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LISBON & ESTORIL FILM FESTIVAL 2013

Bad Hair : la peur de tout le reste

par 

- Après avoir gagné le Coquillage d’Or à San Sébastian, la cinéaste vénézuélienne Mariana Rondón amène son portrait de la peur et du combat au Festival du Film de Lisbonne & Estoril

Bad Hair : la peur de tout le reste

Un petit garçon de 9 ans qui commence à voir le monde adulte a un petit problème : il a des “mauvais” cheveux, frisés et bouclés, alors qu’il voudrait qu’ils soient lisses et soyeux, comme ceux d’un chanteur célèbre. C’est de ce point de départ, qui peut paraître un peu bizarre et trivial, que la réalisatrice vénézuélienne Mariana Rondón filme la peur, la distance, la famille et la société – ou du moins ce qu’il en reste – dans Bad Hair [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Mariana Rondón
fiche film
]
, le gagnant inattendu du Coquillage d’Or à San Sébastian (news). Le troisième film de la réalisatrice, une coproduction entre le Venezuela, le Pérou et l’Allemagne (Hanfgarn & Ufer Filmproduktion), qui la place de manière définitive au rang des réalisateurs internationaux à connaître, a été présentée hors compétition au Lisbon & Estoril Film Festival.

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Le regard de Junior (Samuel Lange - photo) est simple : sa chevelure est une excuse pour se trouver beau dans les photos scolaires,  pour faire que sa mère l’aime encore plus, et pour être plus satisfait avec lui-même. Le regard de sa mère (Samantha Castillo) est plus compliqué que ça: pour elle, les souhaits de Junior sont quelque chose de différent par rapport à la “norme”. Entre eux deux, il y a une distance énorme : celle que la société impose aux gens qui sont trop proches. Simple et compliqué à la fois. Alors que les pensées innocentes et naturelles de l’enfant se concentrent sur son désir de rendre sa famille et lui-même heureux, celles de sa mère – une femme célibataire recherchant un emploi avec deux enfants – la rendent certaine qu’il y a un autre problème à résoudre, et pas des moindres.

Autour de Junior et sa mère, Rondón dessine une étrange mais réelle société : dans les banlieues tristes de Caracas, les gens s’agglutinent dans des bâtiments en ruines, où des coups de feu détonnent tous les jours, tout comme les échos de la mégalomanie chaviste. Junior et son amie, avec qui il passe ses journées, vivent dans un monde où les enfants parlent du fait qu’il faut faire attention pour ne pas se faire violer, et se réfugient dans des cultes à la beauté et à la gloire – au travers de la musique à la radio et des concours de beauté – de manière à trouver un monde meilleur.  

Le combat de la mère qui essaye d’effacer quelque chose qui n’est peut être même pas là commence avec son ignorance, ses moyens modestes et son incapacité à accepter quelque chose que la société trouve anormal. La confrontation constante entre elle et son fils force Junior à regarder droit dans les yeux de la cruauté sordide des adultes, ce qui est bien plus douloureux. C’est dans ces distances proches, qui sont plus comme des barrières insurmontables, que la fable de Bad Hair se forme. Elle se poursuit à cause de la peur impitoyable de tout le reste. 

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(Traduit de l'espagnol)

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