email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2022 Berlinale Special

Laurent Larivière • Réalisateur de À propos de Joan

“C’était aussi une manière d’arriver directement à une certaine intimité et de s’engager dans un pacte de confiance”

par 

- BERLINALE 2022 : Le réalisateur français livre un drame assez intrigant sur le deuil et la puissance de l’amour où se donnent la réplique Isabelle Huppert et Lars Eidinger

Laurent Larivière  • Réalisateur de À propos de Joan

Le réalisateur français Laurent Larivière présente son nouveau film, À propos de Joan [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Laurent Larivière
fiche film
]
; dans la section Special Gala de la Berlinale cette année. Il propose ici un mélodrame qui adopte une forme artistique originale et célèbre le cinéma même. Nous avons interrogé le réalisateur sur l’idée du film, son amour pour le Japon et le duo d’acteurs qu'il réunit ici, formé par Isabelle Huppert et Lars Eidinger.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Quel a été le point de départ du film ?
Laurent Larivière : Parfois, un nouveau film est lié à un film précédent. Mon film précédent était un thriller social ; cette fois, je voulais raconter une histoire d’amour. Je voulais faire un film dans lequel on voyagerait, avec différents pays et différentes périodes historiques. J’aimais bien l’idée d'un récit non-linéaire, d'utiliser l'élément de surprise. Le film devrait mener d'élément en élément. Je voulais créer des contrastes dans la narration et la forme, puiser dans différents genres et types de cinéma.

Comment avez-vous développé l’histoire ?
Ça a été un long processus d’écriture. Le sujet de mon film précédent était le stigmate social, cette fois j’ai commencé par me concentrer sur un personnage. C’est un personnage qui revit plusieurs périodes de sa vie. J’ai collecté du matériel pour cela, sans vouloir exactement savoir où nous conduirait le récit. La relation entre la mère et le fils est apparue ensuite, d'un coup. Ce n’était pas intentionnel, au départ.

Pourquoi avez-vous choisi l’Irlande ?
Je voulais inclure plusieurs pays et plusieurs langues. Au-delà du français, il y a l’anglais et l’allemand, et un peu de japonais. Une fois qu’il a été clair que le personnage avait été jeune fille au pair dans sa jeunesse, j'ai pensé à l'Irlande. J'avais une certaine idée de Dublin, sans vraiment connaître la ville. Je l’ai découverte pendant le tournage et j’ai aimé m’adapter à sa réalité.

Comment le Japon est-il arrivé dans cette histoire ?
Le film devait être très hybride en termes de narration et de genre. Le Japon représente l’exotisme le plus radical. L'idée était que ce pays donne au personnage de Madeleine, la mère du héros, une radicalité particulière. Au-delà de ça, le cinéma japonais m'impressionne et j'aime beaucoup la culture japonaise dans son ensemble, alors je voulais partager ça dans le film. Je voulais rendre hommage à cela.

Que cherchiez-vous à exprimer à travers la peinture érotique de Hokusai ?
J’ai essayé d’'éviter les symboles, mais j’ai utilisé cette peinture et la scène où elle est rejouée dans la vie comme un élément visuel fort. Cela rendait possible d’exprimer en une seule scène le degré de plaisir que ressent Madeleine avec son nouvel amant japonais. Elle rendait aussi sa folie et son désir. Comme elle n’est pas le personnage principal, je voulais présenter tout ce qui la concerne de manière condensée.

Était-il clair dès le début que ce serait Isabelle Huppert qui jouerait le personnage de Joan ?
Je pensais à elle en écrivant l’histoire, mais je n'osais pas y croire. Et puis je lui ai montré le scénario, nous en avons parlé et quand elle a accepté, ça a été une vraie joie. C’est une actrice avec une profondeur particulière, une actrice qui représente l’histoire du cinéma, ayant joué tant de rôles différents. Elle était parfaite pour ce rôle, parce que je voulais que le film soit un hommage au cinéma lui-même et à la fiction. De plus, ses talents d'interprète sont extraordinaires, bien sûr.

Et quid de Lars Eidinger ? Pourquoi était-il parfait pour ce rôle ?
Comme le personnage de Tim n’est pas très aimable, au début, j’avais besoin pour jouer ce rôle d’un acteur extrêmement charismatique qui montrerait l’humanité qu’il y a derrière le personnage. Lars a aussi une profondeur de jeu extraordinaire, on peut projeter énormément de choses sur lui. Il peut être très vulnérable et très puissant à la fois. Il est très impressionnant.

Pourquoi vouliez-vous que Joan parle au public ?
C’est un film qui parle de fiction, du fait que la fiction nous aide à vivre nos vies. J’aimais l’idée que le personnage et le public aient cette connexion, qu'ils soient tous deux conscients de la fiction. Au début, elle parle au spectateur ; après, il suffit qu'elle regarde la caméra, la connexion est déjà là. C’était aussi une manière d’obtenir directement une certaine intimité et de sceller un pacte de confiance.

Vous racontez une histoire sur la perte de quelqu'un et l’amour. Est-ce que ces deux choses sont inévitablement liées ?
C’est une histoire sur la perte de quelqu'un et l’abandon ; tous les personnages vivent ça, à des stades différents. Il y a différentes manières d'affronter cela. La fiction est un des moyens à notre disposition pour le faire. La fiction est comme un rempart, une protection.

Quel était l’aspect le plus important pour vous, sur le plan visuel ?
Nous voulions distinguer les différentes périodes, en choisissant des couleurs spécifiques pour chacune des cinq époques. Pour les années 1960, nous avons usé d'ocres ou de gris ; pour la période en Allemagne, des nuances de bleu ; pour le présent du personnage, nous avons utilisé des couleurs plus vives, plus chaudes. Pour les années 1960, il était aussi important d'établir très clairement qu'il s'agit d'un souvenir et pas de la réalité, donc nous avons créé une image qui a plus de grain. Même si c'est un film dramatique, le personnage devait être énergique et il fallait qu'il y ait de l’humour.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy