email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

NAMUR 2019

Yoon Sung-A • Réalisatrice de Overseas

"L’exil, l’arrachement affectif, c’était des choses que j’étais capable de comprendre"

par 

- Cinergie a rencontré la réalisatrice Yoon Sung-A pour parler de son documentaire Overseas, qui vient d’être diffusé au FIFF de Namur

Yoon Sung-A • Réalisatrice de Overseas

Overseas [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Yoon Sung-A
fiche film
]
, le dernier long-métrage de Yoon Sung-A, vient d’être diffusé au FIFF dans la catégorie Place au doc belge ! après avoir fait ses débuts à Locarno dans la section Cinéastes du présent. Le film voyage, sa réalisatrice aussi. Entre deux festivals, Cinergie a rencontré Sung-A Yoon à Bruxelles pour échanger autour de son film.

Cinergie : Pour quoi avez-vous choisi ce sujet ?
Yoon Sung-A :
Ce qui m’intéressait, c’était de parler d’une migration féminine, du travail domestique et de notre monde globalisé. Le travail domestique, c’est un métier complétement invisible, c’est un emploi extrêmement genré, exercé principalement par des femmes.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

En lisant le livre d’Asuncion Fresnoza-Flot, cette sociologue philippine, j’ai découvert que le gouvernement philippin institutionnalisait cette migration en envoyant des femmes partir travailler à l’étranger pour des contrats de deux ans d’une manière totalement légale. J’avais connaissance de femmes sans-papiers venant d’autres pays comme la Côte d’Ivoire ou Haïti, mais en Philippines, j’ai découvert que c’était le gouvernement qui organisait ce système. Ça m’a frappée et je suis allée plus loin. C’est comme ça que le film est né.

Quid sur le rencontre avec les femmes ?
Quand je suis arrivée aux Philippines, il y avait ce groupe de femmes qui se préparait au départ. Elles n’avaient pas été prévenues de ma présence, ça a été une surprise pour elles. On leur a évidemment demandé si elles voulaient bien qu’on les filme, mais la rencontre aurait pu ne pas avoir lieu. C’est aléatoire : on est en documentaire. J’avais choisi le lieu mais pas les personnages, c’était donc quitte ou double. J’ai appris à les connaître et en fait, elles ont adhéré à 100% au film. Elles étaient très motivées et en même temps, je sentais qu’il fallait leur laisser un temps de parole, de "jeu". C’était comme un besoin qu’elles avaient et elles l’ont pris immédiatement.

Je les sentais extrêmement heureuses de partager ça et puis, elles ont compris petit à petit quel genre de film je voulais faire. Elles ont bien vu que je n’étais pas dans quelque chose de sensationnaliste. Elles étaient extrêmement étonnantes et hyper naturelles devant la caméra, elles comprenaient le film, c’était très fort comme expérience.

Quelles résonances a eu cette expérience pour vous ?
Quand j’ai fait le film, étrangement, j’ai reconnecté des choses par rapport à ma propre histoire. Avant Overseas, j’avais fait un long-métrage documentaire, Full of Missing Links, qui traitait de la recherche de mon père en Corée du Sud que je n’avais pas vu depuis 25 ans. Je me suis rendue compte que l’une des raisons profondes pour lesquelles j’avais fait ce film, c’était que j’avais l’impression de comprendre ces femmes qui quittent leurs enfants, qui ont un arrachement affectif par rapport à leurs pays et leurs attaches culturelles. Ça a été l’un des moteurs. L’exil, la séparation familiale, l’arrachement affectif, c’était des choses que j’étais capable de comprendre et je me sentais extrêmement en empathie avec ces femmes.

La situation de ces femmes, pourrait-elle changer ?
Je ne sais pas si ces femmes sont plus fortes, mais je me dis que le simple fait qu’elles aient pu vivre cette expérience où elles se sentaient à l’écoute et mises en valeur a peut-être pu changer quelque chose chez certaines d’entre elles. On leur a envoyé le film, elles l’ont vu. Aujourd’hui, elles sont très fières de voir que le film est montré. Quand je leur envoie des photos de salles pleines ou des articles de presse qui disent qu’elles sont filmées dans toute leur dignité, qu’elles ont une forte volonté, qu’elles sont extraordinaires, et ça les rend extrêmement heureuses. Je ne pense pas que les films changent la face du monde mais je me dis que si mon film pouvait changer ne serait-ce que très légèrement le regard des gens sur ces femmes, il aura servi à quelque chose. À Locarno, une femme m’a interpellée à la fin de la projection, elle a éclaté en sanglots devant moi. J’ai pensé que si je pouvais provoquer cet état chez les gens, ça pourrait peut-être changer un tout petit quelque chose et rien que ça, c’est énorme pour moi en tant que réalisatrice.

(Lire l’interview complète ici.)

En collaboration avec

 

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy