email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LE CAIRE 2019

Andrei Gruzsniczki • Réalisateur de Zavera

"D'une certaine manière, tous mes films traitent le sujet de la confiance"

par 

- Cineuropa a rencontré le réalisateur roumain Andrei Gruzsniczki pour discuter de son troisième film, Zavera, qui a fait sa première mondiale en compétition internationale au 41e Festival du Caire

Andrei Gruzsniczki  • Réalisateur de Zavera

Zavera [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Andrei Gruzsniczki
fiche film
]
, qui a fait sa première mondiale au 41e Festival international du film du Caire, est ce qu’on pourrait appeler un drame familial/psychologique roumain typique. Le film tourne autour de Stefan, qui est témoin de la mort brutale de son meilleur ami et associé Nick au cours d’un voyage à vélo. Il découvre bientôt que Nick n’était pas un aussi bon manager ou mari qu’il le prétendait. Ces découvertes vont amener Stefan à remettre en question les intentions d'autres personnes qu’il pense bien connaître. Nous nous sommes entretenus avec le réalisateur du film, Andrei Gruzsniczki.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Cineuropa : Votre dernier film, Quod erat demonstrandum [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Andrei Gruzsniczki
interview : Andrei Gruzsniczki
fiche film
]
, est sorti il y a six ans. Pourquoi Zavera vous a-t-il pris autant de temps ? C’est un film à l'échelle relativement modeste, avec un seul personnage principal.
Andrei Gruzsniczki : L'histoire que j’avais imaginée au départ comportait huit personnages principaux, et se déroulait sur une seule journée. Il se passait en outre dans une immense villa, avec des domestiques et tout et tout. Il y avait une unité d’action, de temps et de lieu.

Comme dans une tragédie grecque ?
Ou Festen de Thomas Vinterberg. Comme je n’ai pas pu réunir de fonds pour ce projet, je me suis concentré sur un personnage et son meilleur ami défunt. J'ai cependant conservé le chiffre huit : le film suit huit jours de la vie de Stefan après la mort de Nick et s'organise en plusieurs parties distinctes. La séquence d’ouverture, où l’on voit les deux amis à vélo, n’est qu’un préambule. Stefan doit trouver un moyen de surmonter le décès de son ami et de réparer le désordre qu’il a laissé derrière lui dans l’entreprise, puis démarrer une nouvelle vie. Au bout du compte, il s’avère que cette nouvelle existence est identique à l’ancienne, à quelques détails près. Stefan a 50 ans, un âge qui, selon Carl Gustav Jung, représente l’apogée de la vie d’un homme, après quoi tout ne fait que décliner. Il doit donc décider ce qu'il va faire ensuite.

Après avoir découvert la vie secrète de Nick, il perd foi en lui, et se demande également s’il peut faire confiance à sa propre famille et à ses amis. Ce thème est-il important pour vous ?
Dans un sens, tous mes films traitent du sujet de la confiance : mon tout premier, The Other Irina, évoquait la confiance entre un homme et une femme, le deuxième la notion de confiance pendant la période communiste. Dans Zavera, le concept renvoie davantage à la recherche de la vérité ultime, qui ne peut être découverte, car une telle chose n’existe pas.

Stefan a une foule de soucis.
Il est déchiré entre aider ses enfants à grandir et soutenir sa mère vieillissante. Comme il est également en proie à des troubles intérieurs, la difficulté est double. Les cinq jours qui suivent la mort de Nick représentent les cinq étapes du deuil. Ces différences sont visibles dans les couleurs et les costumes, et chaque partie comporte une scène qui met à nu l’état d’esprit de Stefan : lorsqu’il tente de négocier ou de se montrer ferme comme Nick, et qu’il échoue. Ce que je voulais faire comprendre aux gens, c’est que Stefan essaie de devenir une meilleure version de lui-même.

C’est un processus difficile.
Tout d'abord, c'est qu'il réagit d’une façon très discrète, silencieuse. C’est comme cela que les Roumains font face aux émotions : nous ne sommes pas exubérants, nous gardons nos sentiments enfouis en nous. Les Occidentaux tentent de renfermer leurs émotions puis ils les expriment, mais nous fonctionnons un peu différemment. J’ai fait un tournage avec une équipe roumaine pour une production américaine, et les membres roumains de l’équipe n’arrêtaient pas de se crier dessus. Les Américains ont demandé pourquoi nous étions si énervés les uns envers les autres, mais nous ne l’étions pas, c’est juste notre façon de parler. Cependant, je ne voulais pas montrer cet aspect. Stefan essaie aussi d'agir comme il faut, avec correction : par exemple il trie ses déchets, alors que comme on le voit, tout va finir dans le même conteneur.

C’est un sacré défi pour un réalisateur de présenter un personnage qui traverse en silence un événement dramatique.
Je me sers de l’humour noir, qui marche bien en Roumanie. Je maintiens Stefan dans un conflit permanent avec les autres, et la tension vient du fait qu'on a fait en sorte que le public se sent tout du long connecté à lui. Il y a quelques scènes lentes, répétitives, comme celle où il attend son café, ce qui permet aux spectateurs de réfléchir à leurs propres vies.

Qu’est-ce qui vous attend, maintenant que la première de Zavera est passée ?
Je suis en train de monter mon quatrième film, Beyond Dust. Je prévois d'en finir le montage en décembre, de manière à ce que le film soit prêt en janvier. On pourra y suivre la vie de deux octogénaires dans la Roumanie rurale.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Alexandre Rousset)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy