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BERLINALE 2020 Forum

Paloma Sermon Daï • Réalisatrice de Petit Samedi

"Une histoire d’amour filial et maternel, un film sur ce que c’est qu’être une mère, ce que c’est qu’être un fils"

par 

- BERLINALE 2020: Rencontre avec la Belge Paloma Sermon Daï qui présente au Forum de la Berlinale son premier long-métrage, le documentaire Petit Samedi

Paloma Sermon Daï • Réalisatrice de Petit Samedi

Rencontre avec la jeune réalisatrice belge Paloma Sermon Daï qui présente au Forum de la 70e Berlinale son deuxième film et premier format long, le documentaire Petit Samedi [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Paloma Sermon Daï
fiche film
]
, qui aborde la question de l’addiction au travers la relation intense et bouleversante qui unit une mère seule et son fils toxicomane, vers une possible guérison.

Cineuropa : Pourquoi avoir choisi d’aborder ce sujet très intime ?
Paloma Sermon Daï :
Je viens de Sclayn, le village où est tourné le film. Je pense que j’avais beaucoup de choses à dire sur mon territoire, et sur des sujets qui me sont très intimes, et c’est surement ce qui m’a poussée vers le cinéma documentaire à la base. En 2018, mon frère Damien n’allait pas bien du tout, il essayait de se soigner mais peinait à trouver une structure qui lui corresponde. J’ai eu envie de prendre tout ça comme un gros bloc de terre, et de dire: "Toute cette boue, on va en faire une statue". J’ai remarqué que chaque fois que je filmais Damien seul, il avait une carapace beaucoup plus épaisse que quand il était avec ma mère. Au départ, j’avais imaginé des scénettes burlesques, qui rythmaient le film, mais au final, leur relation était tellement vraie, que j’ai élagué. C’est comme en cuisine, quand on a de bons produits, il ne faut pas rajouter trop d’ingrédients autour, sinon on perd les goûts.

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Comment avez-vous convaincu votre famille de vous faire confiance ?
Quand j’ai abordé le sujet pour la première fois avec Damien, il avait déjà envie d’aider les autres. Que les gens touchés par l’addiction puissent se dire: "Je ne suis pas tout seul". Comme le dit ma mère dans le film, toutes les familles sont touchées par des problèmes, d’une façon ou d’une autre. Et malgré tout, les gens qui ont des addictions comme Damien se soignent rarement. Il a beaucoup d’amis morts très jeunes, faute d’avoir eu la même force de vie, et un entourage qui les soutient. Il voulait parler.

Au début c’est un film sur Damien, et puis émerge un autre personnage, celui de votre mère…
Ma mère s’occupe beaucoup de Damien, mais c’est une codépendance. Damien s’occupe aussi beaucoup de ma mère, elle peut compter sur lui. Je suis contente que l’on ait abordé la question de l’addiction à travers une relation mère/fils, qu’on soit dans quelque chose d’un peu différent, dans le format aussi. Finalement, c’est une histoire d’amour filial et maternel, un film sur ce que c’est qu’être une mère, ce que c’est qu’être un fils. Si Damien n’aimait pas sa mère, il serait parti en roues libres. Là, il avait ce point d’ancrage; cette raison de garder la tête hors de l’eau, de rester quelqu’un de respectable.

Au fil du film, la caméra se rapproche de plus en plus des protagonistes.
Pour les scènes du début dans la chambre avec Damien, quand il se shoote, l’idée était d’en parler sans en parler, de le montrer sans le montrer. Il fallait trouver un regard juste. Ca n’aurait rien apporté au film d’être frontal avec lui dans ces moments un peu sombres où il se fait du mal. Et puis ces conversations nous ont donné envie de nous rapprocher de plus en plus de leurs émotions, car on sentait qu’on pouvait se le permettre. C’est quand même un film très statique, et on a eu envie d’être de plus en plus intime. Cette proximité pousse aussi le spectateur à se demander ce que lui aurait fait.

Si ce film est centré sur la relation entre Damien et sa mère, le territoire reste néanmoins bien présent.
Les petits villages wallons comme celui du film sont un peu laissés pour compte. Si Damien a grandi comme ça, c’est aussi une question liée au territoire. Il faisait partie d’une bande de jeunes qui faisaient les 400 coups. Des enfants perdus livrés à eux-mêmes. Damien avait la structure de sa famille comme refuge heureusement, mais il a eu une jeunesse mouvementée.

Jeunesse évoquée par la première scène du film, une scène de soirée électro déchaînée, qui trouve un écho plus tard dans le film…
A l’écriture, je voulais plus aborder la jeunesse de Damien, le moment où les addictions sont nées. Je voulais trouver une façon d’évoquer ça, mais aussi le fait que cette jeunesse soit comme un fantôme pour Damien. A la base c’était un jeune comme les autres qui allait en soirée pour s’amuser et se découvrir. Jusqu’au jour où il fait la bêtise qui change tout, une fois, suite à une mauvaise rencontre. Dans la scène de la grotte, on retrouve cette musique, ça rappelle ce poids qu’il a sur les épaules depuis toujours. C’est très compliqué pour Damien de se dire qu’une erreur, une fois, fait que 20 ans plus tard il est en soit arrivé là. Damien est certes dans l’autodestruction via son addiction, mais malgré tout, il essaie de se maintenir, de rester en bonne santé. Cette bêtise de jeunesse est tellement frustrante. C’est aussi ce que je voulais dire avec ce film, que ça pouvait arriver à tout le monde. On a tous droit à une deuxième, troisième, quatrième chance. En tous cas quand c’est ton enfant, tu la lui donnes. C’est ce que m’a appris ma mère.

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