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KARLOVY VARY 2022 Proxima

Andrija Mardešić et David Kapac • Co-réalisateurs de The Uncle

"Noël est la plus grosse attaque subliminale par laquelle la forme prend le pas sur la substance"

par 

- Dans leur premier long-métrage, le duo nous catapulte au beau milieu du réveillon de Noël de l’enfer, dans la Yougoslavie des années 1980

Andrija Mardešić et David Kapac • Co-réalisateurs de The Uncle

Andrija Mardešić et David Kapac sont un excitant duo de réalisateurs croates dont le premier long-métrage, The Uncle [+lire aussi :
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fiche film
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, a fait l’ouverture de la toute nouvelle compétition Proxima de Karlovy Vary. À cette occasion, nous les avons rencontrés.

Cineuropa : Il semble que vous adorez vraiment tous les deux Noël ! Est-ce que vous avez des traumatismes en commun, que vous avez hérités de ces festivités familiales ?
Andrija Mardešić
et David Kapac : La célébration familiale sont toujours stressantes : il faut cuisiner pendant des jours, acheter l’arbre, qui n'est jamais le bon, le décorer différemment chaque année, tout ça pour qu’il soit aussi kitsch que d’habitude... Noël est une période de vacances pour laquelle tout le monde, des médias au marketing en passant par l’Église et la tradition, nous force à nous activer pour qu'on se sente mieux et au lieu de ça, tout le monde termine avec des kilos en plus, fâché, frustré et en conflit avec les autres, de sorte que tout le monde a hâte que ça se termine. Noël représente à vrai dire la plus grosse attaque subliminale sur le subconscient par laquelle la forme l’emporte sur la substance.

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Comment avez-vous eu l’idée d’écrire et réaliser ensemble un film qui semble le produit d'un même regard ?
Au-delà du fait que nous sommes bons amis et avons beaucoup de goûts en commun en matière de musique, de films, de bandes dessinées etc., nous collaborons sur des projets depuis notre première année d'études. Nous avons été assistants réalisateur l’un pour l’autre sur des projets d’étudiants, et puis nous avons commencé à écrire ensemble et à réaliser des clips musicaux et autres petits travaux plus courts. Nos films de fin d’études ont été des efforts communs, mais chacun a imprimé au sien sa touche personnelle. Nous avons toujours plaisanté sur l’idée qu’avec nous deux, on ferait un réalisateur "complet", donc il est logique que nous nous soyons associés pour faire le meilleur premier long-métrage possible.

Est-ce que vous aviez toute la composition de la troupe en tête avant de commencer le tournage ? Miki Manojlović était-il l'acteur que vous vouliez pour le rôle-titre ?
Tous les membres de notre "famille" sont les amis et collègues avec lesquels nous travaillons depuis nos études, donc nous pensions à eux quand nous avons écrit les rôles. Au début, nous imaginions l'oncle comme un homme beaucoup plus jeune, et puis au moment du casting, nous avons essayé plusieurs excellents acteurs que nous apprécions beaucoup, mais nous nous sommes rendu compte que nous voulions qu’il soit plus vieux. Quand nos producteurs nous ont demandé qui nous voudrions pour le rôle, nous avons dit tout de go Miki Manojlović. Ça semblait un fantasme, mais les producteurs avaient son e-mail et lui ont envoyé le scénario, sans trop en attendre. Il a répondu très vite, tout exalté par ce scénario écrit par deux jeunes réalisateurs dont il n’avait jamais vu les travaux. Le reste appartient à l’histoire !

Le motif de la "mythologie de la diaspora" qui colore votre film était-il présent dans vos travaux de formation ?
Andrija vient de Dalmatie, David de l'arrière-pays. Les membres de la famille d'Andrija ont pris des bateaux vers l’Amérique et l’Australie, ceux de David ont parcouru les autoroutes pour aller en Allemagne, de sorte que nos expériences respectives de la diaspora sont assez différentes, mais aussi presque les mêmes. Nous n’avons jamais fait partie des "chanceux" qui ont de riches parents à l'étranger, mais en grandissant dans la Croatie des années 1990, il n’était pas difficile de se retrouver en contact avec ce genre de mythologie. Nous souvenons très bien des fois où nos parents et connaissances venaient en Croatie pour les vacances et nous regardaient un peu de haut, comme si vivre à l’étranger leur donnait le droit d’être convaincus d’être meilleurs que nous. Ils utilisaient des expressions en anglais et en allemand, ils faisaient semblant d'avoir oublié le croate… Ils étaient en fait ridicules. En grandissant, nous nous sommes rendu compte que tous ces jolis cadeaux, ces jouets et bonbons dont nous rêvions et pour lesquels nous les envions, étaient juste des babioles pas chères qu’ils avaient achetées dans des stations-essence et des boutiques duty-free. La même chose vaut pour les histoires qu’ils racontaient.

Comment vous êtes-vous procuré toutes les reliques du passé qu'on voit dans le film : les lieux où vous avez tourné, les décors, la Mercedes bleue, la caméra et la vidéo ? C'est une vraie cassette VHS que vous avez utilisée pour le film, n’est-ce pas ?
Pour trouver une maison qui convienne, on a cherché tellement longtemps en vain qu'on craignait de ne jamais y arriver. Heureusement, notre cheffe décoratrice (qui est aussi une très chère amie qu'on a connue pendant nos études) nous a rassurés. C'est aussi elle et son équipe qui ont réuni tous ces super détails d’époque qu'on voit dans le film. Ils ont cherché en ligne et ailleurs, et nous avons insisté sur certaines choses en particulier que nous nous rappelions de notre enfance – on se disait que le public aussi les reconnaîtrait, la nostalgie est un outil puissant. La Mercedes bleue est une des dernières en son genre en Croatie. Elle appartient à un mécanicien local qui l'a reconstruite pour son plaisir à partir des pièces de trois voitures différentes. Oui la VHS dans le film est réelle, et elle a été tourné par les acteurs, principalement Miki Manojlović, qui s’est révélé être un opérateur de caméra génial. Cette caméra est dans la famille d’Andrija ; lui-même s'en est servi dans les années 1990 pour ses premières tentatives de réalisation de films.

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(Traduit de l'anglais)

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