email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

ZURICH 2021

Dennis Stormer et Marisa Meier • Réalisateur et productrice de Youth Topia

“Au départ, on s’est dit : ‘Ce serait pas cool, qu’un algorithme nous dise quoi faire de nos vies ?’”

par 

- Nous avons discuté avec le réalisateur et la productrice du gagnant du Prix du public de Zurich cette année, où des gamins refusent de grandir

Dennis Stormer et Marisa Meier  • Réalisateur et productrice de Youth Topia

Le réalisateur Dennis Stormer et la productrice Marisa Meier, qui ont coécrit le scénario, invitent tout le monde à Youth Topia [+lire aussi :
critique
interview : Dennis Stormer et Marisa M…
fiche film
]
, l’endroit où votre degré de maturité est déterminé par un algorithme. Certains, parmi lesquels Wanja entendent bien déjouer le système, en restant jeunes et irresponsables aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que l’âge adulte vienne littéralement frapper à leur porte. Le film a remporté le prix du public au Festival de Zurich (voir la news).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

Cineuropa : Même si Dennis est désigné comme le réalisateur, vous dites avoir travaillé sur le film ensemble. De quelle façon ?
Marisa Meier : La réalisation ne m’a jamais intéressée. Il ne faisait aucun doute que nous allions écrire et décider ensemble des orientations créatives, mais en matière de direction des acteurs en plateau et de stratégie de jeu, c’était l’affaire de Dennis.

Dennis Stormer : Nous nous sommes réparti les tâches pendant la production. Marisa se chargeait de la partie organisationnelle. Une fois la production terminée, nous nous sommes réunis à nouveau pour la dernière étape et nous avons eu une quantité énorme d’images à gérer. Il y a tellement d’histoires qui n’ont pas été retenues dans la version finale.

Il est évident que vous avez créé tout un univers. Il n’est pas vraiment réaliste, mais suffisamment pour que le spectateur puisse ne pas se sentir complètement décontracté.
M.M. : Au cours du processus de financement, beaucoup pensaient à des dystopies et à Black Mirror. C’est ainsi que les histoires sur les algorithmes sont racontées en général. Nous voulions créer quelque chose de plus positif, tout en conservant ce regard critique. Au départ, nous nous sommes dit : "ce serait cool qu’un algorithme nous dise quoi faire de nos vies." Nous ne devions absolument pas nous éloigner de cette idée. Ce n’est pas comme si le sujet n’avait pas déjà été traité.

D.S. : Regardez Facebook Messenger. Nous ne parlons pas du fait qu’ils lisent nos messages, parce que c’est gênant, mais quelquefois vous vous demandez si vous ne vivez pas dans un film de science-fiction.

Un personnage dit que la chose la plus étrange à propos de l’algorithme, à savoir que tout le monde y a adhéré tout de suite.
M.M. : Cette réplique a été inventée par l’acteur. Elle n’était pas dans le script. Nous leur avons laissé beaucoup de place pour improviser. Ils ont reçu des portables et ont pu les utiliser sur le plateau pour créer du contenu.

D.S. : Cette réplique résume parfaitement le film. Nous avons créé cet univers, nous en avons défini les grandes lignes et les avons données aux acteurs, tout en leur laissant une grande liberté. Ils pouvaient imaginer ce qui pourrait survenir dans le monde, et ils ont tous participé à son élaboration.

Il y a cette atmosphère anarchiste dans le film. La manière dont vous l’avez filmée rappelle les célébrations indiennes ou ces événements soi-disant "sauvages" comme le festival Burning Man.
D.S. : J’admire le travail de la directrice de la photographie Harmony Korine, mais ce n’est pas comme si nous avions décidé de faire un nouveau Spring Breakers. Nous avons également beaucoup pensé à ces grands événements commerciaux qui s’adressent aux jeunes, cette culture des festivals. Mais également les années 1990 parce qu’il s’agit aussi d’un film sur la nostalgie de la jeunesse. Cela évoque aussi le regret de ne pas avoir été plus "jeune" quand nous en avions l’occasion.

Parfois lorsque nous discutons avec des gens qui refusent de grandir, "les enfants perdus", garçons et filles, il y a une part de critique. Mais vous semblez montrer les bons côtés des deux.
M.M. : Il était important de ne pas raconter une histoire trop simple, de complexifier les choses. Je voulais remettre en question la notion d’âge dans notre société. Montrer à quel point l’idée de devenir soudainement un "adulte", supposé se comporter d’une certaine façon, était absurde.

D.S. : Le festival a qualifié notre film de satire, et je ne suis pas d’accord avec ça, mais je ne suis pas sûr de savoir comment le qualifier non plus. Certains passages sont drôles, mais l’histoire est tragique, s’agit-il d’une utopie ou d’une dystopie, je ne sais pas vraiment. Prenez la scène avec un veau. Pourquoi les gens ont-ils des chiens ? C’est très bizarre, que les amoureux des chiens veuillent bien m’excuser. Pourquoi ne pas avoir un veau plutôt ? Tout le monde savait que nous avions toute la liberté pour nous amuser.

Trouver votre Wanja a-t-il été difficile ? Elle devait être convaincante dans le rôle d’une adolescente tout feu tout flamme, mais également dans celui d’une fille réfléchie ?
D.S. : Lorsque nous avons obtenu le financement, nous savions que nous devions travailler avec des gens de Zurich. Je connaissais Lia von Blarer, elle nous aidait, même nous ignorions si nous allions l’engager ou pas. Elle nous a rejoints en cours de casting parce qu’elle connaissait l’histoire, et elle nous a impressionnés dès que nous avons visionné les images. Elle avait compris l’idée et était capable de passer d’un registre à l’autre avec une rapidité incroyable.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy