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BLACK NIGHTS 2019 Compétition

Gerard Johnson • Réalisateur de Muscle

"Les hommes ont des problèmes"

par 

- Cineuropa a parlé à Gerard Johnson, réalisateur de Muscle, en compétition au Black Nights de Tallinn, un film sur la masculinité toxique et le culturisme

Gerard Johnson  • Réalisateur de Muscle
(© Conor Masterson)

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, projeté en compétition au Festival Black Nights de Tallinn, engagerait Arnold Schwarzenegger à repenser deux fois à sa routine sportive, comme Simon (Cavan Clerkin), un employé de call centre devenu passionné de culturisme, le découvre de la manière la plus brutale. Notamment après sa rencontre avec Terry, qui veut l’aider, même si cela veut dire qu’il va l’accueillir chez lui. Nous avons discuté avec le réalisateur du film, Gerard Johnson.

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Cineuropa : 2019 fait l'effet d'être la grande année de la masculinité toxique. On y voit une quantite de personnages doux qui se rapprochent de modèles masculins plus forts. En savez-vous plus sur ce que ça veut dire d’être un vrai homme, aujourd’hui ?
Gerard Johnson :
Les hommes ont des problèmes – ils ont beaucoup d’émotions réprimées. Alors ils vont où ? Soit le truc reste renfermé entre eux, soit ça devient autre chose. J'avais depuis longtemps cette idée d'histoire sur un coach personnel qui essaie de prendre le contrôle de la vie de quelqu’un d’autre. Toute cette "culture de la salle de sport " a vraiment explosé ces quinze dernières années. Il y a deux types de salles différents : les salles "vie saine" et les salles où tu mords la poussière, qui sont des pépinières pour le machisme exalté. Là, le meilleur est celui qui peut lever les poids les plus lourds et faire le plus de bruit – c’est une énergie d’animal sauvage.

On voit la salle de sport comme une chose positive : une résolution de Nouvel An, un lieu plein de gens qui s’occupent de leur santé. Sauf que Terry dit : "On s’en fout de la santé, ce qu'on veut, c'est être plus gros et plus fort".
C’est ça le truc : être en forme est devenu si important. Tout le monde sait ce que signifie "cardio-vasculairee. Mais beaucoup de ces gars prennent des stéroïdes. Pour eux, être en forme renvoie à l'image d'un coureur de marathon tout fin. Il est plus important d’avoir l'air costaud, même si ça signifie avoir une attaque cardiaque avant 45 ans. C’est une manière de faire de son corps une armure, vous savez ? C’est la même chose quand on se couvre de tatouages : ça vous protège et ça envoie un message. Si on n'est pas dans une relation amoureuse ou si ça ne va pas très bien, ou on déteste son boulot, c’est une porte d'entrée, une manière d’appartenir à une tribu et d’essayer d'être la meilleure personne qu’on puisse être. Après avoir tourné la première partie du film, nous avons pris trois mois de pause pour que Cavan puisse changer. Il avait un entraîneur personnel et six repas par jour, et il a complètement transformé son corps.

Votre histoire prend un tour sombre qui rappelle les thrillers des années 1990, comme J.F. partagerait appartement, où une fille qui donne l’impression d’être une amie s’insinue dans la vie de quelqu'un. Mais il y a aussi des aspects assez drôles.
Au Royaume-Uni, le film a été accueilli avec pas mal de rires. C’est une comédie noire. Terry est censé être un monstre, mais la manière dont il transforme petit à petit la vie de Simon est aussi drôle. Avant même qu’il s'en rende compte, il est en train d'organiser tout un tas de fêtes chez lui, et il est coincé. En même temps, il voit des progrès. Son corps a changé, même si ce gars le malmène. Il est accro à ça, il est accro à Terry. À un moment, il comprend que Terry n’est peut-être pas la personne qu’il pense qu’il est, mais il y a quelque chose qui fait qu'il est attiré vers lui.

Vous ne semblez pas être très intéressé par l’idée de montrer qu'il va résoudre ses problèmes avec sa femme, mais on a quand même de l’empathie pour lui. Il est coincé dans ce boulot au call centre – qui représente l'idée qu'on se fait tous de l’enfer sur terre, non ?
Pour tout vous dire j’ai fait ce boulot, et c’était effectivement l’enfer. Si on faisait une bonne semaine, c’était super, mais dès qu’on avait du retard dans ses ventes, ça pouvait devenir très déprimant. Le speech que fait son boss est totalement inspiré de ma propre expérience. Quand je travaillais dans cet environnement, je me disais : "On pourrait en faire un film". Je sais que ce n’est qu'une petite partie de Muscle, mais je voulais montrer cette atmosphère. Quand Simon a rencontré sa femme, il allait bien, et puis les roulettes sont tombées. Soudain, il n’avait plus confiance en aucun aspect de sa vie.

Pourquoi la photographie en noir et blanc ? C’est assez pratique pour les scènes de partouze – on ne peut qu’imaginer ce que ça aurait donné en couleur.
Je regardais des photographies de salles de sport et de boxe, et beaucoup de ces documents sont en noir et blanc. Aussi, c’est pour cela que j’ai tourné à Newcastle, j’étais attiré par la Nouvelle Vague britannique des années 1960 : Un goût de miel, Samedi soir, dimanche matin, Le Prix d'un homme. Ces films se passent tous dans ce genre de ville, dans des environnements industriels. À présent, les call centre sont les usines de jadis. Ils vendent un certain style de vie, et les gens sirotent des cappuccinos, mais ils ne sont pas différents, tout bien considéré. Quand j’ai eu l'idée du film, c’était avant Roma, Bait [+lire aussi :
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ou The Lighthouse. Il a toujours été en noir et blanc dans ma tête.

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(Traduit de l'anglais)

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