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BERLINALE 2022 Berlinale Special

Peter Flinth • Réalisateur de Against the Ice

“Ça m’intéressait, de comprendre l’élan des explorateurs, ce qui fait qu’ils veulent continuer”

par 

- BERLINALE 2022 : Dans ce film Netflix, le réalisateur danois prouve qu’on peut devenir claustrophobe même au nord-est du Groenland

Peter Flinth • Réalisateur de Against the Ice

Après l’Expédition du Danemark de 1908, qui a mal tourné, le capitaine Ejnar Mikkelsen (Nikolaj Coster-Waldau) et son mécanicien Iversen (Joe Cole) partent pour le Groenland, relate Peter Flinth dans Against the Ice [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Peter Flinth
fiche film
]
, mais établir une revendication danoise sur cette terre de glace va s’avérer le cadet de leurs soucis. Nous avons interrogé Flinth sur ce film, projeté à Berlin dans la section Special Gala.

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Cineuropa : Il y a dans ce film des espaces très ouverts, cependant la moitié dégage une impression d'étouffement. Est-ce que ce contraste était intéressant pour vous ?
Peter Flinth :
Quand j’ai lu l’histoire, j’ai fait : "Waouh, comment réagit-on quand on est prisonnier dans un paysage aussi vaste ?". Ça a été le moment charnière : je voulais les mettre dans cette cocotte-minute. Pendant mes recherches, j'ai fait un voyage le long de la côte du nord-est du Groenland avec un navire de la marine, et une patrouille est partie dans cette cabane. Elle a été construite à partir des restes d'un naufrage il y a plus de cent ans, et elle est encore là ! Le contraste entre le fait d’avoir tout l’espace du monde et celui d’être coincés dans une telle promiscuité était clairement la dynamique du film.

Ça crée presque un effet comédique. Ils communiquent tellement mieux face à toutes les difficultés que quand ils sont juste coincés là, à attendre.
C’est comme dans les réunions de famille : tout va bien si c’est un pique-nique, mais dès qu’on est dans une petite maison de vacances, c’est très différent. Je pense que beaucoup de gens peuvent se rapporter à cette situation : eux étaient immobilisés à cause d'une tempête de neige dehors, nous à cause du Covid-19. Ce qui m’intéressait vraiment, cependant, c'était de comprendre l’élan des explorateurs, ce qui fait qu’ils veulent continuer. L’aspect géopolitique de l’histoire est qu'à l'époque, il ne restait plus tant que ça d’endroits encore inexplorés. Les Américains essayaient de revendiquer ce territoire, donc il a dit : "Je vais faire ça. Je vais tout risquer pour cartographier cet endroit encore vierge". Comme le personnage le dit dans le film, on ne pense jamais qu’on va y arriver. Mikkelsen pense qu'il se doit de faire ça, et de le faire de cette manière, et il se rend compte ensuite qu’il a besoin de s’appuyer sur la camaraderie.

Ou sur un compagnon accidentel, pourrait-on dire.
On a tous été forcés de travailler avec une personne différente des gens avec qui on travaille habituellement. Et cependant, on y arrive. On apprend qu’ils ont leurs propres idées sur les choses et que ce n'est peut-être pas mal de les écouter. Tout est fondé sur une histoire vraie, couchée par écrit par ce capitaine. Il parle de la carte postale avec les jeunes femmes dessus : c’est tout ce qu’ils avaient. Ils imaginaient des histoires innocentes, décrivant chaque fille, et puis ils sont tombés amoureux de la même. C’était comme une trahison, mais ils étaient forcés de s'en remettre.

Vous mentionnez l’innocence. Dans d’autres films sur des hommes bloqués ensemble, comme The Lighthouse, le résultat est beaucoup plus grossier et fou.
J’aimais bien cet aspect : ce sont de très braves hommes. Ils sont devenus amis pour la vie. Ils ont quelque chose de décent, et un respect mutuel. On peut le lire entre les lignes, parce que le mécanicien aussi a tenu un journal de bord. Ils étaient très discrets sur leur vie privée et très professionnels, bien que le capitaine ait conservé son statut de chef. Le pauvre Iversen devait cuisiner et faire le thé. Plus tard, il a écrit : "Enfin, je ne suis plus obligé de cuisiner". Mais ils ne se cherchaient pas de crosses.

On a l'impression que c'était un projet de rêve pour Nikolaj, qui l'a aussi coproduit et qui en a écrit le scénario [avec Joe Derrick]. Comment cela s’est-il présenté ?
Nous nous connaissons depuis très longtemps : nous nous sommes rencontrés quand j’étais en école de cinéma et nous avons fait notre premier film ensemble. Ensuite, j’ai été assistant réalisateur sur son premier long-métrage. Il y a de nombreuses années, j’ai trouvé cette histoire sur deux explorateurs et après l'avoir lue, il a dit : "Voilà le film que nous ferons ensemble". Par chance, les gens de Netflix l'ont aimé et ils nous ont présenté Baltasar Kormákur. Il a tellement d’expérience en matière de films sur des expéditions. Et puis, quand on veut faire quelque chose avec la neige, il faut aller en Islande : ils savent quelle allure elle doit avoir. Nous avons donc emmené nos acteurs là-bas, pour qu'ils soient cernés par la glace et la neige. C’était exigeant, en termes de production, mais au moins, l’équipe islandaise était habituée à ce genre de météo.

J’ai beaucoup ri au moment où ils se rendent compte que quelqu’un est passé dans leur cabane pendant qu’ils étaient en vadrouille et qu’ils ont oublié de laisser un mot.
Quand ça c'est produit, Iversen a cessé de tenir son journal de bord pendant des semaines. Le capitaine a juste écrit : "Ça a été une journée amère". La situation est tragique, mais il était important d’avoir aussi un peu de chaleur et d’humour, sinon ç’aurait été une histoire rude à suivre. Il fallait quelque chose qui fasse sourire, même quand ils perdent la tête.

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(Traduit de l'anglais)

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