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JIHLAVA 2021

Martin Mareček • Réalisateur de Out in Force

“On disait toujours que c’était l’histoire d’un homme qui voulait être Superman mais qui au lieu de ça, est devenu Genderman”

par 

- Dans ce documentaire, l’enseignant et réalisateur tchèque se penche sur le cas du critique de cinéma devenu culturiste Kamil Fila

Martin Mareček  • Réalisateur de Out in Force

Faisant sa première mondiale au Festival International du Film Documentaire de Ji.hlava, Out in Force [+lire aussi :
interview : Martin Mareček
fiche film
]
de Martin Mareček suit un homme qui décide que plus c’est gros, mieux c’est, en tout cas quand il en vient à son corps. Kamil Fila, un critique de cinéma, se tourne vers le bodybuilding, tout en vivant des séparations douloureuses, une dépression, et une véritable crise de la quarantaine. Petit à petit, il apprend que pour pouvoir avancer, il va devoir faire bien plus que soulever de la fonte.

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Cineuropa: C’est curieux que vous, un réalisateur, ayez décidé de faire un film autour d’un critique de cinéma. Vous êtes entré dans le camp ennemi !
Martin Mareček :
Nous ne nous connaissions pas vraiment avant. Kamil est un bodybuilder, et un jour, il s’est lancé sur ce projet de transformation, avec aussi l’aide de stéroïdes. L’idée de faire un film autour de ça est venue directement de lui. Il voulait contrer cette idée qu’un intellectuel ne peut pas être fort comme ça, ou ne peut pas avoir de muscles. C’était étrange pour moi, quand j’en ai entendu parler pour la première fois. Puis je l’ai rencontré, et nous avons décidé de créer un terrain de jeu sécurisé : il m’a promis que je pourrais faire le film tout seul, et je lui ai promis qu’on pourrait arrêter à n’importe quel moment. C’est comme ça que notre “amitié critique” a commencé.

Il a une sorte de spécialité – il devient cet homme de référence pour parler des problèmes de femme et gagne le Genderman of the Year Award. Cependant il éprouve clairement des difficultés par rapport à sa propre masculinité.
Je pense que chacun des portraits que je fais est un autoportrait. Le titre original du film n’est pas Kamil; c’est Sila, ce qui signifie “force”, “pouvoir” ou “vigueur”. Je voulais faire un film autour d’un certain archétype intellectuel parce que pour moi, c’est en réalité quelque chose de très commun : nous sommes tous capable d’analyser des films ou des histoires, mais ce n’est pas si facile quand il s’agit de nos propres vies. Il est un critique de cinéma passioné et un féministe dédié, mais sa vie personnelle est très compliquée. J’étais intéressé par cette tension constante. 

Vous montrez la réalité de son travail : un appartement petit, l’isolation. Ce n’est pas glamour. Était-il prêt à partager tout ça ?
Oui, il était prêt. C’est un maniaque du contrôle, mais il m’a aussi dit que perdre contrôle de cette façon était en réalité très agréable. Il en avait besoin. Il voulait s’ouvrir. Je reconnais ça aussi, parce que qu’est-ce que c’est que cette “crise de la quarantaine” dont tout le monde parle ? Nous avions décidé de travailler sur ce film pendant cinq ans, de ses 35 à ses 40 ans. Il m’a dit qu’une fois que tu atteins tes quarante ans, ta vie est finie, en tout cas quand il en vient à ton corps et à ta puissance physique [rires]. Alors peut-être que cette histoire de bodybuilding était son rêve d’enfance ? Peut-être qu’il voulait créer ce bouclier protecteur autour de lui ? En tout cas, nous avons remarqué une autre transformation pendant le tournage, qui se passait à l’intérieur de lui. J’ai trouvé ça beaucoup plus important.

Quand nous avons commencé ce projet, j’avais des problèmes dans ma propre vie aussi. Je suis allé en thérapie. Il m’a invité à suivre son processus, mais cela reflétait des sujets en commun. Le pouvoir, la force et tout ce concept de masculinité ont beaucoup changé, et je pense qu’il est important de regarder tous ces stéréotypes. Ceci aussi parce que le film se concentre aussi sur le sujet des femmes : après tout, elles l’entourent. Ses petites amies, sa fille, son éditrice. Il dit que je suis comme son grand frère maintenant — il n’a aucun ami homme. C’est intéressant quand une famille doit gérer cet homme immature. Il semble être un petit garçon parfois, et cela crée aussi de la tension.

La plupart du temps, c’est lui qui parle, pas les femmes.
C’est vrai. Ceci est normal pour nous, les intellectuels — nous sommes vraiment doués pour parler. Il y a ce proverbe tchèque, selon lequel il faut être un général au travail et un petit garçon à la maison. Il m’a dit que le film n’était pas une thérapie pour lui, mais qu’il a été une sorte de déclencheur. Dans la description du film, on disait avant qu’il racontait l’histoire d’un homme qui voulait être Superman mais qui était devenu Genderman. 

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(Traduit de l'anglais)

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