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Guy Daleiden • Directeur du Film Fund Luxembourg

"Donner la possibilité à nos sociétés de se diversifier, et de ne pas rater le train digital"

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- Rencontre avec Guy Daleiden, directeur du Film Fund Luxembourg, qui revient pour nous sur la spécificité du secteur audiovisuel luxembourgeois aujourd’hui

Guy Daleiden  • Directeur du Film Fund Luxembourg

Le Film Fund Luxembourg accueille cette année les 16e Rencontres de Coproduction Francophones (RCF). Guy Daleiden, directeur du Film Fund Luxembourg, revient pour nous sur l’objectif des RCF, la spécificité du secteur audiovisuel luxembourgeois aujourd’hui, et ses principaux défis pour les années à venir.

Cineuropa : Quel est l’objectif des Rencontres de coproduction francophones?
Guy Daleiden : Les Rencontres de la coproduction francophones qui réunissent 6 pays de la Francophonie du Nord (Luxembourg, Belgique, Canada, France, Québec, Suisse), auxquels s’ajoute cette année la Tunisie, ont pour but d’essayer de monter des coproductions entre nos différents territoires. C’est un moment de rencontre extrêmement important pour nos professionnels, producteurs, cinéastes, distributeurs, diffuseurs… Même s’ils se connaissent, ils sont ici « enfermés » pendant deux ou trois jours ensemble, le moment idéal pour échanger, parler, présenter leur projet, l’analyser, aller un peu plus loin, pour nouer ou développer des contacts. Le secteur de la production audiovisuelle, c’est avant tout une histoire d’humains, de rencontres. Ce sont parfois de vraies relations de couple! C’est la possibilité de mieux se connaître, pour développer des collaborations plus riches.

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Quel premier bilan peut-on tirer de l’état de la production francophone?
Je crois que la production francophone se porte bien, quand on voit le nombre d’oeuvres produites et en gestation. En unissant nos forces, on peut bien sûr combiner les moyens financiers. La coproduction est capitale sur des territoires comme les nôtres, mais on doit aussi réunir nos compétences et qualités artistiques. Ouvrir notre production aux coproductions internationales, c’est aussi un moyen d’élargir les horizons artistiques et créatifs. On cherche à diversifier les partenaires, ou explorer de nouveaux genres, notamment en se tournant vers le Sud, la Tunisie, l’Afrique, le Moyen-Orient, ou vers le Nord avec le Canada, bien sûr. Nos créateurs ont des histoires et des cultures différentes, d’autres visions du monde, qui peuvent se retrouver au cinéma. Les spectateurs sont aussi en quête d’autres choses que les blockbusters américains ou asiatiques.

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: une société luxembourgeoise productrice majoritaire d’un film réalisé par un cinéaste palestinien et israélien, c’est un vrai appel à la diversité, et on est extrêmement fiers de le présenter aux Oscars.

Quelles sont les opportunités qui attirent aujourd’hui les coproducteurs vers l’industrie luxembourgeoise?
Il y a une trentaine d’années on essayait d’attirer des productions à venir faire des dépenses au Luxembourg pour profiter d’un régime fiscal très avantageux. Mais depuis 5 ans, on ne dispose plus de ce régime fiscal automatique, qui a été transformé en une aide sélective de type avance sur recettes. Le but n’est donc pas de trouver des projets qui dépensent au Luxembourg, mais des projets plus structurants qui nous permettent de développer notre industrie et son savoir-faire à l’international. Ce que l’on cherche à mettre en avant, c’est la multiculturalité des tournages, la qualité de nos producteurs.

Je pense qu’on a rattrapé le retard qu’on pouvait avoir il y a 30 ans quand on a commencé à développer le secteur. Sachant que nous n’avons pas de télévision nationale qui investisse dans la production, nous nous sommes concentrés sur les coproductions internationales pour pouvoir créer à partir d’ici. Nos studios de tournage et de post-production sont très réputés, et la qualité de nos producteurs a fait un substantiel bond en avant depuis! Ils connaissent bien les arcanes des différents pays coproducteurs.

On a également acquis une véritable expertise en matière de cinéma d’animation, que ce soit à destination de la jeunesse ou des adultes. Quand je passe en revue les différentes nominations aux Oscars ces dernières années il y a de quoi être fiers. Nous sommes aussi très actifs en matière de réalité virtuelle. On s’est lancés dans les nouvelles technologies il y a quelques années en développant des oeuvres transmedias ou pluridisciplinaires, et maintenant je crois que l’on peut dire que l’on excelle en la matière en matière de réalité virtuelle, nos producteurs reçoivent de nombreux prix. Nos sociétés se spécialisent, certaines sont même très pointues.

Quels sont les plus grands enjeux pour les 5 prochaines années?
On ne doit surtout pas se reposer sur nos lauriers, en se disant qu’on a bien travaillé pendant 30 ans, qu’on a acquis une certaine reconnaissance à l’international. Nous avons deux principaux défis.

Premièrement, continuer à promouvoir le Luxembourg partout où se présentent des opportunités. Par exemple, nous sommes en train de consolider nos liens avec le Québec et le Canada, en signant des accords de collaboration, et en encourageant les producteurs canadiens à se tourner vers nous de façon proactive, notamment maintenant qu’ils sont membres d’Eurimages, et cherchent des partenaires européens.

Deuxièmement, on ne doit pas oublier les évolutions technologiques. La réalité virtuelle ou augmentée, ces expériences immersives ne me semblent pas être une fin en soi, mais plutôt une opportunité, un chemin pour aller quelque part. Je ne sais pas encore où, mais si on ne reste pas attentifs, et même proactifs, on ne sera pas prêts le moment venu. Le Film Fund doit montrer le chemin, donner la possibilité à nos sociétés de se diversifier, et de ne pas rater le train digital.

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