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TRIBECA 2020

Anissa Bonnefont • Réalisatrice de Wonder Boy, Olivier Rousteing, né sous X

"La recherche de ses origines, cela va puiser dans les tripes"

par 

- Anissa Bonnefont parle de Wonder Boy, Olivier Rousteing, né sous X, son premier long documentaire, nominé aux César et actuellement en compétition à Tribeca

Anissa Bonnefont  • Réalisatrice de Wonder Boy, Olivier Rousteing, né sous X

En compétition (et en première internationale) au 19e Festival de Tribeca qui se déroule actuellement en ligne pour les jurys et les professionnels, Wonder Boy, Olivier Rousteing, né sous X [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Anissa Bonnefont
fiche film
]
, le premier long documentaire de la cinéaste française Anissa Bonnefont, fait le portrait du jeune directeur artistique de Balmain, star de la haute couture mondiale et en quête d’identité à travers la recherche de ses parents biologiques.

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Cineuropa : Wonder Boy, Olivier Rousteing, né sous X est né du croisement de votre histoire personnelle et d’une rencontre.
Anissa Bonnefont :
C’est exactement ça. Je ne suis pas du tout une férue de mode et j’ai rencontré Olivier par hasard parce que ma mère lui vendait la maison qu’on voit dans le film. J’habitais alors à Los Angeles, j’étais de passage à Paris pour trois jours et en allant voir ma mère, Olivier était là. Ma mère m’avait un peu raconté son histoire et comme la mienne était un peu similaire, parce que même si je ne suis pas passée par la DASS (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales), j’ai été abandonnée quand j’avais trois ans par mon père biologique et je suis allée le retrouver à l’âge de 23 ans, j’ai demandé à Olivier s’il avait effectué ces démarches parce que cela me semble important pour comprendre qui l’on est. Il m’a dit qu’il avait essayé, mais qu’il avait abandonné la recherche. Nous avons donc commencé à discuter de tout cela. Je pense qu’Olivier n’a pas vraiment l’habitude qu’on soit naturel avec lui, qu’on lui parle comme on le ressent. Du coup, nous avons eu très rapidement un rapport très intime. Je lui ai aussi demandé si on lui avait déjà proposé de faire des documentaires parce qu’il y a quand même beaucoup de documentaires sur la mode. Car tout s’alliait pour qu’il y ait une narration très forte, entre son histoire personnelle et son immense succès pour un homme si jeune. C’est comme cela que tout a démarré, un peu comme une surprise de la vie pour tous les deux.

Votre intention était donc de suivre son parcours de recherche de ses parents génétiques en travaillant sur le contraste avec l’univers de la mode ?
Je n’aurais pas voulu faire un film exclusivement sur la mode. Ce qui m’intéressait, c’était sa recherche personnelle, donc il fallait évidemment qu’il ait envie d’entreprendre cette recherche et que je puisse le suivre dans sa vie de tous les jours, donc dans cette arène hyper excitante qu’est la mode. Je voulais montrer ce contraste, surtout là d’où il vient et ce qu’il a réussi à créer car c’est un message positif pour beaucoup de jeunes d’aujourd’hui qui sont en manque d’appartenance, qui ne trouvent pas trop leurs repères, qui ne croient plus en grand chose.

Quid de la part d’incertitude du tournage puisque vous ne saviez si sa recherche de ses origines allait déboucher concrètement ?
C’était un vrai pari. Il y avait de fortes chances qu’on ne trouve rien dans son dossier. Mais je trouvais ça intéressant de montrer justement ce qui se passe à partir du moment où un enfant abandonné commence ses recherches. S’il y a un dossier vide, que se passe-t-il ? Où peut-il aller ? Quelles sont ses chances ? Peut-il continuer ? J’espérais évidemment qu’il y aurait quelque chose dans le dossier qui nous permettrait d’aller plus loin dans l’histoire, même si cela allongeait encore la durée d’un tournage qui avait déjà été très long. Mais même si nous n’avions rien trouvé, cela aurait été intéressant car il faut montrer aussi les failles de ce système. Car la naissance sous X en France, c’est quand même très particulier. Les lois commencent à bouger, mais c’était très archaïque.

Le film est une sorte d’introspection en direct.
La recherche de ses origines, vouloir connaître son histoire et d’où l’on vient, c’est extrêmement puissant, cela va puiser dans les tripes. Cela tourne à l’obsession et l’on se pose beaucoup de questions. Je ne connaissais pas du tout Olivier Rousteing, juste de nom pour son travail, mais ce qui m’a tout de suite surprise, et je me suis dit que c’était très important de l’inclure dans la narration, c’est la solitude profonde de sa vie personnelle, ce silence presque gênant qui règne dans cette immense maison où il est seul après des journées où il est sur entouré, avec du bruit et de la musique tout le temps. Une solitude complètement à l’opposé de ce qu’on voit sur Instagram ou quand on lit ou qu’on écoute ses interviews.

Quelles étaient vos intentions de mise en scène pour les séquences dans l’univers de la mode ?
Je n’avais jamais filmé, ni je n’étais même allée à un défilé, donc au départ je me suis laissé porter par la découverte d’un univers assez puissant parce que les backstages d’un défilé, c’est quand même la folie, c’est excitant et amusant à voir. Mais petit à petit, tout comme le spectateur qui devient de plus en plus proche d’Olivier, j’ai axé ces séquences sur ses états d’âme, les émotions qu’il vivait à ces moments là par rapport à sa recherche. Il fallait d’abord montrer la mode comme son métier et son univers, mais qu’elle devienne très vite le reflet de ses sentiments intérieurs.

Quel sera votre prochain projet ?
J’ai commencé le tournage, et j’espère le reprendre à la fin de l’été, d’un documentaire sur Nadia Nadim, une footballeuse du Paris Saint-Germain qui est d’origine afghane et qui a dû fuir son pays à l’âge de douze ans à la suite de l’assassinat de son père par les Talibans. Encore une histoire de résilience et un sacré parcours.

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