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CINEMED 2020 Cinemed Meetings

Maria Karagiannaki • Productrice de Anti

"Ce n’est pas uniquement de l’Histoire car tout le récit pourrait être dupliqué aujourd’hui"

par 

- Rencontre avec la productrice grecque Maria Karagiannaki de Chase The Cut qui parle du projet Anti de Vassilis Kalamakis, à l'occasion des Cinemed Meetings

Maria Karagiannaki • Productrice de Anti

Fondatrice de Chase The Cut, Maria Karagiannaki compte à son actif récent Amercement de Fokion Bogris (qui fera sa première mondiale en novembre à Thessalonique). La productrice grecque est présente au 42e Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier où elle pitche à la Bourse d’aide au développement des Cinemed Meetings (lire la news) le projet Anti, le premier long de Vassilis Kalamakis qui plonge en 1973 à Athènes, au cœur du soulèvement étudiant contre la junte militaire.

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Cineuropa : Qu’est-ce qui vous donné envie de produire Anti ?
Maria Karagiannaki : C’est un projet local revenant sur un chapitre de l’Histoire récente de la Grèce, mais qui permet aussi de parler de quelque chose non seulement d’universel mais qui se produit également actuellement. Anti n’est pas centré sur la façon dont les évènements se sont exactement produits en novembre 1973, mais principalement sur les personnages, sous l’angle des gens ordinaires, ce qui amène le film à montrer que personne n’est né pour être un héros. Mais quand les libertés et les valeurs fondamentales sont menacées, des individus sont prêts à franchir les portes de l’enfer pour défendre ce à quoi ils croient. C’est plus ou moins ce qui se produit en ce moment dans notre monde avec le mouvement Black Lives Matter ou même les Gilets Jaunes : des gens qui réagissent à ce qu’ils considèrent comme une injustice et qui réclament une existence meilleure, même si c’est au risque de leur propre sécurité. Bien sûr, dans Anti, il s’agissait alors de lutter contre une dictature militaire, mais c’est utilisé comme une métaphore. Le projet ne traite pas la dictature à la manière d’un événement historique, ne creuse pas en profondeur les nombreuses façons dont les gens ont été torturés à cette époque. Il s’intéresse à plusieurs personnages dont les vies sont happées par les événements et qui sont contraints à prendre des décisions, sans savoir à quoi elles aboutiront, ni ce qu’elles déclencheront. Ils n’ont ni toutes les informations, ni une vision claire de ce qui se passe autour : ils agissent juste instinctivement. Que ce soient ceux qui décident de risquer leurs vies pour leurs valeurs ou ceux qui mettent la priorité sur leurs familles et qui jouent la sécurité, aucun n’a raison à la fin : ils paient tous les conséquences de leurs décisions.

Quels sont les personnages principaux ?
Il y a trois binômes. D’abord, deux étudiants chevauchant la vague de la révolution à l’intérieur de l’École Polytechnique d’Athènes, voulant changer le monde, mais qui ne sont pas d’accord sur le comment, ce qui provoque un conflit entre eux. Puis il y a deux médecins hospitaliers à qui le régime demander de dénoncer les fauteurs de troubles, ce que l’un des deux accepte au départ, mais qui se rendent compte qu’il ne s’agit en réalité que de simples protestataires violentés au-delà de toute mesure par la police, et qui se retrouvent donc face à un dilemme moral : fermer les yeux par sécurité ou s’opposer et risquer sa vie. Enfin, il y a deux soldats de 20 ans venant de commencer leur service militaire et qui sont plongés dans un environnement où les ordres sont d’entrer avec un tank dans l’École Polytechnique et tuer les étudiants, des jeunes du même âge qu’eux, d’où un autre dilemme qui ressemble à celui de Nuremberg : sommes-nous ou non responsables des ordres auxquels nous obéissons ?

Anti est un drame historique, mais ce n’est pas uniquement de l’Histoire car tout le récit pourrait être dupliqué aujourd’hui, dans une situation contemporaine, et cela fonctionnerait toujours. C’est pour cette raison que j’ai la conviction que cela parlera aux spectateurs de tous les pays, mais particulièrement en Europe car par exemple la France et l’Allemagne ont été les pays les plus actifs dans le soutien aux révolutionnaires grecs dans les années 70, en accueillant les leaders politiques grecs en exil. Pour mémoire, à cette époque, partout en Europe se posait le problème des régimes autoritaires. Qu’ils soient de gauche ou de droite, peu importe : le fascisme est le fascisme quelle que soit la couleur. Le sujet de Anti encore très émotionnel en Grèce et j’espère attirer, au-delà des financements publics traditionnels, des fonds privés grâce au tout nouveau système d’incitations fiscales qui offre 30% de déduction d’impôt aux privés qui investissent dans le cinéma.

Ce projet est-il représentatif de la ligne éditoriale de Chase The Cut ?
Chase The Cut est centré sur les cinéastes émergents. Je n’ai pas de genre de prédilection, mais j’attache une attention toute particulière à accorder autant d’importance qualitative à l’aspect narratif qu’au point de vue artistique. Selon moi, c’est de cette manière que le cinéma pourra continuer à aller de l’avant, conserver un public pour les films européens et à donner aux cinéastes la motivation pour trouver des façons innovantes de raconter leurs histoires. Je ne suis pas contre les films purement artistiques, ce n’est simplement pas mon objectif et des producteurs font un travail formidable en la matière. Je crois qu’il est important de se concentrer sur des histoires auxquelles les spectateurs puissent se connecter, qui aient du sens, qui offrent quelque chose d’artistique, mais surtout qui captivent le public.

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