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Alain Berliner • Réalisateur

Musique et cinéma

par 

Le réalisateur belge était de retour à Bruxelles après plusieurs semaines de tournages de son prochain film, Broadway dans la tête (lire l'article), une comédie musicale au casting savoureux (Vicent Elbaz, Cécile de France, Jean-Pierre Cassel, Jeanne Balibar). Après avoir écrit des films pour d'autres (La Sirène Rouge d'Olivier Mégaton par exemple), Broadway dans la tête est le grand retour de Berliner derrière la caméra. Sur le plateau de tournage en extérieur, pendant que Vincent Elbaz ébauche quelques pas de danses pour s'échauffer, il nous confiant la genèse de ce projet et ses intentions.

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Cineuropa: Au départ, tu voulais faire de la musique et le cinéma est arrivé un peu par hasard. Est-ce que Broadway dans la tête est en continuité avec ce désir de musique ?
Alain Berliner : La musique a toujours été une partie importante de mes films et sans doute aussi la plus compliquée parce que je ne suis pas compositeur de musique mais qu'il est difficile qu'une musique faîte pour moi me plaise. Il y a là sans doute en moi un côté musicien frustré, oui. C'est sans doute pour ça que la comédie musicale m'a intéressée, que j'ai eu envie de faire chanter et danser des gens dans un film.

Broadway, est-ce un souvenir musical ou cinéphilique ? Fred Astaire, Gene Kelly ou plutôt Georges Gershwin, Irwin Porter ?
C'est l'aspect extrêmement riche de la comédie musicale qui m'a attiré, cette période des années 1935-1955 où les plus grandes comédies musicales ont été produites, le sommet étant, pour moi, l'association du cinéma scope et du Technicolor. Filmer du mouvement, ces chorégraphies et ces scénographies incroyables, ont quelque chose d'infiniment cinématographique. Mais, en tant que cinéphile, je n'avais pas d'amour particulier pour ce genre que j'ai découvert ces quinze dernières années. Cela m'est plutôt venu en faisant des films. Dans Le mur, par exemple, j'avais réalisé une séquence de comédie musicale, un moment qui partait dans le rêve. Je trouve ça très gai qu'un personnage tout d'un coup se mette à sortir de la réalité en se mettant à danser.

C'est tout à fait particulier à ton cinéma qui oscille entre l'imaginaire et le réel.
Oui, mais ici, l'hésitation se situe entre l'illusion et la réalité. Les personnages masculins répètent ce désir de devenir danseur de comédies musicales à un âge où l'on ne devient plus danseur. Ils recherchent une illusion qui va se confronter à un moment avec la réalité et engendrer un décalage. Le film a quelque chose de paradoxal, qui mélange un récit très dramatique avec la comédie musicale, un genre par essence pas du tout dramatique. Si ceux qui tombent amoureux et veulent se marier rencontrent quelques difficultés, ils finissent toujours par y arriver ! (rires). Croiser cet aspect avec un autre plus réaliste est un exercice qui m'intéressait.

Ce mélange des genres, déjà présents vos films précédents, vous le radicalisez, ici?
Je l'avais fais un peu dans Ma Vie en Rose, mais pas à ce point là. Ici, oui, c'est tout à fait radical. Mais que je fasse un film comme ça est logique. Je sens même que c'est ce que je dois faire. Je le sens vraiment de l'intérieur.

Qu'est-ce qui a présidé à l'écriture du film ? Cette envie de comédie musicale ou plutôt l'histoire d'une transmission?
En réalité, j'avais écris un film choral sur plusieurs personnes confrontés à la problématique du secret, à cette question de dire ou de ne pas dire. L'une de ses histoires portait sur une répétition. Je me suis rendu compte que c'était celle qui m'intéressait vraiment. Ces répétitions se faisaient autour d'un élément très dramatique et cela m'emmenait vers un film totalement dramatique. Je ne sais pas comment cela m'est venu, mais je me suis dis "Et s'ils avaient tous envie d'être danseur de comédie musicale?". Je pouvais mettre deux ou trois scènes chantées et dansées, et puis on est passé à douze, et hop, tout le barda est arrivé (rires).

Tourner en Panavision est assez rare en Belgique.
C'est que nous avons une coproduction avec les Anglais. Le chef opérateur [Tony Pierce Robert] est anglais comme une partie de l'équipe et le matériel. Les anglais fonctionnent aussi avec deux caméras, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Mais nous les avons utilisées pour filmer les danses de manière à faire les plans larges et serrés en même temps, pour ne pas épuiser les acteurs qui dansent. Au fur et à mesure du tournage, on a utilisé les deux caméras sur toutes les scènes de comédies. Par contre je ne fais pas le champ et le contre champ en même temps, je ne trouve pas que la lumière le permette.

Comment avez-vous envisagé la musique dans le film ?
L'idée est de ne pas tomber dans un hommage appuyé à Porter, Gershwin ou des choses comme ça mais plutôt de travailler les musiques qui ont frappés les personnages à chaque époque, puisqu'il y a plusieurs générations. Il fallait donc un travail d'adaptation. L'année dernière j'ai entendu le CD de "Nouvelle Vague", un groupe derrière lequel se cache Marc Collin et j'ai beaucoup aimé leur adaptation de tubes des années 80. En gardant à l'esprit que François a 20 ans dans les années 80/90, nous nous sommes amusés avec Marc à chercher les morceaux qui avaient marchés à cette époque et nous en avons choisis un certain nombre. Et je suis très heureux de cet aspect du film où le tap danse et les claquettes sont des choses très actuelles. Avant tout, les claquettes, c'est une percussion, un rythme.

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