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BERLINALE 2022 Generation

Sara Kern • Réalisatrice de Moja Vesna

"J’essaie toujours d’écrire sur ce que j’ai de plus vivant en moi"

par 

- BERLINALE 2022 : Dans son premier long-métrage, la réalisatrice slovène-australienne traite du deuil en adoptant la perspective d’une petite fille de dix ans

Sara Kern • Réalisatrice de Moja Vesna
(© Jachinto Muinos)

Nous avons interrogé la réalisatrice slovène-australienne Sara Kern sur l'élaboration de Moja Vesna [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Sara Kern
fiche film
]
, qui vient de faire sa première mondiale dans la section Generation Kplus de la Berlinale. Le film raconte l’histoire d’une famille d’immigrés selon la perspective d’une fillette de dix ans.

Cineuropa : Pourquoi avez-vous décidé de raconter cette histoire ?
Sara Kern :
J’essaie toujours d’écrire sur ce qui est le plus vivant en moi et en ce moment, c’est résolument quelque chose qui a à voir avec l’enfance. Ce film n’est pas autobiographique, mais il dépeint tous les sentiments que j'associe à ma propre enfance. D’une certaine manière, j’étais cette enfant, Moja. J’ai inventé tous les événements du film, mais un bonne partie des dynamiques sont similaires.

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Quand quelque chose de traumatisant se produit, un enfant doit faire plus que juste se contenter d'être un enfant. Je pense que c’est parce que l’enfant espère se garantir une place spéciale à côté de l’adulte, et c’est une manière de gagner en intimité avec eux quand ils traversent une épreuve difficile. Ça signifie qu’on grandit trop vite et qu’on rate des choses, comme se faire des amis.

Je m'intéresse aussi beaucoup au motif du deuil en général. C’est un état tellement complexe. Le film est également une histoire d’immigration : j’ai puisé dans ma propre expérience, parce que j’ai déménagé à Melbourne il y a huit ans. C’est difficile de faire son deuil quand on est dans un autre pays. La famille de Moja est refermée sur elle-même et n’a pas beaucoup de soutien venant du monde extérieur. Quand un traumatisme survient en plus de ça, on est susceptible de se recroqueviller encore plus. Cela dit, je pense qu’il y a de l’espoir pour Moja, elle devrait pouvoir se connecter avec le reste du monde, et peut-être trouver ce qu'elle n'a pu avoir au sein de sa famille dans d'autres relations.

Comment abordez-vous le processus d’écriture de l’histoire et de développement du film ?
J’aime laisser les choses ouvertes dès la phase d’écriture du scénario, tandis que d'autres gens rallient le projet et qu’on cherche les différents lieux de tournage. À chaque nouvelle chose qui se présente, j'essaie de rester ouverte d’esprit et de ne pas être limitée par ma vision. Je sais ce que je veux faire, mais j’essaie de continuer de façonner le film à mesure que de nouvelles choses se présentent. Je pense que c’est la seule manière de faire en sorte que quelque chose reste vivant.

Comment avez-vous décidé de l’approche visuelle que vous adoptez dans le film ?
Le chef opérateur Lev Predan Kowarski et moi sommes tombés d'accord d'emblée sur le fait qu'on voulait tout filmer caméra à l’épaule, parce que je ne voulais pas que les acteurs soient limités par des aspects techniques. Le choix du format 4:3 a également été simple : c'est le format parfait pour filmer les visages et il offre le niveau d’intimité que je voulais obtenir chez cette famille. Une autre raison est qu'en tant qu’immigré en Australie, on regarde son nouveau pays avec un regard qui vient d’ailleurs. Je trouvais intéressante l'idée d'enfermer dans la case de ce format ces plages immenses et l'océan, si puissant, de le montrer comme cette famille le voit.

Comment avez-vous choisi vos acteurs et travaillé avec eux, en particulier Loti Kovačić ?
Nous avons eu beaucoup de chance de trouver Loti. Je ne pensais pas que nous trouverions une fillette parlant slovène et anglais qui saurait jouer par dessus le marché. Mais nous l’avons trouvée tout de suite, c’était comme un miracle.

Mon premier objectif était d'établir un lien de confiance avec elle, pour qu’elle se sente en sécurité. Je n’aime pas donner des scénarios à des enfants, donc elle n’a appris aucune ligne de dialogue. Au lieu de ça, je lui parlais avant chaque scène et je lui expliquais ce que nous étions en train de faire de manière générale, après quoi elle utilisait ses propres mots. Nous avons façonné le texte ensemble, en répétant. Je cherchais le genre de moments où les acteurs ressentent une sorte de connexion. Parfois, ça venait après qu'ils aient fini la scène, auquel cas on continuait à filmer.

J’ai été vraiment contente quand on a trouvé MacKenzie [Mazur, qui joue Vesna], parce qu’elle a quelque chose de spécial aussi, mais j’ai été particulièrement ravie qu'elle et Loti aient une telle alchimie et se prennent en affection d'entrée de jeu. Ce n’était pas une chose que je recherchais, mais finalement, certaines scènes sont nées de cela.

Pour aider Loti et les autres acteurs à trouver une manière d’être naturels ensemble devant la caméra, nous beaucoup recouru à l’improvisation, après quoi je récrivais le scénario au montage – j'ai réélaboré et réassemblé les dialogues jusqu’au mixage son. J'ai trouvé ce processus, le fait de re-regarder les rushes et de toujours essayer de voir les choses sous un jour nouveau, vraiment intéressant et excitant.

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(Traduit de l'anglais)

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