email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

SUNDANCE 2021 Compétition World Cinema Dramatic

Amalia Ulman • Réalisatrice de El planeta

“Je ne comprends pas cette croisade contre l'humour”

par 

- Nous avons conversé avec l'artiste, qui se lance dans le long-métrage avec un film tourné de manière complètement indépendante dont elle et sa mère sont les actrices principales

Amalia Ulman • Réalisatrice de El planeta

Nous avons contacté par visioconférence l’artiste argentine Amalia Ulman (1989), qui réside habituellement à New York mais se trouvait à ce moment-là dans le Kentucky pour assister à une projection de son film El planeta [+lire aussi :
critique
interview : Amalia Ulman
fiche film
]
, présenté quelques jours plus tôt au Festival de Sundance, dans le cadre de la World Cinema Dramatic Competition. Un premier long-métrage où elle interprète elle-même un des deux rôles principaux, avec sa mère Ale Ulman, et qu'elle a tourné en 2019 à Gijón (Asturies, Espagne), où elle a grandi.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Votre mère avait-elle une expérience de comédienne avant que vous ne la mettiez devant votre caméra ?
Amalia Ulman :
Non, ma mère est très différente du personnage qu’elle incarne. Elle aime beaucoup le cinéma indépendant et m’emmenait au Festival de Gijón quand j’étais petite. Ça a été amusant de travailler avec elle, parce que je viens des Beaux-Arts : elle aime les beaux arts, mais elle ne les comprend pas du tout, alors que le cinéma oui, elle comprenait toutes les références et elle a pris tout cela très au sérieux. De mon côté, j’ai pris des cours d’art dramatique à Los Angeles, avec un professeur qui a été le disciple de Lee Strasberg, et ma mère est venue à quelques cours. Nous n’avions pas d’expérience de l’interprétation, quoique je me sois déjà trouvée devant la caméra dans le cadre de mes performances, mais je savais que ma mère était photogénique, et elle est très douée.

Le film a-t-il été tourné avant la pandémie ?
Juste avant, en octobre 2019. La post-production s'est faite à New York, et j'ai eu la chance qu’un des monteurs soit presque mon voisin, ce qui a tout rendu très facile au niveau du transport du matériel filmé : nous n’avons pas eu besoin d’utiliser des coursiers, il suffisait de sonner.

Est-ce qu’on peut dire qu'El planeta est une comédie sombre, dans la mesure où le film aborde des sujets durs, mais avec humour ?
Oui, totalement. Les réactions à Sundance ont été formidables. On a comparé mon film avec des oeuvres que j’adore, comme La Barbe à papa (Paper Moon), et je suis ravie d’être parvenue à m'aligner avec un type de cinéma qui me plaît – ce doit être très embêtant de faire un film et qu’il soit ensuite comparé avec un autre titre qu’on n'aime pas. Quant à l’humour, il est nécessaire, toujours, même s'il a été écarté dans le cinéma indépendant : beaucoup de films sont considérés indépendants uniquement pour leur thème, mais sont ennuyeux et manquent d’humour. Je ne sais pas pourquoi il y a cette croisade contre l’humour, comme si, pour être pris au sérieux, on ne pouvait pas avoir recours à la comédie – ça me paraît très dommage. Surtout que faire une comédie, c’est beaucoup plus difficile, parce que c'est compliqué, de maintenir le juste équilibre.

Pourquoi avez-vous décidé d'utiliser des petits rideaux qui rappellent le cinéma muet entre les séquences ?
Ce sont des références à mon travail en tant qu'artiste. Cela fait dix ans je fais des essais vidéo, et il était important pour moi que mon film soit en relation avec mon travail jusqu'ici, pas seulement par son thème, mais aussi sur le plan esthétique.

Le Festival de Sundance a commencé comme un événement de cinéma indépendant, et votre film correspond bel et bien à cela : vous l’avez produit, réalisé, écrit et interprété. Vous êtes-vous sentie totalement libre en le faisant, compte tenu de la difficulté qu'il y a à monter un film, quel qu'il soit ?
Effectivement, faire ce film a été très compliqué, surtout quand je me suis pris en pleine face le fait de n'obtenir aucune aide ni des Asturies, ni de Gijón, et ce bien que j'aie tout essayé : ça, ça a été assez douloureux. Cela dit, bien que nous ayons eu un budget réduit, au bout du compte, je suis contente d’avoir eu autant de liberté. Le parcours jusqu'au tournage a été fastidieux, mais celui-ci, à lui seul, a été merveilleux, même avec une équipe de seulement cinq personnes, car c'était une équipe formidable : tout le monde a fait mille choses par amour pour le film.

Qu'avez-vous appris en faisant El planeta ? Que vous a enseigné le cinéma ?
Ce qui m’a plu le plus a été de travailler en équipe. Je n’avais jamais fait cela en tant qu'artiste : je fais toujours tout toute seule, même si parfois, je reçois l’aide de différents professionnels pour monter certains projets. Ça me plaît, de travailler en équipe, et ça je l’ai appris là ; c'est bon de partager les bonnes nouvelles avec un groupe de gens qui sont presque comme votre famille, ça rend tout plus facile que quand on est complètement seul.

Peut-on aussi considérer votre film comme une lettre d’amour à la ville de Gijón ?
Oui, je l’aime beaucoup. J'y vais au moins une fois par an (ma mère vit encore là-bas) et ce film est bel et bien une lettre d’amour à cette ville. Je la vois comme un autre personnage du film. Les personnages centraux sont la mère, la fille et Gijón. De fait, je n’aurais pu tourner El planeta que là-bas.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy