Les images d’archives, jamais voyeuristes, mais d’une simplicité cruelle, épousent les témoignages des protagonistes du film sans les parasiter. 

The Day the Sun Fell ne se veut pas une accusation directe, mais plutôt une enquête obstinée sur tout ce que la bombe n’a pas réussi à détruire : la conscience, la fierté et l'espoir, ce fil ténu mais résistant. L’effroyable ressemblance entre la catastrophe d’Hiroshima et celle de Fukushima nous fait comprendre à quel point il est maintenant nécessaire, vital même, de faire le jour sur les ombres du passé. C’est avec sérénité et détermination qu'Aya Domenig nous souffle cette vérité dans son film, une oeuvre sincère qui se fait le miroir d’un pays blessé qui cherche néanmoins, lentement mais obstinément, à guérir.

The Day the Sun Fell est vendu à l’international par la société zurichoise Look Now!

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy