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FILMS / CRITIQUES

La bocca del lupo

par 

- Un docu-fiction de violence et d'amour dans une ville de Gênes entre passé et présent. Un film apprécié au Forum de la Berlinale après avoir remporté le festival de Turin

C'est du cinéma italien qu'est venue la première surprise d'un Festival de Turin jusqu'alors plutôt discret. La compétition a en effet révélé La bocca del lupo [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Pietro Marcello
fiche film
]
(un titre issu d'un roman de Gaspare Invrea), un film dans lequel le réalisateur Pietro Marcello explore Gênes et sa population la plus marginale, ces gens qui habitent encore dans les bâtiments défraîchis du centre historique, dans ce dédale de ruelles coupe-gorge, dans ces lieux où comme pourrait le dire le chanteur Fabrizio De Andrè,"le soleil du Bon Dieu ne donne pas ses rayons".

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Ce deuxième long métrage de Marcello échappe à toute classification (après le superbe Il passaggio della linea centré sur la population nocturne des trains express). À mi-chemin entre documentaire et mélo, il relate l'histoire d'amour (véritable) d'Enzo, condamné à vingt ans de prison pour avoir tiré sur deux policiers, et Mary, toxicomane que seul cet homme aurait pu arracher à l'héroïne. La vie semble avoir tout pris aux deux amants, à commencer par leur liberté. Leur rencontre en prison va pourtant transformer cet homme dont la force fait trembler les gardiens, mais qui est capable de s'émouvoir devant Bambi. Et Mary, après avoir purgé sa peine, a bien l'intention de l'attendre.

Aujourd'hui, ils sont libres et peuvent raconter à deux voix, assis l'un à côté de l'autre, leur rencontre, évoquer ces pantalons dont on fait l'ourlet en échange d'une cigarette. Mais pendant vingt ans, ils furent obligés de dialoguer à distance, contraints à s'adresser d'incisifs "Je t'aime, bâtard(e)" par cassettes enregistrées interposées, des cassettes qui constituent le squelette sonore et narratif de ce film qui ne ressemble à aucun autre.

Planant au-dessus des genres et des conventions, La bocca del lupo raconte cette intimité avec une remarquable pudeur et montre avec autant de lucidité les transformations subies par les lieux qui sont la toile de fond de ce sentiment, de ces histoires individuelles. Une approche s'inspirant de documents d'archives très bien choisis et montés par Sara Fgaier.

Qu'une oeuvre aussi personnelle ait pu naître d'une commande est une preuve supplémentaire d'intelligence de la part du commanditaire (les jésuites de la Fondation San Marcellino, qui assistent depuis 1945 les marginaux et les gens en difficulté de Gênes) ainsi que de l'auteur, également producteur de son film (par le biais de la société nouvellement créée L’Avventurosa Film, co-fondée avec le critique Dario Zonta) avec Indigo Film et en collaboration avec Rai Cinema et Babe Films. Le film sera distribué sur les écrans transalspins par Bim.

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