email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2021 Compétition

Paolo Sorrentino • Réalisateur de La Main de Dieu

“Ce n’est pas ma faute : Naples, c’est comme ça”

par 

- VENISE 2021 : Le cinéaste italien partage quelques pensées sur ses mémoires dédiées au Naples de son enfance, et sur le nombre de fois que son nouveau film a été comparé à Amarcord de Fellini

Paolo Sorrentino  • Réalisateur de La Main de Dieu
(© La Biennale di Venezia - Foto ASAC/Jacopo Salvi)

Paolo Sorrentino, qui est en ce moment très occupé à promouvoir son nouveau film, La Main de Dieu [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Paolo Sorrentino
fiche film
]
, qui a fait sa première en compétition à la 78e Mostra de Venise, est de retour sur le Lido après un rapide passage à Telluride pour partager quelques pensées sur ses mémoires sur le Naples de sa jeunesse et sur le fait qu'il ne compte plus, à ce stade, le nombre de fois où on a comparé son film à Amarcord de Fellini.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Ce matin, un somptueux documentaire sur Ennio Morricone a été projeté ici. Avez-vous jamais envisagé d'utiliser sa musique pour un de vos films ?
Paolo Sorrentino :
Ah, Il était beaucoup trop bon pour moi ! Non, sérieusement, je n’ai jamais envisagé de faire appel à lui. Il était formidable, mais pour mes films, ça ne m'a jamais traversé l’esprit. Ce sont deux styles distincts.

Le titre de votre film cite Diego Maradona, qui joue aussi un rôle important à cette époque, à Naples, et donc également dans le film. Quand avez-vous eu l'idée de choisir ce titre, et comment avez-vous composé avec les plaintes sur le fait que vous l'ayez utilisé ?
Soudain, ça m'est juste venu en tête. À partir de ce moment-là, l'idée ne m'a plus quitté que c'était un titre parfait pour ce film. Des protestations se sont faites entendre, oui, de gens dont j'imagine qu’ils faisaient partie de l’entourage de Maradona et pensaient y gagner un peu d'argent facile. Ils ne m’ont jamais poursuivi en justice, bien sûr, parce qu’ils n’avaient pas vraiment d’arguments légaux.

La Main de Dieu a été comparé à Amarcord de Fellini ainsi qu'à votre film La Grande Bellezza [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Paolo Sorrentino
fiche film
]
. Est-ce que ce sont des comparaisons valides ?
Rien que cette semaine, on a comparé tant de fois mon film avec Amarcord que j'ai perdu le compte. Mais mon film parle davantage d'une vraie vie, alors qu'Amarcord est une série de souvenirs drôles, pour la plupart inventés, et partage des réminiscences de joies et de plaisirs. Mon film est très réaliste, et contient des souvenirs qui n'ont clairement rien à voir avec le plaisir. La Grande Bellezza, c’est encore un autre film, un film différent. J'y cherchais les endroits très spéciaux, d'une grande beauté, existant à Rome. Ici, je montre Naples dans sa vie simple et quotidienne tel que je l'ai connue dans ma jeunesse.

Vous y montrez cependant aussi des endroits fabuleux.
Ce n’est pas ma faute : Naples, c’est comme ça.

Et vous avez aussi mis Fellini dans le film, en train de chercher des visages – puisqu'apparemment, c'est à Naples qu'on trouvait les meilleurs. Retrouve-t-on dans le film certaines têtes qui ont vraiment participé aux auditions felliniennes de l'époque ?
Je ne pense pas, malheureusement. Mais j’ai une directrice de casting merveilleuse. Il lui suffit de se promener dans les rues et elle trouve des gens. Et elle trouve les meilleurs.

C’est qu’on voit pas ici, et c’est assez rafraîchissant, sont des intrigues liées à la Camorra. Fabio, votre alter ego, sympathise avec un trafiquant, mais il ne prend jamais part à ses activités. Avez-vous vous-même vécu quelque chose de similaire, en lien avec "le mauvais côté" ?
Il est absolument vrai que Naples, avec ses strates humaines mélangées, rend facile pour une personne de la bourgeoisie de sombrer dans les bas-fonds. Que ça me soit arrivé ou pas n’a aucune importance, je ne vais pas lister ce qui est vrai ou faux dans le film.

À la fin du film, Fabio le réalisateur rencontre Antonio Capuano, qui est tout à fait réel, or en 1998, son film Poussière de Naples portait votre nom au générique, parmi les scénaristes. Faut-il, en tout état de cause, considérer ce film-là comme le premier Paolo Sorrentino ?
Pas vraiment. Je faisais partie des co-scénaristes, mais c'était Capuano l'auteur principal. Cela dit, ça a été mon premier emploi dans le cinéma. J'ai participé à un concours de scénarios et j'ai gagné, et Capuano m'a embauché. Je n'aurais jamais pu imaginer où ça m'amènerait.

Les années 1980 telles que vous les décrivez ont quelque chose de résolument innocent. Était-ce vraiment le cas, dans vos souvenirs, ou y a-t-il un romantisme conscient dans votre approche, au bout du compte ?
Les années 1980, pour moi, étaient plus innocentes, plus bêtes, et peut-être plus drôles.

Ce qui nous amène à un autre commentaire dans les articles sur votre film, sur un certain genre d'humour peut-être un peu cru, parfois concernant de belles femmes nues. Des réflexions sur la question ?
Toute pensée que je pourrais formuler sur la question citerait directement une phrase de la grande Lillian Hellman pendant les interrogatoires sur l'anti-américanisme de McCarthy : "Je ne peux pas tailler ma conscience pour convenir aux modes de cette année, et je ne le ferai pas".

Quelles sont pour le moment vos projets pour la suite ?
Pour le moment, je n’en ai aucune idée.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy