email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

PRIX MAX OPHÜLS 2021

York-Fabian Raabe • Réalisateur de Borga

"J'essaie de penser selon de nombreuses perspectives différentes en tant que réalisateur"

par 

- Entretien avec le réalisateur allemand, qui a décroché le Prix du meilleur film au Festival Prix Max Ophüls de Sarrebruck avec son premier long-métrage

York-Fabian Raabe  • Réalisateur de Borga

Le réalisateur allemand York-Fabian Raabe a présenté son premier long métrage, Borga [+lire aussi :
interview : York-Fabian Raabe
fiche film
]
, une coproduction germano-ghanéenne, au Festival Max Ophüls (18-24 janvier), où il a reçu plusieurs récompenses, dont le Prix du meilleur film, le Prix du public, le Prix du film socialement pertinent et le Prix œcuménique (voir l'article). Nous nous sommes entretenus avec lui pour en apprendre plus sur le film.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Comment avez-vous effectué vos recherches pour le film ?
York-Fabian Raabe :
Les recherches pour Borga ont débuté il y a dix ans. Pour chaque moment du film, nous nous étions promis de chercher et de trouver un équivalent dans la vraie vie. De plus, nous avons fait participer des Ghanéens à chaque étape comme créateurs ou consultants, afin d'assurer un haut niveau d'authenticité culturelle.

Avez-vous pu obtenir des témoignages des personnes touchées ?
Dès le début, Eugene Boateng [l'acteur principal], Eric Golub [producteur associé] et moi-même souhaitions faire un film sur l'émancipation. Au cours des recherches et du tournage de Borga, nous sommes entrés en contact avec un large éventail de personnes vivant des situations difficiles, au Ghana comme en Allemagne. Avec Borga, nous voulons avant tout montrer leur force, leur façon de régler leurs problèmes. Elle est souvent admirable, et ils méritent le respect pour ça.

Quels aspects du tournage au Ghana ont été les plus compliqués ?
Tourner au Ghana a été une expérience formidable pour nous. Entre la culture locale, la joie de vivre, le sentiment d'être au sein d'une équipe qui collabore bien et les contrastes incroyables, les lieux de tournage excitants et les nouveaux "mondes" qu'on y a connus, le Ghana nous a complètement fascinés. Les challenges les plus conséquents qui se sont présentés tenaient aux lieux mêmes où nous avons tourné : le bruit, la pollution et les embouteillages à Agbogbloshie, le terrain difficile et le manque d'infrastructures à Aburi. Mais au Ghana, la meilleure façon de résoudre ses problèmes est d'agir avec humour, respect et créativité.

Avez-vous trouvé les acteurs en grande partie sur place ?
Le casting en Allemagne a été supervisé par notre directrice de casting, Manyola Mutlu. Le casting de tous les acteurs au Ghana (à l'exception d'Eugene Boateng) a été effectué par MK Casting. Mawuko Kuadzi et son équipe ont fait un travail parfait et ils ont déniché pour notre projet de formidables acteurs, qu'il s'agisse de talentueux néophytes ou de superstars ghanéennes comme Lydia Forson et Adjetey Anang. De plus, nous avons été soutenus par l'organisation Chance for Children, qui s'occupe d'enfants des rues à Agbogbloshie. Ils nous ont appris les spécificités à prendre en compte avec ces enfants et nous ont aidés à trouver des enfants que notre tournage n'affecterait pas négativement.

Vous décrivez un cercle vicieux qui ne peut apparemment être brisé. Est-ce comme cela que vous voyez les choses ?
Borga joue, entre autres, avec les thèmes de la mondialisation et des cycles. La décharge électronique d'Agbogbloshie est due à l'élimination effrénée de déchets électroniques par les Occidentaux, donc d'une certaine manière, Borga commence à la fois au Ghana et en Allemagne. Et pour moi, le film se termine également, bien que d'une façon très différente, au Ghana et en Allemagne. Mais ce n'est que le cadre thématique de l'histoire. En son cœur, Borga est l'histoire d'un jeune homme qui cherche la reconnaissance de sa famille, en particulier de son frère et de son père. Pour y parvenir, il prend son destin en main, il fait des erreurs et il apprend. Il entreprend une démarche d'auto-émancipation, pour ainsi dire.

Est-il prévu de montrer le film au Ghana ? Comment pensez-vous qu'il y sera reçu ?
Absolument : les équipes allemande et ghanéenne sont incroyablement enthousiasmés à l'idée de la sortie du film au Ghana. Si nous pouvons trouver un sponsor en plus, nous aimerions faire une plus grande tournée dans le pays. Nos spectateurs test ghanéens qui ont déjà vu Borga sont enthousiastes. Ils ont particulièrement apprécié la narration dans les langues locales (en twi, fante, ga et hausa), ainsi que l'authenticité des histoires et des personnages.

A-t-il été difficile de gommer en grande partie du récit votre perspective d'Européen ?
Dans mon travail, en tant que réalisateur, j'essaie d'adopter de nombreuses perspectives différentes. Cela implique également de ne pas évaluer trop hâtivement les choses, mais de rechercher pourquoi, mus par quels élans conscients ou inconscients, les gens agissent. Ce que j'apporte personnellement à mes histoires, c'est une attitude basique par rapport à la vie, qui s'avère étonnament compatible partout dans le monde. L'angle de vue qui ressort procède de mes personnages, qui eux-mêmes prennent vie grâce à mes acteurs. Si les personnages ne s'étaient pas développés avec eux, sans Eugene en particulier, Borga n'aurait pas pu exister ! C'est pour cela qu'Eugene a reçu le Prix du film socialement pertinent, pas seulement pour son incroyable performance d'acteur, mais aussi pour ses immenses efforts au fil de notre collaboration pour recréer cette perspective rarement montrée de manière authentique.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Alexandre Rousset)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy