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Isabelle Truc • Productrice, Iota Production

"C’est une richesse artistique, de pouvoir se déployer aussi bien sur de petits films d’auteur que sur des grosses coproductions européennes"

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- La productrice Isabelle Truc (Iota Production) nous parle de son parcours, de la situation aujourd’hui en Belgique francophone, de ses succès récents, et de ses projets

Isabelle Truc • Productrice, Iota Production

Rencontre avec la productrice Isabelle Truc, fondatrice de Iota Production, récemment auréolée par le succès de Nos batailles [+lire aussi :
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de Guillaume Senez, sélectionné à Cannes, primé 5 fois aux Magritte du cinéma belge, et deux fois nommés aux César. Fidèle partenaire du réalisateur dont elle a produit le premier court métrage, la productrice se distingue par sa volonté réaffirmée de produire aussi bien des courts que des longs, des fictions que des documentaires. Elle revient pour nous sur son parcours, les évolutions du secteur depuis la création de Iota il y a presque 20 ans, et ses projets à venir.

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Cineuropa : Vous venez de remporter 5 Magritte pour Nos batailles, qu’est-ce que cela représente ?
Isabelle Truc :
C’est un formidable encouragement, et cela améliore notre renommée internationale. Une sorte de validation du parcours bienvenue, d’autant que l’on a plein de projets très excitants qui arrivent.

Quels sont vos projets justement ?
Le premier long métrage de Vero Cratzborn, La Fôret de mon père [+lire aussi :
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, avec Ludivine Sagnier, Alban Lenoir et Léonie Souchaud est en montage. On développe C’est de famille d’Elodie Lelu, pour lequel on a un beau casting composé d’Hélène Vincent, Fantine Harduin et Bouli Lanners. On travaille également sur l’écriture du premier long métrage d’Elisabeth Llado, et du troisième de Vanja d’Alcantara (Beyond the Steppes, Le Coeur régulier [+lire aussi :
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) qui rejoint donc Iota. Enfin on prépare le prochain documentaire de Jérôme le Maire (Le Thé ou l’électricité, Burning Out [+lire aussi :
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), qui s’annonce magnifique, avec Olivier Boonjing à la lumière. Un vrai documentaire de cinéma. 

Vous produisez aussi bien des fictions que des documentaires. Diversifier les projets et les formats, c’est un moyen de pérenniser la société ?
Dans mon cas, c’était plus instinctif que stratégique, mais c’est vrai dans la pratique que cet équilibrage très fragile permet de tenir le coup. C’est aussi une richesse artistique, de pouvoir se déployer aussi bien sur de petits films d’auteur que sur des documentaires au long cours, ou des grosses coproductions européennes d’animation comme Le Chant de la mer [+lire aussi :
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Qu’est-ce qui a changé en 20 ans, depuis la création de Iota ?
Tout ! J’ai l’impression de travailler dans les nouvelles technologies ! Tous les 10 ans, on doit profondément se réinventer. Entre les nouveaux médias, les petites caméras accessibles à tous… Il ne faut pas avoir peur de se remettre en question sinon on ne tient pas le coup.

Quels sont les obstacles rencontrés aujourd’hui pour produire des films en Belgique ?
On a trop peu de moyens pour les films majoritaires belges, même si ce n’est pas nouveau. Or, l’exigence de qualité est maximale, et mondialisée, c’est donc difficile de faire face. Du coup, tout est plus lent, les délais pour monter un film s’allongent, ce qui peut fragiliser les structures. C’est paradoxal, car on a le Tax Shelter en Belgique, mais il n’est pas nécessairement favorable aux films belges. Cela fait longtemps qu’on le dit, mais il faudrait vraiment un changement de loi pour qu’il bénéficie plus à nos auteurs. Les fonds régionaux ont également changé la donne, on connaît quasiment le plein emploi dans le secteur de l’audiovisuel, ce qui permet à nos techniciens d’acquérir une expérience qui ne fait qu’augmenter la qualité de leur travail. Mais là aussi, les films d’initiative belges ne sont pas assez mis en avant, alors qu’ils sont les joyaux d’une région. C’est surprenant que l’on n’ait eu ni Wallimage, ni screen.brussels pour Nos batailles. Heureusement, j’ai l’impression que les choses sont en train de changer… On reste certes très compétitifs, mais on doit rester attentifs, car la concurrence vient de partout, elle aussi se globalise. 

Et quelles sont les opportunités ?
Notre vivier de talents est extraordinaire. Il n’y a pas de tabous créatifs, la transgression est là tout le temps, on a d’excellentes écoles. On est aussi moins cloisonnés, notamment entre documentaire et fiction, cela donne une certaine élasticité aux techniciens, prestataires, auteurs, l’art de savoir rebondir, et un vrai savoir-faire. C’est très stimulant.

Comment définiriez-vous votre métier de productrice aujourd’hui ?
J’ai toujours vu mon métier comme un accompagnement au long cours, même si parfois certaines collaborations s’éteignent. Il y a 15 ans, on était vraiment dans la fabrication. On a connu un élargissement du spectre, maintenant on doit être là vraiment très amont, et anticiper l’aval et la diffusion. Je réapprends à chaque film, de toutes façons c’est une industrie de prototypes. Si je devais donner un conseil à de jeunes producteurs et productrices, c’est soyez fous, soyez passionnés !

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