email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2014 Semaine de la Critique

When Animals Dream : le loup et l’agneau

par 

- CANNES 2014 : Un récit aussi initiatique que fantastique présenté par la Semaine de la Critique. Le seul film de loup-garou toutes sections cannoises confondues

When Animals Dream : le loup et l’agneau

Le cinéma de genre ne manque pas d’exemples lorsqu’il s’agit de refléter de profonds phénomènes humains par le jeu de la métaphore fantastique. C’est résolument la voie qu’emprunte le Danois Jonas Alexander Arnby dans When Animals Dream [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Jonas Alexander Arnby
fiche film
]
, récit initiatique sur la transformation d’une jeune fille ordinaire qui découvre sa lycanthropie comme on passe de l’adolescence à la femme. Ce film découvert à la Semaine de la Critique du 67e Festival de Cannes a tout ce qu’il faut pour rejoindre la nouvelle vague de l’horreur sociale qui balaie le cinéma d’auteur du Nord (Let the Right One In (Morse) [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : John Nordling
interview : Tomas Alfredson
fiche film
]
) au Sud (We Are What We Are). L’intérêt pour ce genre propre qui réconcilie cinéma d’horreur et cinéma d’auteur est confirmé par la perversion du remake américain qui semble, ici aussi, relever de l’évidente prédiction.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Marie (Sonja Suhl, fragile et puissante à la fois) vit dans un petit village de pécheurs sur la côte danoise. Son père (Lars Mikkelsen) s’occupe de sa mère invalide, affligée par un mal mystérieux qui l’a laissée dans un état végétatif. Lorsque Marie commence à travailler à l’usine, elle est confrontée à une bande d’ouvriers qui en font leur souffre douleur à grande répétition de blagues dégradantes et d’humiliations sexuelles. Le corps de Marie est en train de changer et les premiers symptômes de son mal sont réveillés par sa colère. Ses collègues vont bientôt découvrir à leurs dépens qu’ils ont choisi le mauvais loup-garou pour se défouler…

Arnby débute son film avec un générique atmosphérique digne de l’introduction d’une série comme The Walking Dead et il installe d’emblée son récit dans un ailleurs à la fois géographique (quel coin perdu tout de même !) et transgenre, empruntant des ressorts du cinéma horrifique pour miner une installation pour le reste assez conforme à la pratique du cinéma social scandinave. Il prend le temps d’étudier son personnage et en fait surgir les nuances qui paieront dans le dernier acte vengeur. Telle Carrie, Marie n’est pas l’ingénue classique qui se transforme en monstre. Sa condition surnaturelle est déjà présente dans son ADN de jeune fille presque normale et la dernière partie du film qui se déroule après sa transformation n’est finalement qu’un exercice pratique des embryons que le spectateur a pu observer sous le microscope des deux premiers actes.

When Animals Dream est sombre et violent, gore aussi par moments, mais pas plus qu’un morceau de viande saignante qui ajoute au plaisir de la dégustation. Son côté minimaliste accentué par le scénario de Rasmus Birch qui va à l’essentiel ainsi que la froideur ambiante du lieu participent à une impression généralisée de pureté. C’est pour ça que le spectateur est dérangé chaque fois qu’un rustre personnage souille ce linceul (comme les gouttes de sang qui salissaient la neige de Let The Right One In) et qu’il renvoie Marie à son anormalité en même temps qu’il déséquilibre l’écosystème et le film. Cette tension n’est soulagée qu’à partir du moment où elle accepte sa condition, son corps, sa bestialité et ses véritables ennemis qui n’auront qu’à s’en prendre à eux-mêmes pour avoir les premiers creusés la tombe de ce qui restait de tendresse dans ce monde de brutes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy