email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

FILMS / CRITIQUES

Melancholia

par 

- De retour en compétition officielle au Festival de Cannes, Lars Von Trier y dévoile sa vision de la fin du monde.

De retour en compétition officielle au Festival de Cannes, Lars Von Trier y présente le très attendu Melancholia [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Lars von Trier
fiche film
]
qui n'est ni plus ni moins que sa propre vision de la fin du monde. Kirsten Dunst est Justine, une publicitaire qui souffre de mélancolie chronique et qui est sur le point de se marier dans un château reculé. Le mariage a été minutieusement organisé par sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg) et son riche et cartésien beau-frère (Kiefer Sutherland), mais la cérémonie tourne mal et vire au fiasco. Plus tard, dans le même lieu, Claire accueille à nouveau Justine qui a sombré dans une profonde dépression. Justine se ressaisit à mesure que Melancholia, une planète aux dimensions 10 fois supérieures à la Terre, est sur le point d'entrer en collision avec elle.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Comme il avait commencé à le faire avec Antichrist [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Lars von Trier
fiche film
]
, le réalisateur danois débute une nouvelle fois son film par une séquence d'ouverture lyrique et visuellement démonstrative qui donne le ton : la puissance d'un Wagner conjuguée à l'esthétique d'une Annie Leibovitz. Cette succession de tableaux extrêmement ralentis tire le meilleur parti de la définition procurée par la caméra digitale Phantom HD (déjà utilisée dans la séquence d'introduction d'Antichrist) et du travail soigné de Manuel Alberto Claro, directeur de la photographie sur ce projet.

Ensuite, Melancholia est divisé en deux segments respectivement titrés 'Justine' et 'Claire'. Dans 'Justine', Lars Von Trier aborde les effets de la mélancolie sur le rapport au monde des personnes qui sont atteintes de ce mal et dont le réalisateur lui-même fait partie. Justine se gausse de la réalité de son mariage jusqu'à ce qu'elle y soit irrémédiablement confrontée. Le moment venu, les doutes reprennent le dessus et elle ne peut pas y faire face. Cynique, Lars Von Trier n'a que peu de respect pour le rituel du mariage qu'il précipite sur une pente qui n'est pas sans rappeler le Festen de son compatriote et ami Thomas Vinterberg.

Intitulée 'Claire', la seconde partie continue en réalité l'histoire de Justine en faisant ressortir un aspect de son mal qui obéit au principe des vases communicants avec sa sœur. Parce qu'elle n'a rien à perdre, Justine accepte Melancholia comme une cure du mal par le mal. Elle s'offre à elle. La planète lui ressemble et elle l'attend en faisant preuve d'une force de caractère inédite. Solide jusque-là, Claire est complètement fragilisée par ce rapprochement destructeur. Melancholia menace sa famille et tout ce à quoi elle tient dans un monde où, contrairement à sa sœur, elle a trouvé sa place.

La destruction massive n'intéresse pas vraiment Lars Von Trier qui maintient son histoire dans un cadre étrangement intime. Melancholia est filmé caméra à l'épaule dans un lieu coupé du monde, loin de l'agitation des médias et du chaos qui doit régner - on l'imagine - dans les derniers instants de la civilisation. Le film est muet à ce sujet préférant soigner une ambiance feutrée relevée de quelques effets visuels particulièrement convaincants.

L'atmosphère est proche du Solaris de Tarkovsy et l'aura dégagée par l'approche de Melancholia est subtilement renforcée jusqu'à submerger le spectateur dans un captivant simulacre de suspense. Comme Justine, le public attend une fin connue. Comme Claire, il craint le dénouement. Von Trier réussit plutôt bien son coup en s'autorisant une petite touche de sensiblerie dans les derniers instants. Une belle émotion qui se démarque de la débauche sensationnaliste des Armageddon et autres Deep Impact qui abordent pourtant le même thème. Melancholia n'a rien des blockbusters précités. Tout au plus, pouvons-nous le rapprocher de Donnie Darko. Le film de Richard Kelly a cette même façon intérieure d'aborder la fin du monde à partir de la mélancolie d'un personnage. Von Trier ajoute une touche de classe et une profondeur autobiographique qui font de Melancholia le chef de file d'un genre où la barre est désormais placée très haut !

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy