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ROME 2020

Aleem Khan • Réalisateur d'After Love

"J’ai grandi dans une famille métissée et ne savais pas vraiment quelle était ma place dans la société"

par 

- Cineuropa a rencontré Aleem Khan pour parler de son premier long-métrage, After Love, qui a reçu le label Cannes 2020

Aleem Khan • Réalisateur d'After Love
(© Mark Senior)

Aleem Khan, qui est né et a grandi dans le Kent, est un scénariste et un réalisateur d’origine anglo-pakistanaise. Son premier long métrage, After Love [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Aleem Khan
fiche film
]
, explore cet héritage à travers l’histoire de deux Européennes, l’une à Douvres et l’autre à Calais, deux femmes qui ont du mal à surmonter la mort d’un homme musulman. Après la nomination de Three Brothers pour le BAFTA du meilleur court-métrage, After Love a reçu le label de la Semaine de la critique à Cannes cette année, et a été projeté il y a peu, au Festival du film de Londres ainsi qu’au Festival du film de Rome.

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Cineuropa : Quelle est la genèse d’After Love ?
Aleem Khan : L’idée est née de mon désir d’explorer ma propre identité. J’ai grandi dans une famille mixte, ce qui m’a empêché de trouver ma place dans la société. Ma mère s’est convertie à l’Islam pour être avec mon père. C’est une musulmane blanche. Je pense que je devais avoir environ 19 ans quand j’ai eu cette période d’entre-deux pendant laquelle j’avais du mal avec mon identité et ma sexualité. Ma mère, elle aussi, s’interrogeait sur les choix qu’elle avait faits pour mon père. Il y a donc eu cette envie d’explorer la question de l’identité et la façon dont nous la construisons. La question n’est pas seulement de comprendre comment nous construisons cette identité ou comment nous la concevons, mais plutôt à qui nous voulons plaire en le faisant.

Les deux personnages centraux sont deux femmes blanches. Elles entretiennent toutes les deux une relation différente avec un musulman. Nous ne découvrons cet homme que par le biais des souvenirs qu’elles en ont. Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire comme cela ?
Je ne voulais pas faire un film sur des musulmans blancs ou sur la religion. C’est en grande partie parce que nous voyons souvent à la télé des émissions avec des musulmans où être musulman semble être la seule caractéristique importante dans la façon dont ils sont représentés. Si la religion fait bien partie de nos vies, elle ne constitue pas notre seule identité, nous avons d’autres facettes. Le film parle de ces personnages-là. Il est tout d’abord question d’une femme qui perd son mari, ce qui soulève la question de savoir ce qu’il reste de nous-mêmes lorsque notre partenaire, la personne sur laquelle nous avons toujours compté, n’est plus là. Dans le cas de Mary, elle s’est convertie à l’Islam, elle a appris à cuisiner, à parler une nouvelle langue, elle est devenue quelqu’un d’autre et donc la mort de cet homme entraîne une crise existentielle. C’est alors qu’elle découvre l’existence de cette Française qui a eu un fils avec son mari, ce qui l’amène à se demander : "pourquoi ai-je donc fait tout ça pour lui ? "

Ces deux femmes sont liées par cet homme, mais quand on les rencontre pour la première fois, elles semblent très différentes.
Geneviève et Mary sont deux femmes différentes, mais au fond, elles se ressemblent. Elles doivent faire des compromis pour préserver leur relation.

Le cadre du film semble s’élargir au fur et à mesure que nous apprenons à connaître ces deux femmes. Quelle en est la raison ?
Nous commençons par un gros plan, avec cette image de la falaise, et pour moi, le plan est tellement détaillé que cela nous empêche de comprendre de quoi il s’agit. À la fin du film, nous avons l’image complète. Nous voulions utiliser le cadre pour développer les idées et les thèmes du film. Au début, Mary est toujours au centre. Tout est filmé de son point de vue, et nous entendons les répliques des autres personnages hors champ. Mais au fur et à mesure que Mary entre dans la vie de Geneviève et Salomon, ces personnages sont alors autorisés à apparaître de plus en plus dans le champ, et il a un déplacement vers Solomon et Geneviève. Dans le troisième acte, les personnages ont tous leurs moments.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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