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CINÉAST 2020

Milcho Manchevski • Réalisateur de Willow

"Je suis mon intuition et j’essaie d’écouter ce que disent les personnages et l’histoire"

par 

- Le réalisateur macédonien Milcho Manchevski nous parle de son nouveau film, Willow, de son approche et des thèmes prééminents au fil de sa carrière

Milcho Manchevski • Réalisateur de Willow

Nous avons interrogé le réalisateur macédonien Milcho Manchevski, dont le dernier film, Willow [+lire aussi :
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, vient d'être présenté au festival luxembourgeois CinÉast, sur le sujet de ce long-métrage, sur son approche et sur les thèmes prééminents dans sa filmographie, ainsi que sur ses impressions pendant cette pandémie.

Cineuropa : Dans Willow, vous revenez au sujet des mères et de la maternité, que vous avez déjà abordé précédemment. Pensez-vous qu’il est particulièrement pertinent en ce moment ?
Milcho Manchevski :
C’est effectivement un thème pertinent, et pas seulement sous un angle personnel, par rapport aux désirs humains et à l’ambition : c'est aussi un champ clef révélateur des tendances de la société, notamment de la manière dont la religion, le droit et la tradition interagissent avec les développements scientifiques. Qu’est-ce que le progrès exactement ? Je n’ai pas commencé ce film avec une intention ou un message. Le point de départ pour moi était la dimension personnelle, les émotions, le conflit dramatique. Tout le reste, nous l'avons développé chemin faisant. En gros, je suis mon intuition et j’essaie d’écouter ce que disent les personnages et l’histoire, presque comme si j’étais juste un véhicule pour l’histoire, qui veut être racontée.

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Le film traite de beaucoup d’autres questions qui sont connectées, directement ou indirectement, et l'approche est similaire à celle que vous aviez adoptée dans Before the Rain. Comment procède-t-on pour construire un récit aussi complexe ?
Je joue. Je joue avec l’intrigue, avec la situation dramatique, avec les réactions des personnages à ce qui leur arrive et à ce qui se passe autour d'eux. Je laisse mon imagination s’amuser pendant l'écriture. Cela m'amène souvent à recourir à l'expérimentation au niveau de la structure, en partie parce que j'ai toujours été intéressé par l'art expérimental et contemporain. Dans Dust, j'ai exploré une structure fragmentée unifiée, alors que dans Before the Rain, c’était une structure circulaire exprimée par un triptyque. Pour Willow,j'avais envie de créer un triptyque asymétrique. Le récit n’est pas bien bouclé à la fin ; je cherchais plutôt des échos, des rimes et des éléments en contraste les uns avec les autres. Les liens sont émotionnels et thématiques plus que narratifs, à commencer par le thème prééminent de la maternité. Cela dit, les motifs de l’amour, la loyauté et la liberté (le contrôle sur les corps des femmes) sont tout aussi importants.

Visuellement, c’est un de vos films les plus luxuriants à ce jour. Comment avez-vous choisi les lieux et trouvé l’équilibre entre l’urbain et le rural, le contemporain et l'ancien ?
J’aime bien les contrastes au cinéma. Cela permet de garder une fraîcheur, et ça souligne les éléments spécifiques aux deux bouts du spectre. J’aime faire du repérage, je fais beaucoup cela moi-même, souvent avec mon responsable-décors David Munns, qui a designé tous mes films. Nous cherchons des lieux qui nous parlent, mais aussi qui reflètent les personnages et les grandes idées exprimées dans le film. Souvent, ils ont quelque chose de mythique ou d'épique – ce qui contraste fortement avec l'intimité des lieux privés. C’était le cas avec Before the Rain, Dust et Bikini Moon [+lire aussi :
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, qui a été entièrement tourné à New York City.

Pour Willow, je suis retourné à Mariovo, une région déserte au sud de la République de Macédoine du Nord. Avant, cette région était pratiquement coupée du reste du pays. C’est un plateau parsemé de roches volcaniques et l’architecture traditionnelle consiste en des maisons de pierre couvertes de fines tuiles de pierre ou de paille. Le front sud de la Première Guerre mondiale est passé dans cette zone, créant une rencontre très intéressante entre différentes cultures, quand les Français et d’autres armées se sont retrouvés en contact avec la population locale. En partie grâce aux tournages de films, la zone est en train de connaître un renouveau touristique, et je suis partagé à ce sujet.

Comment avez-vous vécu la pandémie ?
J’en parle souvent avec mes amis psychanalystes, et nous nous accordons sur l'idée que cela va avoir des conséquences significatives. Toutes les données ne sont pas encore disponibles, mais ce qui ressort déjà, c'est que la pandémie va affecter la société en profondeur. Plus ponctuellement, elle a affecté la distribution de Willows : plusieurs rendez-vous ont été annulés et de nombreux festivals, y compris CinÉast, ont pris une forme hybride ou totalement numérique. Nous sommes en train de préparer mon prochain film, Kaymak, et nous nous demandons comment procéder exactement pour garantir de bonnes conditions de sécurité. J’espère que la société va tirer des leçons de cette crise mondiale pour revoir nos priorités de manière constructive.

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(Traduit de l'anglais)

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