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VENISE 2021 Compétition

Stéphane Brizé • Réalisateur d'Un autre monde

“Waouh, on pensait que Brizé ferait une caricature gauchiste, mais il montre des choses très justes ici !”

par 

- VENISE 2021 : Le réalisateur français explique comment il s’y prend pour écrire avec son collaborateur de confiance Olivier Gorce et détaille sa méthode de travail avec Vincent Lindon

Stéphane Brizé  • Réalisateur d'Un autre monde
(© La Biennale di Venezia - Foto ASAC/Jacopo Salvi)

Avec Un autre monde [+lire aussi :
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, présenté en compétition à la 78e Mostra de Venise, Stéphane Brizé conclut ce qu'on désigne à présent comme sa "trilogie sur le travail", entièrement co-écrite avec Olivier Gorce, toujours avec Vincent Lindon dans le rôle principal.

Cineuropa : À quel moment avez-vous eu les trois parties de votre trilogie arrêtées dans votre tête ?
Stéphane Brizé : C'est quand j'ai terminé le tournage d'Un autre monde que j'ai su que j'avais une trilogie. En guerre [+lire aussi :
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a pris forme dans la foulée de La Loi du marché [+lire aussi :
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, dont Un autre monde est une sorte de prolongement. J'aimerais pouvoir dire que j'ai été ce cinéaste très malin qui avait depuis le début une trilogie en tête, mais non.

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Il y a tout de même une certaine structure d'ensemble : non seulement Vincent Lindon dans le premier rôle à chaque fois, mais aussi le fait que vous ayez écrit les trois films avec Olivier Gorce. Comment s'est passé le travail d'écriture ? Avez-vous tout fait à 50/50 ?
En tout cas, nous sommes payés à 50/50. Olivier a grandi dans une famille très imprégnée par la culture syndicaliste et il a une grosse expérience des discours politiques. J'ai travaillé avec lui comme je travaille habituellement avec mes co-scénaristes : j'ai la garantie de trouver en lui un haut niveau intellectuel tandis que j'imagine la vision que j'ai pour le projet et que j'essaie d'en élaborer une approche naturelle. C'est un collaborateur splendide, et très passionné. Il ne fait pas que venir "pour bosser" : il vient participer à la création de quelque chose d'important. Il adore rencontrer des gens, les écouter et raconter leurs histoires. Pour faire ces trois films, nous avons rencontré une cinquantaine de personnes ayant de l'expérience sur ce qu'on voulait montrer, et Olivier a été à mes côtés tout du long.

Avoir Vincent Lindon dans le rôle principal pour les trois films crée une dynamique intéressante. Qu'est-ce qui vous a amené à décider de procéder ainsi ? Avez-vous, à un moment ou à un autre, envisagé de prendre un autre acteur pour un de ces rôles ?
J'ai songé à prendre d'autres acteurs, oui, mais quand j'écris, c'est toujours lui qui s'est présenté et comme installé dans les baskets du personnage, pour ainsi dire. Cela fait plus de dix ans que je connais Vincent. Nous venons de milieux très différents, mais nous concordons sur les choses qui nous mettent en colère ou qui nous rendent heureux ou tristes. Donc il n'a aucun mal à comprendre ce que je cherche à faire passer. Nous n'avons pas de discussions psychologiques, nous ne parlons pas avant le tournage. Tout se fait très naturellement.

Dans le film, le personnage de l'épouse qui veut divorcer est joué par Sandrine Kiberlain, qui est réellement l'ex-femme de Vincent Lindon. Comment ont-ils réagi quand vous leur avez soumis cette idée ?
Eh bien, on s'est connus, tous les trois, sur Mademoiselle Chambon [+lire aussi :
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, il y a plus de dix ans, et depuis, on se fait confiance. Ils savaient que je n'exploiterais aucun élément de leur relation dans la vraie vie. Nous partagions tout simplement l'envie de travailler ensemble et de créer quelque chose qui compte. Ce qui est facile à faire, avec des acteurs aussi formidables.

L'histoire se passe dans un environnement corporate sans scrupules, où il faut manger ou être mangé et où le bénéfice du doute n'a pas sa place, ou très peu. Cependant, votre scénario fait prendre aux choses un tour étonnamment humain. Pensez-vous que cela pourrait arriver, dans la vraie vie ?
Ça peut arriver. Il y a des cadres sup, comme le personnage de Vincent, qui se retrouvent ruinés, voire qui se tuent, mais il en existe aussi qui décident de se détacher complètement de cette réalité afin de retrouver un peu de leur humanité. Dans le revirement qui se produit, vous pouvez voir quelle est ma conviction personnelle, à savoir que l'humanité arrive parfois à se libérer du joug. La difficulté, c'est de ne pas passer pour un naïf, ce que je ne suis pas. Je marche ici sur le fil ténu qui sépare des choses très sombres et la possibilité de choisir de bien agir.

Est-ce que quelqu'un qui représente cet univers a vu le film ?
Nous l'avons montré à plusieurs cadres sup de ce type. Ils ont été assez stupéfaits devant son honnêteté. “Waouh, on pensait que Brizé ferait une caricature gauchiste, mais il montre des choses très justes ici !”

Lequel des trois films a été le plus difficile à faire ?
Tous l'ont été, chacun à sa manière.

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(Traduit de l'anglais)

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