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VENISE 2021 Orizzonti

Harry Wootliff • Réalisatrice de True Things

“J’adore la musique et l’image ; j’essaie toujours de comprendre comment créer de l’espace et avoir de la musique dans un film”

par 

- VENISE 2021 : Entretien avec la réalisatrice britannique montante sur le Lido, où elle évoque sa manière de modeler les interprétations des acteurs et de sa formidable bande originale

Harry Wootliff  • Réalisatrice de True Things
(© La Biennale di Venezia - Foto ASAC/Giorgio Zucchiatti)

Ces dernières années, le Festival de Venise a toujours fait en sorte de faire une place dans le programme, même toute petite, aux films britanniques de jeunes réalisateurs talentueux, en particulier ceux axés sur les femmes. Parmi ces films, nous trouvons Prevenge [+lire aussi :
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de la comédienne Alice Lowe et Rare Beasts [+lire aussi :
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de Billie Piper. True Things [+lire aussi :
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, en lice dans la section Orizzonti, est le premier film d’Harry Wootliff à être présenté en avant-première dans un grand festival. Le précédent, Only You [+lire aussi :
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avait largement été salué au Royaume-Uni, sans vraiment aller très loin. Dans les prochains mois, True Things participera au Festival de Toronto et sera en compétition officielle au BFI à Londres. Wootliff a accordé une interview à Cineuropa sur le Lido.

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Cineuropa : Pourriez-vous nous dire comment vous avez entendu parler de ce projet et du roman de Deborah Kay Davies dont il est tiré ?
Harry Wootliff : C’est par Ruth Wilson. Ruth travaillait avec Jude Law, qui avait lu le livre et lui en avait parlé. Ils avaient tous deux envie de développer le projet. J’ai rencontré Ruth au moment où elle cherchait un auteur-réalisateur, pour écrire, développer et réaliser le film. Nous avons discuté de ce qui m’avait plu dans le roman, de ce qui m’avait moins plu, et de ce qui, selon moi, pouvait marcher, de la façon de l’adapter pour le grand écran. Nous avons tout de suite accroché et puis tout est allé très vite.

Pourriez-vous nous dire comment vous vous y êtes prise pour obtenir des acteurs principaux des performances aussi sincères et touchantes ? Avez-vous une méthode particulière, propre à votre démarche ? C’est une caractéristique spécifique des réalisateurs britanniques, comme Mike Leigh ou Ken Loach, ce travail très précis avec les acteurs en amont du tournage.
Je cherche toujours des acteurs pour voir ce qu'ils ont. C'est comme un diagramme de Venn, il y a une partie commune. J’aime voir ce qu’ils partagent avec les personnages. J’aime recruter des acteurs à contre-emploi comme Tom. Je trouve que ça apporte immédiatement une complexité et une profondeur à la personne parce qu’ils cachent beaucoup de choses. Je pense qu’en tant qu’être humain, nous ne dévoilons jamais notre véritable nature. Nous sommes comme des caméléons, nous sommes différents selon que nous soyons seuls ou entourés. J’ai aimé découvrir ce que Tom voulait montrer de lui-même, ce qu’il dissimulait et rechignait à dévoiler. C’est la même chose avec Ruth, je pense. Ce que je voulais, c’était extraire ce que je voyais en elle. Je veux les observer comme de vraies personnes. Ruth est quelqu’un qui rit beaucoup. Elle n’est pas aussi forte qu’elle en a l’air. Elle a une légèreté et une douceur en elle. C’est ce que je l’ai encouragée à montrer. Je ne pense qu’elle soit très à l’aise dans ce registre ou qu’elle ait l’habitude de faire ressortir ces choses-là.

On pourrait dire que ce film aborde un passage à l’âge adulte retardé ou tardif. Il s’agit aussi de comprendre qui l’on est une fois l’âge adulte atteint et une fois installé dans la vie professionnelle. Est-ce que cela correspond à la vision que vous avez des thèmes du film ?
Complètement. Je suppose que nous vivons une version différente de nous-mêmes. Qui était cette version ? Ce n’était pas moi, mais en fait, ça l’était. Et je suppose que nous évoluons sans cesse. Nous trouvons notre vrai moi et notre moi authentique. Je ne pense pas que vous le fassiez à 25 ans. Vous le faites tout au long de votre vie. Ce sont les expériences qui vous vont prendre conscience de qui vous êtes vraiment.

Vous utilisez la musique de manière très pertinente dans vos films. Réfléchissez-vous longtemps à ce qui fait un bon morceau, sachant que la musique est un élément essentiel dans le cinéma contemporain ?
J’aime la musique et l’image. J’essaie vraiment de comprendre comment créer de l’espace et avoir de la musique dans un film. Je trouve que la musique vous transporte immédiatement et qu’elle permet de se connecter directement à ses émotions. Pour Elvis Costello dans Only You, et pour PJ Harvey dans ce film, les choix étaient très instinctifs, c’était viscéral. Il y avait quelque chose chez PJ Harvey, avec ce rythme au début, qui m’a amenée à imaginer Kate en Espagne. Ruth m’a demandé sur quelle musique elle allait danser, et je lui ai suggéré ça… Elle a commencé par me dire que ce n’était pas un morceau approprié, puis elle s’y est mise ! Nous avons peut-être envisagé de le modifier au montage, et puis il est resté. Quand je trouve le bon morceau, je le sais.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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