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BERLINALE 2022 Forum

Max Linz • Réalisateur de L'état et moi

“Je voulais un personnage qui me laisse de la place pour la fiction”

par 

- BERLINALE 2022 : L’actrice allemande Sophie Rois joue dans ce film intrigant un double rôle

Max Linz • Réalisateur de L'état et moi
(© Christian Werner)

Après avoir présenté Music and Apocalypse [+lire aussi :
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à Berlin en 2019, le réalisateur allemand Max Linz revient dans la section Forum du festival avec un nouveau long-métrage, L'État et moi [+lire aussi :
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, avec Sophie Rois. Dans le film, il orchestre un procès fictif, avec quelques revirements curieux. Nous avons interrogé le réalisateur sur ses personnages et le développement de l’idée du film.

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Cineuropa : Quelles ont été vos sources d’inspiration pour ce film ?
Max Linz :
Pour l’écriture elle-même, j'ai beaucoup pensé à la figure de Jerry Lewis. Le Zinzin d'Hollywood a été une sorte de point de départ. Comme le personnage de ce film, dans le mien, on est censé traverser les différents départements et vivre quelque chose de différent derrière chaque porte qu'on ouvre dans le tribunal. Une autre source d'inspiration a été la grosse recrudescence de films judiciaires qui s'est produite au moment où on écrivait celui-ci. Ils montraient tous précisément le genre de stéréotypes que nous essayions d’éviter à tout prix.

Comment avez-vous imaginé le personnage de Hans List?
Pour bâtir l'affaire qui se retrouve devant le juge, je cherchais un personnage principal qui permettrait de montrer toute cette distribution des rôles qu'on trouve dans le système judiciaire. L’accusé devait être un personnage qui ne pouvait pas être identifié comme appartenant à un groupe réaliste. Je voulais éviter toute association liée à la vraie sociologie du crime. Je voulais un personnage qui me laisse de la place pour la fiction. Le nom de Hans List est une référence au compositeur Franz Liszt.

Une foule d'embrouillaminis surviennent tout au long du film. On peut citer la confusion entre les mots compositeur et communiste (plus évidente en VO, ndlt.).
Les malentendus qui parcourent le film, le fait que les personnages s'expriment mal constamment, est un motif comique, mais j’étais aussi particulièrement fasciné par ce qui se passe quand, par exemple, une chose est mal comprise des juges (ce que j’ai pu observer moi-même en allant au tribunal). Ça crée des tensions incroyables. Ces incompréhensions recèlent quelque chose d’inconscient qui se matérialise ensuite. Sur le plan purement phonétique, compositeur/communiste est une paire de mots intéressante, qui rend bien la connexion assez instable entre art et politique.

Comment avez-vous fait vos recherches pour le film ?
De plus en plus, dans mon expérience, il appert que les recherches en elles-mêmes ne servent à rien. En gros, l’objectif intéressant, quand on observe les procédures judiciaires, ce n’est pas de trouver du matériel pour une fiction, mais de trouver des parallèles avec votre propre méthodologie ou pratique cinématographique. L’idée était d’analyser la manière dont les négociations sont menées.

Le personnage de l’avocat en formation est naïf et maladroit. Comment l’avez-vous développé ?
Il n’a encore aucune autorité. Où qu’il soit, où qu’il s’asseoie, il est superflu, comme un stagiaire qui ne sert à rien. Ceci ouvre tout un champ dramaturgique au sein de ce personnage. Il est comme une figure comique dont les actions restent sans conséquences. Il peut mourir et, la scène d’après, réapparaître comme si de rien n’était. Il y a quelque chose d’indéterminé et de dénué de valeur dans ce personnage. Cela permet de traiter tous les espaces qu'il traverse et toutes les procédures ritualisées qui surviennent comme des citations. Ainsi, quand il fait la cour à la violoncelliste, c’est comme une citation du comportement galant. Sur lui-même, Il n’a aucune conviction particulière. Il évolue dans le monde comme une citation. De plus, il voit tout comme le verrait un être venu d'ailleurs, ou comme un voyageur dans le temps, ce qui fait qu'il devient un peu comme un guide qui aide le spectateur à déverrouiller l'intrigue.

Comment avez-vous construit les décors ?
Nous avons créé des conditions de type studio, mais en dehors du studio. La partie historique est une toile de fond d'extérieur du studio à Babelsberg. Le reste a en grande partie été tourné à l’Opéra national Unter den Linden à Berlin. C'est là que nous avons monté le tribunal, les bureaux, le conservatoire et d’autres lieux, en intégrant les éléments architecturaux déjà existants sur place. Nous avons en somme fictionnalisé les espaces existants pour nos besoins à nous. Se concentrer sur l’opéra comme lieu de tournage principal nous a permis de faire ce film avec un très petit budget et une équipe très réduite.

Qu’est-ce qui était le plus important, au niveau de votre approche visuelle ?
Au-delà des décors de Robin Metzer et des costumes de Nina Kroschinske, elle a beaucoup tenu au regard de notre chef opérateur Markus Koob. Il y avait beaucoup de plans séquences à faire et il fallait qu'ils soient cohérents entre eux. C'était un processus de production continu : chaque plan se dissout en différents moments individuels mais ensemble, ces derniers sont censés former un récit étroitement ficelé.

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(Traduit de l'anglais)

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