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Franck Guérin • Réalisateur

Un jour d’été

par 

- Explorer l’intime sur un arrière-fond socio-politique

En compétition officielle au Festival de Rotterdam avec son premier long métrage de fiction Un jour d’été [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, Franck Guérin fait aussi partie du panel de jeunes cinéastes sélectionnés dans le cadre de la 3e édition du programme Passion & Promises" initié par l’European Film Promotion et la manifestation hollandaise. Une percée médiatique amplement méritée pour un réalisateur français de 33 ans déjà doté d’un solide bagage dans les domaines du documentaire et des courts et moyens-métrages de fiction.

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Cineuropa: Quel a été votre parcours jusqu’à Un jour d’été?
J’ai mené en parallèle des réalisations de documentaires TV et des fictions que j’ai démarrées assez jeune puisque j’avais 21 ans quand j’ai mis en scène mon premier court-métrage. Les documentaires étaient surtout des commandes, mais je me suis fortement investi dans certains, notamment pour Nous, enfants d'homos (2004 – Arte) ou La route sanglante, sur les traces de Francis Heaulme (2005) que j’ai co-réalisé. Les faits divers criminels m’intéressent, non pas pour leur côté "glauque", mais pour leurs liens avec le fonctionnement de la société, la manière dont fonctionne la justice en France. Ce sont des éléments qui nourrissent mon travail d’écriture et de fiction.

Qu’est-ce qui vous a inspiré le scénario d’Un jour d’été?
Je me suis exilé quelques mois aux Etats-Unis dans un relatif isolement et paradoxalement, j’ai écrit sur une atmosphère et un décor proches de moi puisqu’Un jour d’été se déroule dans un village de Vendée comme celui où j’ai grandi. Cette atmosphère de province, l’ambiance entre les jeunes: ce sont des choses que je connais bien car je les ai vécues. Ensuite, je suis tombé sur les faits divers qui concernent les accidents sur des mobiliers municipaux (la cage de but d’un terrain de football dans le film) et qui impliquent la responsabilité des maires. Ce thème m’intéressait par sa dimension sociale et politique: savoir sur qui on fait peser la responsabilité quand ce type d’événement survient, à une époque où la fatalité n’est plus à la mode d’une certaine manière. C’était surtout une accroche pour parler de l’intime, ce qui m’intéresse le plus dans le film avec un personnage ordinaire à qui il arrive quelque chose d’extraordinaire et qui se retrouve dans une situation de crise. Avec l’accident, je tenais la dimension dramatique du film qui suit l’histoire de Sébastien et Michael, deux jeunes plongés dans une amitié assez exclusive. La personnalité très forte de Michael impressionne beaucoup Sébastien, mais c’est lui qui subit l’accident et qui meurt. La vie de Sébastien va alors s’ouvrir dans une perspective qu’il n’avait pas imaginée, avec une absence de référence car il s’appuyait complètement sur son ami. Il existe une dimension sociale et politique, mais le film s’intéresse surtout à la manière dont tout cela est ressenti dans l’intime.

Quelle est l’influence sur votre mise en scène du fait d’avoir réalisé plusieurs documentaires?
Je n’ai pas du tout une approche documentaire dite naturaliste comme les frères Dardenne par exemple. J’aime le mélange des genres, être dans une scène caméra à l’épaule avec une apparence naturaliste et aussi dans le jeu des comédiens, puis tout d’un coup passer dans une scène beaucoup plus "symbolique". J’aime brouiller les cartes, perturber le sens de lecture et le sentiment du spectateur, même si j’essaye de le faire avec parcimonie pour ne pas tomber dans l’effet de style. Je ne suis pas non plus dans un cinéma bavard (même si j’aime cette tradition du cinéma français) et mes personnages sont globalement silencieux. Surtout, je suis rarement dans l’explication psychologique. Dans Un jour d’été, les personnages semblent quelquefois faire des choses assez étranges, avec des motivations peu évidentes, car je pense que cela se passe ainsi dans la vie.

Quels sont vos goûts en matière cinématographique?
Ils sont assez éclectiques, même si je peux faire ressortir A nos amours de Maurice Pialat, ce qui n’est pas très original pour un Français. Michelangelo Antonioni est également une référence pour moi, mais j’aime aussi John Carpenter, ce qui n’est pas évident quand on voit mes films (rires). Je suis très heureux et flatté d’avoir été sélectionné à Rotterdam tout particulièrement car ce festival s’intéresse à des cinéastes indépendants, dans un esprit de recherche qui correspond bien à mon film.

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