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CANNES 2021 Séances de minuit

Jean-Christophe Meurisse • Réalisateur d’Oranges sanguines

"Il y a toujours une réalité dans mon travail”

par 

- CANNES 2021 : Le réalisateur français qui a présenté, parmi les séances de minuit, le film le plus choquant de ce Festival de Cannes, en parle à Cineuropa

Jean-Christophe Meurisse • Réalisateur d’Oranges sanguines

Jean-Christophe Meurisse nous dévoile comment il a fait pour filmé la scène la plus répugnante d'Orange sanguines [+lire aussi :
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interview : Jean-Christophe Meurisse
fiche film
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, présenté au Festival de Cannes, et insiste sur le fait que son cinéma est toujours ancré dans le réel.

Cineuropa : Bravo pour ce film. Il est drôle et choquant à souhait. Qu’est-ce qui vous a inspiré Oranges sanguines ?
Jean-Christophe Meurisse :
Le film parle d’événements réels sur lesquels j’ai lu des articles dans les journaux. Aux États-Unis, en 2015, une jeune fille a mangé les testicules de son agresseur sexuel. L'affaire est passée devant les tribunaux, et le juge a décidé qu'elle avait agi en légitime défense, bien qu’elle ait attaqué le type pendant quatre heures, alors que la limite est généralement de vingt minutes. Il y a aussi eu l'histoire du ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac, qui est passé dans les journaux pour dire aux gens de se serrer la ceinture alors que dans le même temps, il faisait de la fraude fiscale. J'ai voulu mélanger ces deux choses.

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En regardant le film, on se prend à rire face à sa violence pop et la seconde d'après, on est dégoûté par la violence d’une attaque similaire : votre objectif était-il de choquer le public en faisant ces scènes d'agression sexuelle et de torture ?
C’est un jeu de cinéma. Jouer avec les personnages et les présenter comme des héros, et puis ensuite on voit la réalité : le cinéma fait ça très bien, il peut manipuler le spectateur. Et c’est un jeu. Je montre l’horreur de la société. Je montre la violence de notre société, mais n’est pas mon film qui est violent : c’est la société.

Comment avez-vous fabriqué les testicules pour la scène de torture ?
Le cannibalisme est une des choses les plus choquantes qu'on puisse voir, donc il était important de le dépeindre de la manière la plus précise possible. La première image que j’avais à l’esprit était : que se passerait-il si je mettais des roupettes au micro-ondes. Ce qu'on voit dans le film, ce sont des testicules de coq. Il n'y a qu'une seule usine qui produise des testicules de coq en France. C'est ça qu'on a utilisé comme doublures. 

Pouvez-vous nous parler de la distribution du film ?
Je trouvais intéressant de prendre pour les rôles principaux des acteurs moins connus au cinéma et pour les personnages secondaires des gens plus connus. Tous sont de formidables comédiens que je connais du théâtre. Je voulais inverser la norme qui veut que le réalisateur choisisse généralement des acteurs connus pour les rôles principaux. Je voulais travailler différemment et utiliser mon cinéma pour lancer de nouveaux acteurs.

Le film offre initialement un tableau très réaliste du monde, et puis les choses se mettent à déborder. Quel était l'intérêt de ce choix ? 
Je ne suis pas d’accord : je pense que le film offre un tableau réaliste du monde tout du long. Même pour le ministre au Budget : tout le monde pourrait dire que c’est too much, que c’est une caricature, mais nous avons été conseillés par un vrai consultant en politique, qui nous a assuré que la vérité est encore plus étrange que cette fiction. Évidemment, filmer la violence ainsi, c’est du cinéma, mais il y a toujours une réalité dans mon travail. Même quand ça devient imaginaire, quand c'est mélancolique ou burlesque, il y a toujours une vérité à la racine de tout.

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(Traduit de l'anglais)

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