email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

Adolf El Assal • Réalisateur de Sawah

"Je suis chanceux de pouvoir raconter des situations drôles à partir de mes expériences personnelles et de montrer une autre facette du Luxembourg"

par 

- Le réalisateur luxembourgeois d'origine égyptienne Adolf El Assal nous parle de son dernier film Sawah, son parcours, de ses influences et de ses projets

Adolf El Assal • Réalisateur de Sawah
(© Ted Kayumba)

Cineuropa a rencontré le cinéaste luxembourgeois Adolf El Assal, qui vient de signer Sawah [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Adolf El Assal
fiche film
]
, une comédie empreinte de son histoire personnelle, premier volet d'une trilogie semi-autobiographique.

Cineuropa : Les Gars [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, votre premier long-métrage officiel (faisant suite à deux titres autoproduits), vous a révélé au grand public luxembourgeois en 2012. Mais vous avez souhaité étendre cette sortie nationale en travaillant avec Dailymotion. Pouvez-vous nous parler de cette initiative?
Adolf El Assal
: Avec ce film, mon but était de me faire un nom localement mais aussi de sortir de nos frontières, ce qui n’était pas chose facile. J’espérais que cette comédie, munie d'un casting intéressant (dont le rappeur et comédien Orelsan), me permettrait de rejoindre un plus large public francophone, mais je n’ai pas eu d’offres assez intéressantes de la part de distributeurs français ou belges. C’est pour cela que j’ai décidé de rompre mon contrat avec mon agent de vente canadien et de prendre les choses en main. Je me suis dit que je pouvais distribuer le film moi-même en France en utilisant les nouvelles technologies facilement disponibles sur internet. À l’époque la VoD n’était pas assez établie et l’impact n’était pas aussi grand qu'aujourd'hui. En France, les journalistes me prenaient pour un kamikaze...

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

La comédie semble être votre genre de prédilection...
C'est le genre le plus difficile à maitriser. D'ailleurs, on dit souvent que les comédies ne voyagent pas et qu'il est compliqué de faire rire un public en dehors de ses frontières. Or, c'est justement ce défi qui me motive, et je tente de trouver ma voix. En étant un enfant de la génération X ayant grandi au Luxembourg, mes influences sont très diverses, venant du monde anglophone, francophone, germanophone et arabe. C’est pour cela que je me crois capable de m'adapter. Je suis chanceux de pouvoir raconter des situations drôles à partir de mes expériences personnelles et de montrer une autre facette du Luxembourg. 

En quoi le sujet de Sawah, votre dernier film, fait écho à votre parcours?
Dans Sawah, j'ai voulu raconter comment j’ai atterri par “erreur” au Luxembourg avec mes parents. Quand j’avais 6-7 ans, mes parents qui habitaient à l’époque aux Émirats Arabes Unis, faisaient un voyage pendant les vacances d’été en Europe et une de leur destination était Bruxelles. Leur train s’est alors arrêté à Luxembourg-Ville et ils étaient persuadés que c’était leur destination finale. Ils sont descendus. C'est donc par un total hasard qu'ils ont découvert un petit pays dont nous n'avions jamais entendu parler! C'est devenu notre nouvelle maison. Et c'est exactement ce qui arrive au personnage de Samir dans Sawah. De plus, on retrouve dans le film près de 80% de situations que j’ai vécu personnellement en grandissant au Grand-Duché. J’étais moi-même DJ et j’ai eu des soucis similaires avec mes papiers. J'ai aussi connu des situations très burlesques avec des gens du voyage. Au final, ce qui me tient à cœur, c’est mon amour pour ma "terre d’accueil", le Luxembourg. 

Vous avez fondé en 2015 votre propre société de production, Wady Films, basée au Luxembourg. Vous déclarez d'ailleurs souhaiter vous concentrer sur les sujets à portée sociale, et donner une voix aux personnages sous-représentés dans le cinéma contemporain. Pouvez-vous nous en parler?
Notre but avec Wady Films est de produire des films de tous genre avec des histoires et des cinéastes qui viennent de pays sous-représentés dans le cinéma actuel. Avec mes associés qui sont également issus de l’immigration, nous cherchons des sujets qui puissent nous toucher et dans lesquels on se retrouve. C’est pour cela que nous essayons d’avoir une ligne éditoriale assez précise qui consiste à produire des œuvres avec une résonance internationale pouvant s’exporter. On vient par exemple de co-produire My Grandpa is an Alien [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Marina Andree Škop et Draž…
fiche film
]
, un film fantastique familial monté majoritairement en association avec des pays de l’est, ce qui est une sorte de première pour le Luxembourg. Un autre projet est un documentaire réalisé par un cinéaste issu de l’île Maurice sur le groupe ethnique des Chagossiens. 

Quels sont vos prochains projets? Quelle importance accordez-vous à la coproduction, notamment au sein de l'espace francophone?
Je suis actuellement en pleine écriture avec mon co-scénariste canadien Dennis Foon de mon nouveau long-métrage Hooped, pour lequel le Film Fund Luxembourg vient de m’accorder une aide à l’écriture. Ce sera une co-production entre le Luxembourg, le Canada et l’Égypte. Mon but est de faire une trilogie en trois parties portant sur mon vécu en tant qu’Égyptien ayant grandi au Luxembourg. Sawah racontait comment je suis arrivé au Grand-Duché et ma passion pour la musique. Hooped sera l'histoire d'un jeune issu de l’immigration qui cherche le rêve américain. Et pour clôturer ma trilogie, je veux raconter l’histoire qui me tient le plus à cœur... Mais pour en savoir plus, il faudra attendre un peu. Par ailleurs, la coproduction m'apparaît fondamentale surtout au niveau européen et/ou francophone. Au Luxembourg, nous avons beaucoup de chance de pouvoir compter sur le soutien du Film Fund, mais évidemment, la collaboration avec des pays étrangers ouvre une panoplie de nouvelles perspectives.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Lire aussi

Privacy Policy