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VENISE 2009 Journées des auteurs / SIC

Videocracy d'Erik Gandini soulève de saines polémiques

par 

Le Suédois né en Italie Erik Gandini a fait sensation sur le Lido avec son documentaire d'enquête Videocracy [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, qui évoque l'empire médiatique du premier ministre italien Silvio Berlusconi, une des fondations sur lesquelles il a bâti son empire politique. La projection organisée par les Journées des auteurs-Venice Days et la Semaine de la critique a été un tel succès qu'il a fallu en prévoir une deuxième.

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Gandini dit qu'il a d'abord fait ce film, produit par la société suédoise Atmo (avec Zentropa), pour ses amis en Suède. "Ils se moquaient de l'Italie, a-t-il précisé devant le public de Venise, alors je voulais leur montrer qu'il n'y avait rien de drôle là-dedans, d'ailleurs maintenant ils ne rient plus et quand Videocracy est sorti en Suède, il a été qualifié de 'film d'horreur de l'année'".

Vu de l'étranger, la télévision italienne, avec son défilé de femmes à moitié nues, est un mystère. Pour Gandini, toute cette culture des "veline" (nom des femmes sus-mentionnées, qui dansent dans les émissions de variété mais n'ouvrent jamais la bouche) a commencé avec une émission des années 1980 apparemment inoffensive : un jeu télévisé dans lequel des femmes au foyer ôtaient un vêtement à chaque fois qu'un candidat répondait correctement. "Cette émission nous faisait rire tellement elle était ridicule. Nous ne savions pas que c'était le futur que nous avions devant les yeux", a précisé Gandini.

Très vite après le succès de cette émission, Berlusconi a fondé les premières chaînes de télévision privées, dont les programmes étaient des variations sur le même thème promettant d'apporter divertissement et joie aux Italiens. Ce qui est né alors, pour Gandini, est "une culture de la banalité qui semble inoffensive, mais ce n'est pas le cas. C'est une force dangereuse. Cette culture télévisuelle a créé Berlusconi et l'a amené où il est maintenant".

Videocracy montre beaucoup d'extraits d'émissions mais se concentre sur trois personnages principaux. Le premier est Ricky, un jeune homme qui rêve de danser et chanter jusqu'à atteindre l'immortalité télévisuelle. Le deuxième est Lele Mora, premier agent dans le domaine de la télévision en Italie, et fasciste avoué. Il y a enfin Fabrizio Corona, paparazzo sans scrupules qui s'empare de tout un marché : en plus de vendre ses photos aux magazines, il les vend directement aux victimes, qui sont prêts à payer le prix fort pour empêcher que les photos soient publiées (cela a d'ailleur valu à Corona 80 jours de détention pour extorsion).

Si Gandini a aisément pu accéder à Mora et Corona, c'est parce que cette industrie monopolistique a le monopole sur elle-même : "Il n'a pas non plus été difficile de tourner dans des studios de télévision puisque cet univers adore s'exhiber – c'est comme cela qu'il fonctionne. Les gens de la télévision sont contents d'être montrés à l'étranger, peu importe comment".

Ce qui ressort de ce système, c'est une culture peu morale qui connaît peu de limites et par laquelle chaque acte, une fois immortalisé sur le petit écran, est immédiatement absorbé et justifié (comme le scandale sexuel récent de Berlusconi), et c'est exactement cela qui donne son pouvoir à la télévision, qui glorifie les événements par le jeu interminable des médias et détourne ainsi souvent l'attention de problèmes bien plus graves.

Videocracy, qui a coûté 600.000 €, sort aujourd'hui sur les écrans transalpins, distribué par Fandango. La bande-annonce du film a toutefois été censurée à la télévision, tant par les chaînes de Berlusconi (Mediaset) que par la télévision publique RAI, ce qui, en Italie, n'aura surpris personne.

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(Traduit de l'anglais)

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