email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

KARLOVY VARY 2021 Compétition

Miro Remo • Réalisateur de At Full Throttle

“Je respecte le réel, mais j’aime explorer plus avant les possibilités du cinéma”

par 

- Le documentariste slovaque nous parle de son nouveau long-métrage, qui repousse les frontières du cinéma documentaire et joue avec les styles

Miro Remo • Réalisateur de At Full Throttle
(© Film Servis Festival Karlovy Vary)

Le documentariste slovaque primé, Miro Remo, a présenté en avant-première son dernier film, At Full Throttle [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Miro Remo
fiche film
]
, dans la sélection principale de Karlovy Vary. Remo suit un quinquagénaire tchèque amateur d’autocross aux prises avec des problèmes familiaux. At Full Throttle s'éloigne du genre de documentaire d'observation auquel le réalisateur est habitué.

Cineuropa : At Full Throttle, tout comme Into the Clouds We Gaze de Martin Dušek, raconte l’histoire d’une génération frustrée. Mais à l’inverse d’Into the Clouds We Gaze, dont le personnage principal appartient à la jeune génération des "milléniaux", vous vous intéressez à la génération plus âgée. Pourquoi ce choix, et comment avez-vous trouvé les personnages ?
Miro Remo : Je ne les ai pas choisis en fonction de leur génération, ce n'est pas important pour moi. C’est leur force de caractère qui a dicté mon choix, mais également la justesse de leur interprétation dans un documentaire moderne. J’ai trouvé les personnages principaux relativement vite, quelques semaines après avoir eu l’idée d’un film qui se déroulerait dans l’univers de la course automobile. Enfant, je jouais à Destruction Derby. Nous avons donc commencé à chercher des éléments de ce genre de derbies en Slovaquie, mais nous nous sommes rendu compte qu’ils n’avaient pas ce que nous recherchions, à savoir des traces d’une vie menée à tombeau ouvert. C’est ce que nous avons fini par trouver en Moravie chez un passionné d’autocross, Jaroslav. Dès notre première rencontre, il a répondu à nos attentes. Sa vie se résumait à un grand drame.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Étant donné que ni Jaroslav ni Jitka n'ont eu une vie facile, pourquoi ont-ils accepté de jouer dans le film ?
L'histoire s'est naturellement développée au fil du temps. Jaroslav se trouvait dans une situation difficile, il sortait d’un divorce vraiment pénible, et il était en conflit avec pratiquement toute sa belle-famille. Sa seule motivation était d'essayer de prouver au monde qu’il n’était pas fini. Il voulait encore se battre pour avoir sa place sur Terre. Dès le départ, nous avons clairement exposé nos intentions. Nous recherchions des gens qui vivaient leur vie à tombeau ouvert, des gens prêts à mettre tout ce qu’ils avaient dans la course. Jaroslav a affirmé que c’était son cas. Jitka a accepté de coopérer par amour pour Jaroslav et parce qu’elle savait l’importance qu’avait pour lui le tournage.

Jaroslav avait un avis très tranché sur le capitalisme. Sa frustration et sa désillusion ne font aucun doute. Le film évite néanmoins d’aborder la question de la politique. Pourquoi avez-vous décidé d’éviter le sujet ?
Si vous lisez ce qui se dit sur le film dans les médias, vous constaterez que ce sous-texte politique joue un rôle important. C’est une arme puissante qui doit être manipulée avec précaution. Dans mon film, les questions politiques sont abordées de manière subliminale. En fin de compte, le film en dit plus sur le sujet de cette manière que s'il se concentrait explicitement sur les questions politiques. Le sujet du film va faire son chemin dans votre esprit et vous devrez vous débrouiller tout seul.

At Full Throttle est un reflet de la génération de 1989, qui a connu le régime communiste et le régime capitaliste, et qui n’a pas accepté le second. Toutefois, ce thème est moins explicite lorsqu'on le compare aux problèmes familiaux de Jaroslav. Pourquoi avez-vous décidé de laisser cette dimension socio-économique ou sociopolitique au second plan ?
La famille est pour moi la source la plus importante de ce qui se passe, et ici celle des problèmes majeurs. C'est ce sur quoi vous construisez toute votre vie. Cette dernière est conditionnée par votre lieu de naissance et par vos parents, ce qui signifie que, dès le départ, vous pouvez être désavantagés. Cela implique aussi que même avec la meilleure volonté, vous ne pourrez tout simplement pas atteindre le sommet. La vie est parfois injuste. En sachant cela, les problèmes économiques sont secondaires face aux problèmes familiaux.

Par rapport à vos précédents films, qualifiés de documentaires d'observation, At Full Throttle comprend davantage de stylisation. Pourquoi un tel changement ?
J’en ai assez de la méthode d’observation. Le cinéma offre davantage qu'une simple représentation de la réalité avec une caméra sur l’épaule des personnages. Je respecte le réel, mais j’aime explorer plus avant les possibilités du cinéma. J'aime les genres différents. En fait, je reviens progressivement à mes racines, en me rapprochant de mon premier film, Arsy-Versy. Dans mes précédents films, j’évoquais des thèmes qui ne pouvaient pas être abordés différemment. Je voulais également changer de style, mais, et les personnages et les réalisateurs sont nécessaires pour que cela puisse se faire.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy