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VENISE 2019 Hors-compétition

Giuseppe Capotondi • Réalisateur de The Burnt Orange Heresy

"Je voulais que mon film ait une touche hitchcockienne"

par 

- VENISE 2019 : Nous avons interrogé Giuseppe Capotondi, l'auteur du film de clôture de la Mostra cette année, The Burnt Orange Heresy, avec Elizabeth Debicki, Claes Bang et… Mick Jagger

Giuseppe Capotondi • Réalisateur de The Burnt Orange Heresy
(© La Biennale di Venezia/ASAC)

Dans The Burnt Orange Heresy [+lire aussi :
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, adaptation du roman éponyme de Charles Willedorf présentée en clôture de la Mostra de Venise, un critique d’art assoiffé de succès et de reconnaissance (Claes Bang) se voit offrir la chance de sa vie par un richissime collectionneur d’œuvres d’art (Mick Jagger), qui accueille alors Jerome Debney, l’un des artistes les plus insaisissables au monde. Cette aubaine aura toutefois un prix, et il sera salé, également pour ceux qui le suivront dans cette aventure. Nous nous sommes entretenus avec le réalisateur, Giuseppe Capotondi.

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Cineuropa : L’histoire du roman de Willeford paru en 1971 se déroule à Palm Beach, mais vous avez décidé de la déplacer en Italie. Pourquoi ?
Giuseppe Capotondi : En fait, j’ai lu le scénario avant de lire le roman. Les deux lieux sont assez différents, oui, mais je me suis dit que cela pourrait être une bonne idée de tourner en Italie, parce que, bien évidemment, je connais l’endroit. Ce n’était pas pour des raisons de confort, mais parce que j’ai toujours eu envie de filmer sur le Lac de Côme, et je pense que ce lieu donne une touche plus hitchcockienne au film. C’est aussi le résultat que je recherchais, avec ces personnages au look évoquant les stars de cinéma des années 1950 ; Elizabeth Debicki doit nous rappeler Grace Kelly et Claes Cary Grant. Je me suis dit que ce genre d’environnement serait parfait pour une telle atmosphère. De plus, George Clooney a une villa juste à côté du lieu de tournage ! J’ai souhaité donner à Berenice (Debicki) le rôle d’un personnage à forte personnalité, alors que dans le roman, elle fait plus figure de victime. Bien évidemment, j'ai également vu The Square [+lire aussi :
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, où Claes est tout simplement brillant. Nous avons discuté sur Skype, et je lui ai demandé s’il voulait réellement incarner une nouvelle fois un personnage du monde de l’art [rires].

Expliquez-nous maintenant comment Mick Jagger s’est lui aussi retrouvé dans le film !
C’est une jolie apparition. Nous recherchions quelqu’un avec, encore une fois, une forte personnalité. Nous avions appris par des amis communs que Mick serait peut-être intéressé par un dernier rôle. Honnêtement, j’étais un peu effrayé de travailler avec la plus grande star de rock mondiale. Ce ne sont pas ses compétences qui m’effrayaient, mais sa renommée. Mais quand il est arrivé sur le plateau, il était juste comme tout le monde : un acteur. Il avait du temps libre, même s’il a cette autre carrière qu’il veut à tout prix poursuivre. Il incarne, en fait, le diable dans ce conte faustien. Un conte faustien dans le style d’un film noir.

C’est toujours très drôle de voir des films sur ces satanés critiques, tout au moins de notre point de vue. Quel est votre avis sur ces gens qui analysent votre travail ?
C’est une question piège ?! Comment puis-je y répondre avec tous ces critiques autour ?! Mais, bien sûr, lorsque vous réalisez un film ou une peinture, vous redoutez toujours de ce qui va arriver à votre "bébé". En le projetant sous les yeux du monde, vous l’exposez aussi aux critiques. Ce film traite en grande partie de la vérité – et des mensonges. Et aussi de ce qui se produit lorsque nous fabriquons des mensonges et les transformons en fausses vérités. C’est quelque chose que nous voyons tous les jours, essentiellement en politique. À ce sujet, j’ajoute que nous n’avons pas tenté de faire une satire du monde de l’art ; nous avons essentiellement voulu montrer jusqu’où nous sommes prêts à aller pour remporter du succès ou devenir célèbres. Je dirais, en fait, que le film traite en grande partie de l’ambition.

C’est très révélateur qu’avec tous ces mensonges, lorsque Berenice dit la vérité, de toute façon personne ne la croit.
C’est le “syndrome de Cassandre”, vous dîtes la vérité, mais personne ne vous croit. Elle est la seule personne honnête dans l’histoire. Elle ne porte qu’un seul masque, et lorsqu’elle l’enlève… Nous l'avons rendue mystérieuse et louche pour coller au genre, mais en fin de compte, vous comprenez pourquoi elle a agi ainsi. Elle ne jouait qu’un rôle – un rôle qu’elle ne pouvait incarner plus longtemps. Elle est jetée là, en eau trouble, avec tous ces requins autour.

Vous intéressez-vous vous-même à l’art ?
Je collectionne des photos, mais je suis également fasciné par ce que l’art représente réellement aujourd’hui et par les changements survenus dans ce milieu, surtout dès qu’il y a de l’argent en jeu. Vous savez, je n’avais réalisé que deux films avant celui-ci. J’ai réalisé dans le passé peut-être 200 clips, mais ensuite le marché a évolué. De plus, ces clips sont censés être réalisés par des jeunes pour des jeunes, et je ne suis plus jeune. On aspire toujours à faire plus grand et mieux, mais je serais parfaitement comblé de faire ce que je fais actuellement jusqu’à la fin de mes jours : des petits films avec des gens formidables.

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(Traduit de l'anglais par Delphine Tomlins)

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