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EUROPE

Maria Bonsanti  • Directrice d’Eurodoc

"Cette fragilité, c’est aussi ce qui fait la force du cinéma documentaire"

par 

- Maria Bonsanti, la directrice du programme dédié aux documentaires de création, évoque les paradoxes du travail en ligne, la future reprise des tournages et l’identité d’Eurodoc

Maria Bonsanti  • Directrice d’Eurodoc

Alors que l’un des projets développés sous la bannière Eurodoc, la coproduction franco-italienne Selfie [+lire aussi :
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d’Agostino Ferrente (nominé à l’European Film Award 2019 du meilleur documentaire) sera en lice demain soir lors de la cérémonie des David di Donatello 2020, nous avons dialogué avec la directrice du programme, Maria Bonsanti. Réseau de plus de 1000 professionnels du documentaire issus de 60 pays, Eurodoc (qui est basé à Paris) est un programme annuel de formation s'adressant principalement aux producteurs européens et apportant son expertise sur l’analyse artistique des projets, la relation entre le producteur et le réalisateur, la négociation des droits, le financement du développement, la budgétisation, les modes de production, l’identification des partenaires internationaux potentiels, la constitution des dossiers, le trailer, la préparation aux pitchings, l’établissement d'accords de coproduction compatibles, la promotion du film et la distribution.

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Cineuropa : Quand les tournages pourront reprendre, est-ce que cela ne sera pas un peu plus facile pour les documentaires que pour les fictions ?
Maria Bonsanti :
C’est bien possible car les documentaires font appel à des systèmes qui sont sans doute plus légers du point de vue de la production. Par ailleurs, il y a également davantage de flexibilité car il y beaucoup de documentaristes qui sont jeunes, donc dotés de capacités d’adaptation accrues. En ce sens, ce sera plus facile, mais par contre, la communauté du documentaire voyage beaucoup, filme souvent ailleurs, et il y a de très grandes incertitudes dans ce domaine. C’est évidemment difficile de généraliser car la gamme des films documentaires est très vaste, mais il est clair que la flexibilité et ce que l’on appelle souvent la fragilité sont les deux faces d’une même médaille. Car cette fragilité, c’est aussi ce qui fait la force du cinéma documentaire dans sa capacité de se réinventer et dans sa fluidité.

Comment le programme Eurodoc s’est-il adapté à la crise sanitaire ?
Fin février, juste après Berlin, nous avons dû prendre la décision d’annuler la dimension physique de notre première session 2020 qui devait se dérouler à Aoste, en Italie (avec le soutien de la Film Commission locale). Comme cette première des trois sessions annuelles est surtout dédiée à la structure des projets, nous avons organisé des consultations en one-to-one entre nos experts et les porteurs des 26 projets de notre sélection 2020. Ce qui manque néanmoins, c’est l’aspect création d’un groupe qui est quand même fondamental pour les programmes de formation. C’est pour cette raison que je trouve qu’il faut faire attention quand on dit qu’on peut se mettre en ligne. On peut le faire en ce moment car c’est un état d’urgence et il y aura sans doute des choses à prendre et à retenir de cette expérience, mais la qualité de ce type de programme qui est le partage et la constitution d’une communauté internationale est endommagée par ce style de fonctionnement. Notre seconde session se tiendra début juin encore en ligne et nous sommes bien mieux préparés qu’en mars car nous avons appris à optimiser les outils comme Zoom ou les plateformes de partage de documents, à identifier la meilleure façon de gérer les groupes et le nombre maximum de participants pour que la parole puisse vraiment circuler. Cela n’a rien à voir avec l’intensité d’une session physique, mais nous sommes confrontés à ce paradoxe de ne pas être en mesure d’offrir ce que nous offrons normalement tout en ressentant le besoin désespéré de contact et d’échange de la part de nos sélectionnés qui veulent faire avancer leurs projets. Mais il ne faut se cacher que la situation est difficile et nous travaillons actuellement dans un collectif réunissant des programmes comme EAVE, le Torino Film Lab et d‘autres, pour essayer de dialoguer avec Creative Europe et Media afin d’obtenir le maximum de souplesse par rapport aux financements attribués.

Qu’est-ce qui distingue Eurodoc des autres programmes de formation ?
Il suffit de regarder quels films sont passés par notre programme pour constater que nous avons un profil très cinéma, axé sur les documentaires de création. Pour être efficace, il est très important d’avoir un profil très précis. Nous tenons aussi beaucoup à la dimension assez intime du programme et à avoir une vraie ligne éditoriale dans le choix des projets tout en respectant évidemment la variété du cinéma documentaire. Ces dernières années, parmi les films développés à Eurodoc et sélectionnés dans des festivals majeurs qui ne sont pas des événements spécifiquement dédiés aux documentaires, on peut citer par exemple Selfie d’Agostino Ferrente qui a fait sa première au Panorama de la Berlinale, Still Recording [+lire aussi :
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de Saeed Al Batal et Ghiath Ayoub qui a remporté le prix principal à la Semaine de la Critique de la Mostra de Venise, Scheme Birds [+lire aussi :
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de Mila Turajlić. Autant de films aux langages cinématographiques très variés qui sont à la fois artistiquement exigeants et accessibles pour le public.

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