email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Jaume Balagueró, Paco Plaza • Réalisateurs

"Sentir la peur de manière plus réelle et directe"

par 

- Après OT, la película, REC est le second film signé par le duo Paco Plaza - Jaume Balagueró

Cineuropa : Qu'est-ce qui est à l'origine du film REC [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Jaume Balagueró, Paco Plaza
interview : Julio Fernández
fiche film
]
?

Jaume Balagueró : Paco Plaza et moi avions beaucoup discuté du genre, des mécanismes de la peur, de ce qui fonctionne ou pas, de ce qui nous plait ou pas. Assez vite, nous avions eu l'idée d'adapter le genre de la terreur à la narration du direct télévisé : une histoire d'horreur racontée en direct et en temps réel du point de vue d'une seule caméra immergée dans l'action comme un faux reportage. Ceci permettrait au spectateur de vivre la peur de manière plus réelle et directe, comme s'il faisait partie du film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le mot d'ordre d'une des bandes-annonces du film est "ressens de la peur". Qu'est-ce qui vous fait peur à vous ?
J.B. : Ce qui me fait peur à moi, ce sont des choses très quotidienne et réelles. Un des choses qui me terrifie le plus est la violence.
Paco Plaza : Ce qui me fait aussi très peur sont les explosions de violence hors-contexte : une bagarre dans un bar le matin, quelqu'un qui se plaint parce que son café est froid et hausse le ton, la violence hors-proportions en somme.

Vous aimez bien les attractions qui font peur comme le train de l'horreur des fêtes foraines ? Voir REC, c'est un peu comme monter dans un de ces manèges...
J.B. : Ils me fascinaient quand j'étais petit, mais c'est clair que cela fait des années que je n'y suis pas allé. En tous cas, c'était en effet une de nos grandes références. Nous voulions que le film aille un peu au-delà de ce que nous sommes habitués à voir au cinéma, qu'il constitue un expérience plus concrète.
P.P. : C'était un peu l'idée. Que le film ne s'adresse pas à un spectateur passif mais qu'il le fasse participer comme s'il était aussi parmi les personnages du film, que le film soit vraiment vécu.

Puisque que vous avez travaillé en duo, comment vous êtes-vous réparti les tâches dans la fabrication du film ?
P.P. : Nous ne l'avons pas fait. Nous avons tout fait d'un commun accord. Balagueró : Nous n'avons rien réparti, nous avons tout fait et décidé ensemble. Cela aurait peut-être été impossible pour un film conventionnel, mais REC a été une expérience complètement différente. Il s'agissait de mener à nous deux le faux reportage que la journaliste et son caméraman réalisent, de dessiner la fausse réalité où nous allions les immerger. Ce qui est sûr, c'est que nous nous sommes entendus à merveille au cours de cette collaboration.

L'idée de filmer caméra à l'épaule n'est pas courante au cinéma. N'avez-vous pas craint que cette manière très crue de raconter une histoire dérange le spectateur, désormais plus habitué au cinéma bien lisse à l'esthétique de jeu vidéo ?
J.B. : Une des plus grandes gageures de ce film était de conserver cette apparence de réalisme et de direct sans pour autant lui sacrifier le récit et l'aspect visuel du film. Nous souhaitions qu'à aucun moment le film ne soit incommode à regarder pour le spectateur. P.P. : Bon c'est le langage de la télévision, du reportage ; c'est ce que requéraient l'histoire que nous racontons et la manière dont nous voulions la raconter. C'est sûr qu'il y a des moments de grande tension et cela se reflète aussi dans le langage visuel de la caméra.

Est-ce que REC est une critique de la télé-poubelle, du sensationalisme et des reality shows ?
J.B. : Plus qu'une critique, je crois que le film propose une réflexion sur le média qu'est la télévision, sur la manière dont elle phagocyte et réinvente la réalité, sur ses limites éthiques et morale, le tout dans un climat de terreur totale fait pour divertir. P.P. : Oui, c'est une réflexion et, pour le dire vite, une manière crue d'exposer la réalité. Je crois que ce genre d'émission adorerait pouvoir assister à une explosion de violence et de mort comme celle que dépeint le film et que les réactions des gens de l'émission seraient similaires voire identiques.

On est par moments surpris par certains éléments traditionnels et l'humour de certaines séquences. Les avez-vous inclus dans le film pour soulager un peu de toute cette tension et toute cette peur ?
J.B. : Le genre d'humour que contient le film sert en effet à détendre le spectateur à certains moments déterminés, mais c'est un humour réaliste typique d'une communauté de voisins parfaitement reconnaissable. Nous ne pensons pas qu'il s'exerce aux dépens du ton terrifiant du film, mais plutôt qu'il l'enrichit et fournit un contrepoint humain et détendu.
P.P. : C'est comme le petit coton avant la piqûre, non ? En tous cas, cet humour procède de la réalité et de la manière dont nous mettons l'accent sur certains aspects du réel, mais pas du tout dans l'idée de parodier.

La promotion de REC par internet et dans les médias a très bien fonctionné. Est-ce que cela vous fait plaisir qu'on compare votre film au Projet Blair Witch ?
J.B. : J'adore ce film et la manière dont il a été promu par internet, mais je crois que REC ressemble davantage à d'autres films et à un bon nombre d'émissions de télévision. En outre, sa promotion par internet a été beaucoup plus conventionnelle ; elle ne s'est pas spécialement différencié de celle de tous les autres films d'aujourd'hui. Nous n'avons par exemple à aucun moment voulu faire croire que les événements du film étaient vrais – je ne pense d'ailleurs pas que quiconque y aurait cru.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy