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ZAGREB 2020

Nermin Hamzagić • Réalisateur de Full Moon

“Je sentais le besoin de parler des dysfonctionnements de la société bosnienne”

par 

- Entretien avec Nermin Hamzagić, en lice au Festival de Zagreb avec Full Moon, un thriller au contenu social qui a également été nominé aux EFA dans la catégorie Découverte européenne

Nermin Hamzagić • Réalisateur de Full Moon

Nermin Hamzagić (34 ans) a fait ses études à l’Académie des arts du spectacle de Sarajevo. Après avoir réalisé plusieurs documentaires et courts-métrages, il est passé au long-métrage avec Full Moon [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Nermin Hamzagić
fiche film
]
, dont la première mondiale a eu lieu l’année dernière à Cottbus, où l’acteur principal du film, Alban Ukaj, a décroché un prix d'interprétation masculine et où le film a reçu le Prix du jury œcuménique. Depuis sa première, Full Moon a été projeté à plusieurs festivals nationaux et internationaux. Il est également nominé dans la catégorie Découverte européenne pour les prochains EFA-European Film Awards. Nous avons rencontré Hamzagić au dernier festival en date dans le parcours de Full Moon, le Festival du film de Zagreb, où il concourt pour le Landau d'or du meilleur film.

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Cineuropa : Full Moon est un projet très ambitieux. Depuis combien de temps aviez-vous cette histoire en tête quand vouz avez commencé à travailler sur le film ?
Nermin Hamzagić :
J’avais toutes ces histoires en tête, ainsi qu'une grande envie d'évoquer les dysfonctionnements de la société bosnienne, qui est encore dans un état de transition perpétuelle. J’ai réfléchi à un moyen de rassembler toutes ces histoires distinctes dans un tout cohérent, avec la productrice Amra Bakšić Čamo, qui a essayé de trouver une sorte de terrain d’entente entre mon ambition cinématographique et la réalité du moment où j’ai décidé de commencer à tourner.

Comment avez-vous effectué vos recherches pour ce film ? Dans quelle mesure son contenu est-il fondé sur des événements et des anecdotes réels tirés des actualités, par exemple ?
Les histoires présentes dans le film sont le reflet de la réalité dans laquelle je vis. Ma coscénariste Emina Omerović et moi avons enquêté sur ces histoires à partir des journaux, mais aussi de la vie des gens qui nous entourent. L’histoire de la vieille dame dont les enfants sont partis à l'Ouest pour y trouver une vie meilleure est l’histoire de beaucoup de gens dans cette région de l’Europe. Les malades essaient de financer leurs traitements médicaux par crowdfunding. Les jeunes générations essaient de trouver leur place dans cette société injuste. Le crime et la corruption existent aussi dans les sociétés plus développées. Les acteurs ont fait leurs propres recherches en allant dans des commissariats et des services ambulanciers. Le scénario final est le fruit d’un travail collectif réalisé à partir de nos recherches et d’improvisation.

Aviez-vous déjà une idée des acteurs avec lesquels vous souhaitiez travailler au moment de l'écriture ?
Pas totalement, mais certains acteurs ont été choisis assez tôt. Je les ai fait venir avant même d'avoir le scénario, à partir du traitement. Je voulais qu’ils participent aux recherches pour les rôles qu’ils allaient interpréter. C’est l’avantage, quand on travaille dans un pays dont l'industrie du film est modeste : tout le monde est disponible et veut participer. Je me suis également appuyé sur ma directrice de casting, Timka Grahić, qui a émis ses propres suggestions. J’ai eu de la chance de pouvoir travailler avec ces acteurs, qui m’ont soutenu et qui ont tenté d’alléger autant que possible la pression que la réalisation d’un premier long implique.

Alban Ukaj est exceptionnel dans ce film. Comment avez-vous abordé le travail avec lui ?
Alban est un comédien extrêmement talentueux et un professionnel dévoué pourvu d’un excellent sens du rythme et de la mesure. Nous sommes issus de générations similaires et avons des visions du monde comparables — on pourrait dire qu’on vit dans la même réalité. Son expérience dans l’industrie du cinéma et sa confiance en moi signifiaient beaucoup pour moi. Les recherches et les répétitions faites avant le tournage ont aussi beaucoup aidé. Nous avons continué les recherches sur le plateau.

L’atmosphère du film est habilement contrôlée et bien équilibrée entre la réalité et les séquences de rêves ou de cauchemars. Quels sont les cinéastes et les films qui vous ont influencé ?
Mon directeur de la photographie Amel Đikoli et moi-même cherchions des références, pour trouver un juste équilibre entre cinéma de genre et cinéma d’art et d’essai, de manière à créer notre propre univers cinématographique. Nous avons navigué parmi des auteurs comme Alejandro G Iñárritu, David Fincher, Cristi Puiu, etc. Au niveau national, nous avons été influencés notamment par Aida Begić et Danis Tanović.

Quel effet cela vous fait, de vous retrouver nominé aux EFA avec votre premier long métrage ?
Je suis fier que ce film ait été reconnu et qu’il fasse partie d’une sélection aussi formidable. C’est une immense réussite pour nous tous. C’est un honneur de faire partie de la famille des EFA. J’espère que cela prolongera la vie du film et attirera un public plus vaste.

Préparez-vous d’autres projets ?
Je travaille sur le scénario de mon prochain long-métrage. Le sujet en est la position des travailleuses dans l'économie de transition et le capitalisme post-industriel, qui s’apparente à de l’esclavage moderne. Je cherche à travers l'histoire que raconte le film la voie qui mènera à la libération.

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(Traduit de l'anglais par Marine Régnier)

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