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CANNES 2022 Quinzaine des Réalisateurs

Erige Sehiri • Réalisatrice de Sous les figues

“Il n’y a aucune marque de modernité dans la nature ; elle est en ces femmes, en particulier les petites filles”

par 

- CANNES 2022 : La réalisatrice et productrice franco-tunisienne détaille pour nous plusieurs aspects de son premier long-métrage de fiction, un récit superbe et intemporel

Erige Sehiri  • Réalisatrice de Sous les figues
(© Elise Ortiou Campion)

Erige Sehiri est une réalisatrice et productrice franco-tunisienne. En 2018, elle s’est fait connaître avec son long-métrage documentaire La Voie normale [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
. Aujourd’hui, son premier long-métrage de fiction Sous les figues a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes.

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Cineuropa : Il y a quelque part un article qui affirme que c’est une rencontre avec la cueilleuse de cerises Fidé Fdhili qui vous a amenée à réaliser Sous les figues. Est-ce vrai ?
Erige Sehiri : Avant même de rencontrer cette magnifique jeune femme, qui allait devenir l’actrice principale de Sous les figues, il se passait beaucoup de choses dans cette région, des choses qui m’intéressaient. Ces femmes, ces ouvrières agricoles que l’on transporte à l’arrière d’un pick-up me fascinaient. Très souvent, les journaux télévisés parlaient d’accidents de la route survenus durant ces trajets, sur les routes de campagnes mal entretenues. Lorsque je suis allée dans le verger avec Fidé, je n’ai pas vu ce que je voyais dans les médias. Tout était tellement différent. C’est là que j’ai imaginé le film comme si c’était leur dernier jour de travail.

Pourquoi fallait-il que l’histoire se déroule sur une seule journée et en huis clos ?
Montrer une journée avec différentes générations, c’est comme montrer une vie entière. Et puis, j’étais censée réaliser un autre film, donc, je n’avais pas de budget pour celui-ci. J’ai dû faire ce que je pouvais tout en réfléchissant à la démarche cinématographique, et à ce que la situation pouvait m’offrir. J’aimais l’idée de devoir m’adapter à la nature et à la situation économique, et mon envie de faire ce film a changé parce que j’ai rencontré la bonne personne.

Le film est superbe et intemporel parce que la cueillette de figues semble ne pas avoir changé. Elle est toujours effectuée à la main. Est-ce l’une des raisons qui vous a donné envie de raconter cette histoire ?
J’aimais l’idée que ce lieu pouvait être vieux de 100 ans. Nous n’en savons rien. Il n’y a aucune marque de modernité dans la nature. La modernité, on la trouve chez ces femmes, en particulier ces jeunes filles. C’est leur comportement, sur leurs téléphones, leur façon de parler et leurs sujets de conversations. En même temps, ces personnages étouffent. C’est la raison pour laquelle je voulais retranscrire cette idée à l’écran en utilisant un grand nombre de gros plans. Cela témoigne de la beauté de l’endroit, mais montre aussi que les femmes n’ont aucune chance dans ce monde moderne. Et pas seulement les filles, les garçons aussi sont limités.

La manière avec laquelle vous parvenez à parler de la société dans un film où les gens se contentent de flirter est géniale. Était-ce votre objectif ?
Il est évident que le film ne se résume pas à des gens qui flirtent sous les arbres. Le verger devient un lieu où les jeunes peuvent trouver une certaine liberté, voire l’amour, mais il leur permet surtout d’être ensemble. Tout cela se passe sous les yeux d’ouvrières plus âgées qui observent cette jeune génération, parfois avec un regard tendre et nostalgique et parfois avec une pointe d’amertume. Je trouve magnifique que dans ce lieu et dans cette société où ils se sentent prisonniers, ils trouvent encore des moyens, notamment les jeunes femmes. Les garçons, et plus encore les jeunes femmes, y trouvent un espace de liberté et d’amusement.

Pourquoi avoir choisi de ne montrer que l’univers des figuiers où ils travaillent, et non le paysage moderne et urbain tunisien, qui sera certainement leur cadre de vie ?
Je souhaitais également stimuler l’imagination des spectateurs. Je ne voulais pas tout montrer. J’avais envie que l’on puisse s’attacher à ce personnage sans connaître le contexte, nous laissant imaginer les familles des uns et des autres, et leur mode de vie. Je voulais jouer avec ça. Je savais dès le départ qu’il n’y aurait pas de vie en dehors du verger.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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