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TORONTO 2019 Discovery

Zeresenay Berhane Mehari • Réalisateur de Sweetness in the Belly

"Mes frères et soeurs et moi avons dû réfléchir à ce que signifient le 'chez soi' et la communauté"

par 

- Cineuropa a interrogé Zeresenay Berhane Mehari sur différents aspects de Sweetness in the Belly, son adaptation du livre de Camilla Gibb

Zeresenay Berhane Mehari • Réalisateur de Sweetness in the Belly

Zeresenay Berhane Mehari est un réalisateur éthiopien de naissance dont le premier long-métrage, Difret, sur le mariage forcé, a remporté des prix du public à Sundance et Berlin. Son deuxième film, Sweetness in the Belly [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Zeresenay Berhane Mehari
fiche film
]
, projeté dans la section Discovery du Festival de Toronto, est une adaptation du livre du même nom de Camilla Gibb, sur une jeune Britannique abandonnée au Maroc quand elle était enfant qui a déménagé en Éthiopie dans les années 1970. Évincée du pays, elle a ensuite cherché refuge en Grande-Bretagne, où elle aide des Éthiopiens à se réunir avec leur famille.

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Cineuropa : Quand avez-vous entendu parler du livre pour la première fois ?
Zeresenay Berhane Mehari : À vrai dire, j’ai d’abord entendu parler du scénario. J’étais au Festival de Berlin avec Difret et je voyais la presse pour parler de ce film. Un producteur qui venait de le voir est venu vers moi et m’a dit : "J’ai ce scénario incroyable que vous devriez lire". Je me suis mis à lire le scénario entre deux interviews. Je l’ai trouvé formidable. Il rendait compte de tout ce que je ressentais en tant qu’immigré éthiopien en Amérique.

Le livre comme le film se passent au sein d'une communauté d’immigrés au Royaume-Uni. Est-ce que les expériences dépeintes dans le film sont universelles ?
Je les ai trouvées vraiment, vraiment proches de mon expérience. Je fais partie d’une famille de sept enfants, dont six ont migré vers différents endroits du monde. Je me suis retrouvé tout seul en Amérique, mon frère et ma sœur en Hollande, un autre frère en Suède, et nous essayions tous de nous faire une vie comme nous pouvions dans un endroit qui nous était étranger. Nous avons tous tous dû réfléchir à ce que signifient le ‘chez soi’ et la communauté, ainsi qu'à sur la manière dont on peut construire une communauté. C’était au centre des choses pour moi.

Sweetness in the Belly aborde avec une richesse de détails fascinante la chute de Haile Selassie en 1974 et la dictature militaire qui a suivi. Est-ce que c’était aussi un attrait du scénario pour vous ?
Le premier. Le fait que c’était un récit éthiopien, que l’Éthiopie est au centre de cette histoire et que je suis un réalisateur éthiopien qui a la possibilité de raconter des histoires sur l’Éthiopie, notre histoire et notre culture, était très important. Deuxièmement, c’est l’histoire de mes tantes et oncles. Ma famille a été déchirée pendant cette période. Je suis né deux ans après la révolution, mais j’ai grandi dans cette dictature militaire. On ne pouvait pas y échapper. Et puis j'ai aimé les personnages, et la manière dont la cohabitation des Éthiopiens musulmans et des Éthiopiens chrétiens était décrite. Nous le tenons pour un acquis, parce que je pense que nous avons une des meilleurs communautés du monde, dans ce sens là : les communautés musulmane et chrétienne vivent ensemble et se marient entre elles.

Avant la première du film à Toronto, il a été accusé de blanchir une histoire sur l'Afrique noire parce que Dakota Fanning a été perçue, à tort, comme jouant le rôle d’une Éthiopienne blanche. Comment avez-vous pris ces critiques ?
C’est bien dommage que les gens ait pensé au film de cette manière. Ce genre de choses arrive tout le temps, c'est vrai : c'est arrivé récemment dans le cas d'un récit éthiopien tourné par des réalisateurs Israéliens, mais ce n’est pas le cas ici. Le livre parle d'une jeune fille britannique qui a grandi au Maroc puis qui est allée vivre en Éthiopie avant de devenir une "personne déplacée" en Angleterre. Nous n’avons pas utilisé une actrice blanche pour raconter une histoire africaine. Ce personnage fait partie de l'histoire : elle est allée en Éthiopie et nous avons suivi l’histoire du livre. Elle n’est pas un support pour quelque chose d'autre : elle n’a pas emprunté l’histoire de quelqu’un d’autre.

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(Traduit de l'anglais)

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