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CANNES 2012 Un Certain Regard

Renoir : le père, le fils et la muse

par 

- Art et amour en 1915 pour une jeune femme croisant le peintre Auguste Renoir au crépuscule de sa vie et son fils Jean, futur grand cinéaste.

Un paysage idyllique et verdoyant de la côte d’Azur, un panorama sur la mer à couper le souffle et au fond d’un jardin, un atelier abritant un grand maître de la peinture, somnolent dans un fauteuil roulant, au crépuscule de son existence. Son nom : Auguste Renoir. Nous sommes en 1915 et le vieil homme de 75 ans souffre des atteintes de l’âge qui paralysent peu à peu ses membres. C’est autour de cette figure entrée au panthéon de l’art et interprétée par l’excellent Michel Bouquet, que Gilles Bourdos (découvert à la Quinzaine des réalisateurs 1998) a construit l’intrigue de son 4ème long métrage, justement baptisé Renoir [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Christa Théret
fiche film
]
, qui fera la clôture demain soir de la sélection Un Certain Regard du 65ème Festival de Cannes. Une occasion que ne pouvait pas manquer l'événement majeur du 7ème art mondial puisque le récit, inspiré par des faits réellement advenus, implique également un certain Jean Renoir, devenu ultérieurement un très grand cinéaste.

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L’histoire débute avec l’arrivée dans la villégiature des Renoir d’une "fille de nulle part envoyée par une morte", la femme récemment disparue du peintre. Andrée (une voluptueuse Christa Theret, très à l’aise dans la nudité souvent exigée par son rôle) veut poser pour l’artiste. L’ambition de la jeune femme dont l’angoisse est de descendre au rang de domestique, s’allie avec la motivation retrouvée du peintre qui jette ses dernières forces sur la toile comme pour repousser l’approche de la mort en peignant cette "peau veloutée" ("Les Courtisanes de Titien, si ça ne te donne pas envie de les caresser, c’est que tu n’as pas à compris grand chose à la peinture et à la vie"). Opérant une sorte de retour aux sources de son art ("toute ma vie, je me suis embarrassé de complications, aujourd’hui je simplifie"), Auguste Renoir renonce même à essayer de marcher pour réserver le peu d’énergie qui lui reste à une peinture qu’il envisage comme le travail d’un ouvrier et non d’un artiste.

Mais un autre personnage, de retour blessé du front de la Première Guerre Mondiale, va aussi tomber sous le charme insolent d’Andrée : Jean (Vincent Rottiers), le fils cadet du peintre. Agé de 21 ans, il admire son père tout en essayant d’échapper à sa personnalité et à sa notoriété un peu écrasantes. Et cet été 1915 sera également pour lui la source de choix décisifs pour son avenir. Grâce à l’amour et à la soif de réussite artistique d’Andrée ("il faut tout prendre. Je n’ai pas la patience d’attendre"), Jean promet de se lancer avec elle dans le cinéma après une guerre qu’il va retrouver de son plein gré (au grand dam de sa compagne et de son père), dans un désir inconscient de se libérer de l’influence et de la philosophie paternelles ("ne force pas la destinée, il faut se laisser aller dans la vie comme un bouchon dans le courant du ruisseau").

Au-delà de son intérêt sur le plan de l’histoire de l’art, Renoir se révèle une œuvre plaisante, comme suspendu au soleil d’une nature paradisiaque où la beauté trouve un écrin à sa mesure. Le parti pris discutable de Gilles Bourdos (qui a cosigné le scénario avec Jérôme Tonnerre et en collaboration avec Michel Spinosa) de ne pas rechercher le réalisme social d’époque lui donne néanmoins la liberté de recréer de très beaux tableaux vivants baignés de lumières mordorées. Et si le rythme est parfois un peu trop alangui, l’immense talent de Michel Bouquet fait la différence, l’acteur composant un Auguste Renoir à la hauteur du mythe.

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